Le Figaro littéraire s’est récemment fait écho à la polémique qui oppose le maire UMP de la Garenne-Colombes, Philippe Juvin à son opposition Modem. Philippe Juvin a eu l’excellente idée de donner le nom d’un romancier et critique trop méconnu, Kléber Haedens, au nouveau Collège de sa commune, un vœu approuvé par le conseil général des Hauts-de-Seine.
Prix Interallié 1966 pour son roman L’été finit sous les tilleuls, Grand prix du roman de l’Académie française 1974 pour Adios, Kléber Haedens (mort en 1976) proche des Hussards de la littérature (Roger Nimier, Michel Déon, Jacques Laurent et Antoine Blondin) est accusé par le Modem local d’avoir été de sensibilité politique royaliste, ce qui serait incompatible avec un établissement d’enseignement républicain.
Fichtre, faut-il envisager de débaptiser les nombreux collèges Balzac ou Châteaubriand ? Exclure Michel Déon et Jean Dutourd de l’Académie française ? Fermer le lycée Thierry-Maulnier de Nice ?
Les rieurs et les amateurs de littérature auront vite fait un sort à ces récriminations bassement politiciennes. De même que le stalinisme d’Aragon n’en fait pas un mauvais écrivain, le maurrassisme d’Haedens ne remet pas en cause ses qualités de romancier. La première pierre du collège devrait être posée par Jean d’Ormesson qui a depuis longtemps Une Histoire de la littérature française de Kléber Haedens comme livre de chevet.
Dans le même registre, si une voie parisienne portera bientôt le nom de Soljenitsyne à la demande l’opposition municipale, il s’est trouvé des conseillers de Paris communistes, chevènementistes et socialistes pour refuser cet hommage posthume au grand écrivain russe. Comme on le voit, l’époque des invectives de Sartre n’est pas si éloignée, et la défense de l’intelligence contre la bêtise reste un combat.
… et pourquoi pas une avenue Papon ?
Pour certains il a très bien géré la couverture des ratonnades effectuées par ses sbires au début des années 60.
On peut admirer un écrivain, un cinéaste, un musicien, sans pour autant le « glorifier » en baptisant une rue, une école à son nom.
Effectivement, la défense de l’intelligence contre la bêtise reste un combat; le problème c’est que l’intelligence des uns est parfois de la bêtise pour les autres.
Cher Monsieur, attaquez-vous donc, pour être cohérent, aux avenues et places Charles De Gaulle, monsieur responsable de l’abandon milliers de femmes et d’hommes ayant soutenu la France en Algérie, et qui pour beaucoup d’entre eux ont préféré choisir la valise plutôt que le cercueil. N’est-ce pas le même homme qui a parlé de « Colombey les Deux Mosquées » ? C’est bien du racisme ?
Attaquez-vous aussi aux rues Thiers, le boucher de la commune.
Attaquez-vous aux avenues Karl Marx, Lénine, Robespierre, qui sont en nombre dans les zones urbaines autour de Paris.
N’oublions pas de bien supprimer également toute mention à Louis Aragon ! Il a bien soutenu l’URSS !
Sans doute est-il pus facile de souffler dans le sens du vent ou d’enfoncer des portes ouvertes… Quant à parler de l’intelligence…. Bref.
Le Conseil général 92 vient de dépaptiser ce collège et lui a donné le nom de Champs-Philippe.
Si un nom ne vous plait pas (Thiers,Robespierr ou Mittérand, vous vous mobilisez et si c’est fondé, vous gagnez.
Tous idiots au Conseil général qui ont retiré ce nom ou ce nom était-il idiot ? That is THE question.