La mère des Arts des Armes et des Lois serait-elle sur le point d’être reléguée au rang de ces vieilles nations dont la civilisation, pourtant brillante, s’est rapidement effondrée sous les coups de destructeurs qui parvinrent à en corrompre le sens en introduisant dans toutes les veines de la société le poison d’une vénalité toujours plus grande et jamais assouvie ?
Quelques mois avant l’apparition de la crise dont les médias nous entretiennent quotidiennement, Jean Roux s’est employé à peindre une chronique de la dilapidation et de la dépossession du patrimoine public des Français dans son ouvrage paru aux Éditions François-Xavier de Guibert : La Grande braderie du patrimoine public des Français, une OPA sur la France.
Le bilan apparaît si accablant que le lecteur peine à achever la lecture des faits qui constituent la première partie de l’ouvrage. On voudrait trouver quelque part, dans ce récit, un petit havre pour respirer, reprendre courage. Mais la démonstration de ce commissaire aux comptes est implacable. La chute se montre inexorable même si la seconde partie du livre semble apporter quelques remèdes. L’impuissance de nos structures, l’incapacité des gouvernants sont désormais des maux incurables.
Dans le même instant, Emmanuel Pierrat et Jean-Marie de Silguy, (pseudonyme adopté par un haut fonctionnaire travaillant dans un grand musée) brossent une enquête accablante sur le pillage de nos musées dans un livre Museum Connection, publié aux éditions First.
Les institutions culturelles de la douce France sont malades et se caractérisent par d’innombrables « ratés » dont les auteurs nous donnent un écho malheureusement non exhaustif. Négligences, gabegie, vols ont engendré une considérable déperdition d’un patrimoine, constitué par la multitude des générations précédentes, héritage que nous avons cru « nôtre » et dont nous ne sommes que les peu scrupuleux dépositaires !
Pourtant, cette année encore les fameuses Journées du Patrimoine ont connu une affluence record.
Pourtant, combien d’acteurs de la vie économique, artisans, petites ou moyennes entreprises, se montrent pleins d’enthousiasme et pleins de ressources, aiment avec passion leurs activités, leurs métiers.
Pourtant encore, lorsqu’on prend le temps de donner aux jeunes générations les premières bases solides d’une éducation dispensant les principes nécessaires à toute vie d’adulte, pédagogues, éducateurs, professeurs sont écoutés par des oreilles la plupart du temps attentives. On pourrait ici multiplier les exemples !
Alors qu’est ce qui grippe ? Où se trouve l’erreur ?
Les deux ouvrages, en filigrane, suggèrent une réponse identique, celle d’une perte du sens des valeurs occidentales héritées des mondes gréco-romain et judéo-chrétien.
Une société de surconsommation et de profit ne comble pas, à l’évidence, les attentes de l’humanité de quelque siècle que ce soit. Ces appétits boulimiques provoquent d’innombrables indigestions et favorisent l’errance des intelligences dans d’artificiels paradis ou les filets de noires turpitudes.
Aussi, pourquoi, faudrait-il chercher à établir de nouveaux critères à réinventer chaque matin ?
L’affirmation des valeurs intemporelles et civilisatrices sur lesquelles repose la société occidentale, ne suffirait-elle pas tout d’abord à une prise de conscience préalable des peuples et de leurs édiles pouvant conduire au seul redressement qui puisse défier le temps en mettant un frein à de scandaleux appétits ou de coupables négligences qui ont et seront de tous les temps ? Qui fait l’ange, fait la bête affirmait déjà Pascal !
Mais que le lecteur se dépêche de comprendre ! À ce train, dans une ou deux décennies, des voix se feront entendre pour demander : « Qui c’est ? » !
Jean Roux, La Grande braderie du Patrimoine public des Français, une OPA géante sur la France, Éditions François-Xavier de Guibert
Emmanuel Pierrat et Jean-Marie de Silguy, Museum connection, enquête sur le pillage de nos musées, Éditions First
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