Aldo Ciccolini à Paris salle Pleyel

Faisons un rêve…

« Il y a quelque temps, à huit heures du soir, les salons de Monsieur Pleyel étaient splendidement éclairés : de nombreux équipages amenaient incessamment, au bas d’un escalier couvert de tapis et parfumé de fleurs, les femmes les plus élégantes, les jeunes gens les plus à la mode, les artistes les plus célèbres (…) Un grand piano à queue était ouvert sur une estrade ; on se pressait autour ; on ambitionnait les places les plus voisines ; à l’avance, on prêtait l’oreille, on se recueillait, on se disait qu’il ne fallait pas perdre un accord, une note, une intention, une pensée de celui qui allait venir s’asseoir là. Et l’on avait raison d’être aussi avide, attentif, religieusement ému, car celui que l’on attendait, que l’on voulait voir, entendre, admirer, applaudir, ce n’était pas seulement un virtuose habile, un pianiste expert dans l’art de faire des notes ; ce n’était pas seulement un artiste de grand renom, c’était tout cela et plus que tout cela, c’était Ciccolini ».

En remplacant Ciccolini par Chopin, vous aurez lu la plume de Franz Liszt publiée au Printemps 1841 dans la Gazette Musicale et la critique de concert qu’il fit du récital de Frédéric Chopin. C’est véritablement ce que nous pourrions encore dire et écrire de ce qui s’est passé tout récemment à la salle Pleyel. En effet, lundi 20 octobre 2008, à 20 heures, la salle Pleyel eut l’excellente idée de recevoir l’Orchestre Philharmonique du Luxembourg dirigé par Emmanuel Krivine et son soliste invité : Aldo Ciccolini.

Maître parmi les Maîtres, l’héritier et l’un des plus grands défenseurs du répertoire français formé par Alfred Cortot, lauréat du Concours Long-Thibaud en 1949, avait rendez-vous avec le public parisien. La salle était comble et attendait avec impatience l’entrée en scène de cette âme entièrement dévouée à la musique.

Quelle magie, quelle expressivité, quelle modestie devant l’œuvre de Saint-Saens. Le concerto pour piano et orchestre n°5 en fa majeur opus 103 dit « Egyptien » emplissait l’espace de couleurs et de sons, des plus subtils aux plus véloces, en des gammes aussi insensées que vertigineuses.

Eblouis et transcendés, Aldo Ciccolini, Emmanuel Krivine, l’Orchestre Philharmonique du Luxembourg et Saint-Saens lui-même, tant il avait été incarné, saluèrent le public sous un tonnerre d’applaudissements et de « bravos ». Aldo Ciccolini gratifia l’assistance de trois bis dont une partition inédite fidèle à ses secrets de répertoire (une valse de Schubert transcrite pour le piano par Richard Strauss).

Quel bonheur de constater que le concert est encore un lieu unique pour aller au devant de moments musicaux d’exception.

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