Benjamin Button : l’existence à rebours selon David Fincher

Cinéma

David Fincher/Brad Pitt : troisième ! Forts de deux succès Seven et Fight Club, le tandem s’est à nouveau retrouvé afin de nous proposer cette Etrange Histoire de Benjamin Button, film-fleuve charnière dans la carrière du réalisateur, plus habitué d’ordinaire aux intrigues policières et autres thrillers plutôt qu’à ce type de d’exercice périlleux tentant d’unir à la fois émotivité et reflexion métaphysique.

« La vie serait bien plus heureuse si nous naissions à quatre-vingt ans et que nous avancions graduellemnt vers nos dix-huit ans », affirmait déjà l’auteur Mark Twain. L’ idée originale de vivre à l’encontre des lois temporelles, mise en mots en 1921 par Francis Scott Fitzgerald dans sa courte nouvelle The Curious Case Of Benjamin Button, apparaît comme le point de départ du film. Cependant, bien loin de ne présenter qu’une adaptation pure et simple, le metteur en scène  a réussi le pari de créer une fiction à part entière s’étalant sur presque un siècle, de la naissance du petit Benjamin par une chaude nuit de 1918 à la Nouvelle Orléans jusqu’au décès à l’hôpital de nos jours de la femme de sa vie. Histoire dans l’Histoire, aventure intérieure et humaine soutenue par des effets visuels pertinents ( notamment le système « contour » qui a permis ce rendu plus vrai que nature des marques du temps sur les visages) et par des acteurs élégants et charismatiques ( mention spéciale pour la magnifique Cate Blanchett), ce nouveau David Fincher s’inscrit définitivement dans la lignée de grands classiques hollywoodiens, permettant au spectateur dans un même élan de rêver et de se pencher sur des thématiques qui nous touchent tous : l’amour, le poids de la vieillesse, l’angoisse de la mort…

Dès lors, une telle production filmique ne pouvait passer inaperçue. Unanimement applaudie par la critique, plébiscitée par le public, triplement oscarisée (pour treize nominations), cette existence a priori extraordinaire, se révèle être en fin de compte le cheminement personnel d’un individu définitivement normal. Ou comment du particulier l’on touche à l’universel.
Guillaume Blacherois

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