De Courbet à Picasso

/><b><span/Tout a commencé par un concert de Cécilia Bartoli à la Fondation Pierre Gianadda de Martigny. Là, un des plus grands musées du monde a accepté de prêter cinquante-cinq tableaux de sa collection permanente, que Leonard Gianadda est allé choisir lui-même dans les galeries du musée.

Après le concert donné par la mezzo-soprano, Irina Antonova, directrice du musée Pouchkine de Moscou est venu trouver Leonard Gianadda pour se plaindre auprès de lui que Cécilia Bartoli refusait de venir chanter à Moscou. Qu’à cela ne tienne, le grand Leonard qui ne recule devant rien a immédiatement proposé à Irina Antonova qu’elle lui prête des toiles du musée national pour qu’il organise une exposition à Martigny, en échange de quoi, il s’engageait à ce que Cécilia Bartoli vienne donner un concert au musée Pouchkine.

Et c’est ainsi qu’un des plus grands musées du monde a accepté de prêter cinquante-cinq tableaux de sa collection permanente, que Leonard Gianadda est allé choisir lui-même dans les galeries du musée, pour une exposition qui offre un aperçu des plus importants mouvements picturaux de la deuxième moitié du XIXe au début du XXe siècle.

De Corot au cubisme

En réalité l’exposition, dont presque la totalité des toiles présentées sont des œuvres de peintres français, ce qui donne une idée de la richesse du patrimoine du musée Pouchkine, ouvre sur trois tableaux de Corot dont Le bain de Diane, dont le lyrisme du sujet et la perfection du dessin rappellent à la fois Ingres et les romantiques.

Courbet ne vient qu’après, dans la chronologie, ouvrant avec son réalisme, la porte à la modernité picturale et les toiles qui sont présentées à Martigny datent de sa période suisse au cours de laquelle il peignit notamment le Chalet dans la montagne.

Quelques tableaux plus académiques poursuivent le parcours et nous arrivons à Manet dont le Portrait d’Antonin Proust, oncle du très célèbre auteur des Jeunes filles en fleurs pose les premières bases de l’impressionnisme qui s’imposera avec Degas, Monet, Renoir, Sisley, Pissarro, Forain, tous représentés par une ou plusieurs toiles dont certaines témoignent avec plus de vigueur que d’autres de l’intensité de la palette impressionniste. Ainsi le Matin d’automne à Eragny de Camille Pissarro semble un peu faible à côté du Jardin d’Hoschedé. Montgeron d’Alfred Sisley, qui est indéniablement un des artistes les plus talentueux de cette période.

Les œuvres dialoguent

En histoire de l’art, le temps n’est pas linéaire. Il serait plutôt comme une spirale dont chaque cercle nouveau ferait écho au précédent en s’en inspirant et s’en éloignant dans le même temps pour offrir un éclairage différent sur le questionnement éternel de l’art qui est l’appréhension du monde.

C’est ainsi que grâce à l’espace circulaire qu’offre la Fondation Gianadda, aux trois tableaux de Cézanne font vis-à-vis les deux toiles de Picasso et celle de Braque qui datent de leur période cubiste d’inspiration cézanienne. Car Cézanne a fortement influencé les peintres cubistes et son Pont sur l’étang peint dans les années 1890 avec cette technique de mosaïques de plaques de couleurs apparaît comme un pont entre l’impressionnisme poussé jusqu’à sa dernière extrémité et le cubisme que l’on pressent déjà – voire même l’abstraction totale car les tâches de couleurs absorbent tellement la toile que le motif disparaît quasiment.

Mais entre Cézanne et Picasso, l’exposition laisse encore la place à des chef-d’œuvres de Toulouse-Lautrec, Van Gogh, Gauguin et bien sûr Matisse.

La liste des œuvres est loin d’être exhaustive et il faudrait encore citer Eugène Carrière, Vlaminck, Vallotton, Bonnard et puis, après les deux magnifiques toiles de Picasso dont un Arlequin antérieur à sa période bleue et une Reine Isabeau de la première période cubiste, dont les tons mêmes rappellent le Pont sur l’étang de Cézanne, celles du douanier Rousseau et de Derain notamment. Pour un petit cours d’histoire de l’art d’une époque charnière, au tournant du XIXe et du XXe siècle en une cinquantaine de tableaux, le pari est réussi.

En cette période estivale, profitons donc de la douceur de la Suisse et de la beauté de ses paysages pour faire un détour par Martigny et admirer les toiles des grands maîtres français avant qu’elles ne retournent au musée Pouchkine de Moscou l’hiver prochain.

Pratique :

De Courbet à Picasso, du 19 juin 2009 au 22 novembre 2009.
Fondation Pierre Gianadda
59 rue du Forum, 1920 Martigny, Suisse.
Tél : 041 27 722 39 78
www.gianadda.ch
Ouvert tous les jours de 9h à 19h
Tarif : 14€ TR : 12,50€ ; 8,50€.

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