Rodin décorateur et ornemaniste

/><b><span/Une nouvelle exposition autour de Rodin ! Oui, mais celle qui est présentée au Palais Lumière et à la Sapinière d’Evian offre un éclairage nouveau sur l’œuvre du sculpteur, l’abordant par le biais des arts décoratifs.


L’exposition s’est presque imposée d’elle-même à Evian par la présence de la villa La Sapinière, une grosse bâtisse sise au bord du lac Léman, construite à la fin du XIXe pour la famille d’un riche amateur d’art, le baron Joseph Vitta.
Celui-ci, en amateur d’art éclairé fit décorer sa demeure par plusieurs artistes de renom tels que Félix Bracquemond, Alexandre Charpentier, Jules Chéret, Albert Besnard, Alexandre Falguière et Auguste Rodin, auquel il commanda deux larges tympans en bas-reliefs qui ornent le dessus des portes du vestibule et deux jardinières.

C’est cette grosse maison – qui abrite maintenant l’ADAPT (association pour l’insertion sociale et professionnelle des personnes handicapées) -, très intéressante par l’hétérogénéité de ses décors et de son architecture, dont chaque pièce fut décorée par plusieurs artistes, a amené à reconsidérer une partie longtemps négligée de l’œuvre de Rodin.

Formé à la Petite Ecole de dessin et d’architecture, Rodin commence à travailler pour des ateliers de décoration et d’ornement. Il participe ainsi à l’ornement de la façade du théâtre des Gobelins en 1864 puis à celui de la Bourse de Bruxelles au début des années 1870.
Ce n’est qu’en 1879 qu’il obtient de réaliser une statue de d’Alembert pour le chantier de la reconstruction de l’hôtel de ville à Paris, ce qui lui confère un début de renommée.

Au début des années 1880, il a ainsi produit plusieurs œuvres significatives (L’Homme au nez cassé, L’âge d’airain et Saint-Jean-Baptiste) qui, présentées au Salon, lui permettent d’obtenir des commandes d’Etat. Mais pour pouvoir vivre, il doit continuer à travailler pour d’autres artistes.
C’est ainsi que Albert-Ernest Carrier-Belleuse, qui vient d’être nommé directeur des travaux d’art de la Manufacture de Sèvres, propose à Rodin de travailler pour lui. Un grand nombre d’objets décoratifs en porcelaine signés par Carrier-Belleuse, le maître, qui ont été exécutés avec le concours de Rodin sont ainsi présentés au Palais Lumière.

La Porte de l’Enfer devait orner la façade du musée des Arts décoratifs

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C’est au cours de cette même période très féconde et productive pour Rodin, qu’il reçoit de l’Etat la commande de la Porte de l’Enfer, destinée à orner la façade du musée des Arts décoratifs de Paris, lequel ne verra le jour que beaucoup plus tard et sous une toute autre forme.
L’exposition du Palais Lumière d’Evian retrace parfaitement l’évolution de cette porte grâce à plusieurs maquettes préparatoires et dessins de Rodin par lesquels on s’aperçoit que la porte était destinée à s’ouvrir dans les premiers projets et que petit à petit ce rôle pratique a été totalement effacé au profit d’une œuvre simplement ornementale.
Elle éclaire également sur la manière de travailler de Rodin, qui créait des personnages indépendants (parfois pour des objets de décoration) avant de les reprendre et les intégrer dans des œuvres comme ce fut le cas de la Porte de l’Enfer.

Ainsi, toute sa vie, Rodin a conçu des œuvres décoratives, considérant qu’il n’y avait pas de paradoxe à être artiste et décorateur dans le même temps, ses œuvres décoratives se libérant parfois de l’espace qui leur était assigné pour devenir parfaitement autonomes, comme les différents projets de cheminée destinées au collectionneur sud-américain Errazuriz qui ne furent jamais réalisées ou à l’inverse devenant des œuvres parfaitement reproductibles comme Le Baiser dont plusieurs dizaines d’exemplaires ont été vendus à plusieurs échelles réduites.

Et c’est Bracquemond qui nous offre la conclusion, à laquelle Rodin aurait très certainement souscrit : « Tout, dans la nature, est ornement, sujet d’art ; et seul le modelé peut renfermer l’entière expression de chaque objet. Tout, dans l’œuvre des grandes époques, est ornement ; et l’art plie à cette exigence la nature entière depuis le brin d’herbe jusqu’à la figure humaine.1 »

1 cité par Jean-Paul Bouillon, dans le catalogue de l’exposition Rodin les arts décoratifs

Pratique:


Rodin les arts décoratifs au Palais lumière
,
Quai Albert Besson – 74 500 Evian
Tel. 04 50 83 15 90 / 04 50 83 10 00
Ouvert tous les jours de 10h 30 à 19h (le lundi de 14h à 19h)
A l’occasion de cette exposition, la Villa La Sapinière sera ouverte au public
Tarif : 10€ ; TR : 7€.

www.ville-evian.fr

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