Festival des Correspondances à Manosque

/><b><span/C’est au cœur de la Provence, dans la très belle ville de Manosque qui a vu naître Jean Giono, que se tiendra, comme chaque année depuis onze ans, le désormais célèbre Festival des Correspondances, du 23 au 27 septembre. À cette occasion, nous avons posé quelques questions à Marie Gerbaud qui connaît intimement le festival littéraire pour y avoir consacré beaucoup de temps et d’énergie depuis des années.

Culturemag : Marie Gerbaud, vous êtes coordinatrice générale des Correspondances, pouvez-vous nous présenter le festival. Quelle est son originalité et depuis combien de temps existe-t-il ?
Marie Gerbaud : Il s’agit de la onzième édition à Manosque. Le festival fut créé à Grignan en 1996. L’équipe a ensuite eu des différends avec la municipalité et s’est mise à chercher une ville d’attache pour y ancrer le festival. À cette époque, Manosque voulait développer sa politique culturelle et c’est ainsi que les Correspondances s’y sont installées en 1999. L’idée était vraiment de créer un festival autour du livre, ce qui n’existait pas. Il existait des salons du livre, des foires du livre mais aucun événement mettant l’auteur au cœur du projet.
En général dans les salons du livre, on trouve des éditeurs représentant leur maison d’édition et des auteurs qui signent leurs livres mais il n’y avait pas ou très peu d’événement proposant de mettre l’auteur et son œuvre au cœur d’une manifestation culturelle.

Culturemag : Parce que les Correspondances sont aussi une manifestation autour des arts et pas seulement du livre.
M.G : Oui, au départ cela s’appelait les Nuits de la Correspondance et le nom a changé en 2003 ou 2004. Le versant épistolaire était alors primordial mais l’inconvénient est qu’il a très vite mené au patrimonial ; nous n’étions pas dans l’actualité littéraire. Or le projet initial était tout de même d’être au cœur de la création littéraire contemporaine et de mettre en avant les écrivains français du moment. L’idée a donc germé de jouer autour du mot correspondances en partant de la littérature et de tisser des liens avec d’autres formes de créations artistiques pour ainsi mélanger littérature et musique, littérature et arts graphiques, littérature et vidéo, cinéma etc.
Finalement, d’essayer de créer des passerelles entre la littérature et les autres formes de création artistique.

Culturemag : Existe-t-il un thème différent chaque année ?
M.G : Non, il n’y a pas de thème à proprement parler mais nous abordons de nouvelles choses chaque année. Cette année, le festival s’ouvre avec une création chorégraphique et ce n’est pas forcément évident de mélanger la littérature et la danse. Nous avions déjà fait cela avec Frédérique Favre il y a quelques années, mais cette année Karine Saporta a créé un spectacle de danse autour d’un recueil de nouvelles Laver les ombres de Jeanne Benameur, qui a d’ailleurs été écrit en partie à Manosque lorsque Jeanne Benameur y était en résidence.
L’intérêt est de comprendre comment créer un spectacle de danse à partir d’une œuvre littéraire. Et cette année, nous organisons également une rencontre autour de l’art graphique, ce qui n’avait encore jamais été exploré.

Culturemag : Combien de visiteurs attendez-vous pour ce festival ?
M.G : C’est une question à laquelle il n’est pas évident de répondre puisque, à part les spectacles du soir, toutes les manifestations que nous proposons sont gratuites et en centre ville, afin d’amener vraiment la littérature au cœur de la cité. Ce qui est intéressant est que le public est vraiment hétéroclite. Il y a le public averti, venu tout particulièrement pour cette rencontre, puis les curieux qui se déplacent parce qu’ils ont entendu parler des Correspondances mais sans forcément savoir ce qu’ils vont y voir et aussi les touristes qui sont là par hasard et ne savent absolument pas de quoi il est question. Le contact est ainsi provoqué avec les auteurs sans qu’ils l’aient souhaité et en général cela fonctionne très bien. Certains sont ravis de cette surprise et se rendent ensuite dans les librairies pour acheter un livre. Néanmoins nous pensons accueillir environ 15 000 visiteurs.

Culturemag : Parvenez-vous à toucher toute la France avec ce festival ?
M.G :
Oui, même si nous avons majoritairement un public régional ; 60 à 70% du public vit en région P.A.C.A. mais le reste du public vient de toute la France.

Culturemag : C’est tout de même un événement culturel national.
M.G : C’est vrai, même si le festival a été perçu au départ comme un événement parachuté et sans aucune assise régionale car une partie de l’équipe habitait à Paris. Ce fut comme cela les deux premières années, les gens d’ici se disaient que les parisiens venaient faire la fête cinq jours puis repartaient mais ensuite des postes ont été créés à Manosque, dont le mien et nous avons vraiment tenté de tisser des liens avec la région et de mettre en place des projets toute l’année.
Les Correspondances ne sont pas seulement un événement de cinq jours. Toute l’année nous travaillons avec les métiers du livre, les scolaires, les personnes âgées. Nous avons des résidences d’écrivains, nous organisons des rencontres avec des auteurs, nous animons des comités de lecture. Il y a vraiment des événements toute l’année, ce qui a été pour les gens de Manosque une manière de s’approprier le festival et l’adhésion est maintenant énorme.À tel point que nous nous faisons régulièrement engueuler lorsqu’il n’y a plus de place pour les gens d’ici !

Propos recueillis par Matthieu Falcone.

À retenir :

Lectures spectacles (liste non exhaustive)
– mercredi 23 septembre : laver les ombres, spectacle de danse au théâtre Jean-le-Bleu par la compagnie Karine Saporta
– jeudi 25 septembre : Lettre à Génica, la folie d’amour d’Antonin Artaud, lecture de Carole Bouquet
– dimanche 27 septembre : Lettre d’une inconnue de Stefan Zweig, lecture de Natalie Dessay

Ecrivains en lecture, performances et cafés littéraires (liste non exhaustive)
François Beaune, David Boratav, Christian Garcin, Yannick Haenel, Fabrice Humbert, Marie-Hélène Lafon, Laurent Mauvignier, Vincent Message, Marie Ndiaye, Jean-Marc Parisis, Pascal Quignard…

Concerts littéraires
Dick Annegarn, Daphné, Barbara Carlotti & Olivier Mellano, Clarika.

Programmation complète, horaires, tarifs et renseignements : 04. 92. 75. 67. 83
contact@correspondances-manosque.org
www.correspondances-manosque.org

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