Magistral Olivier Maulin

/><b><span/On l’attendait avec la même fièvre que Rodolphe Stockmeyer et Lucien attendent le roi, sans vraiment savoir à quoi s’attendre ni à quoi il ressemblera mais certains d’emblée qu’il nous apportera un bonheur contagieux et que nous aurons envie d’annoncer son retour à tous ceux qui peuvent l’entendre : le troisième roman qui vient clore la trilogie entamée en 2006 par Olivier Maulin ne déçoit pas du tout. Mieux même, Petit monarque et catacombes est peut-être son meilleur roman, le plus décapant et le plus abouti.

Libéré de certains oripeaux qui ralentissaient parfois le rythme de ses deux précédents romans, certaines scènes de partouzes gratuites de En attendant le roi du monde et les laïus sur les esprits qui peuplent les forêts dans Les évangiles du lac, Petit monarque et catacombes va droit au but et sape avec un humour faussement détaché les bases corrompues d’une cinquième république décadente.

L’histoire se passe en 1992 à l’Elysée où Rodolphe et Lucien effectuent leur service militaire. S’emmerdant ferme dans un palais régi par un vieux président malade qui n’a hérité des anciens monarques de France qu’un mobilier, un palais et une cour obséquieuse, ils s’occupent en improvisant des fêtes avec les gardes lorsque, passées vingt heures, ils sont les maîtres des lieux. C’est dans cette ambiance festive et oisive, dans les couloirs resplendissant comme un fabuleux musée de la grandeur passée d’une nation, au milieu des larbins de la république et de nains lâches et fourbes, qu’ils se réinventent des mythes jusqu’à espérer fermement le retour du roi de France.

Avec un humour toujours aussi irrésistible et parfaitement maîtrisé, Maulin revient une nouvelle fois sur un thème qui lui est cher et résonne comme un leitmotiv à travers tous ses romans : le désenchantement du monde, l’abandon de toute trace de sacré ou de mythique au profit d’un matérialisme calculateur et nauséabond et prouve avec cet ultime opus qu’il est une des plumes les plus jubilatoires de notre époque.

Olivier Maulin, Petit monarque et catacombes, L’Esprit des péninsules, 283 pages.

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