Au Royaume-Uni, la fin des seventies fut conflictuelle. La jeunesse, étouffée par des institutions trop rigides, exprima sa colère. En mots, en images et en musique. De ce climat tendu a pu éclore le mouvement punk. Bien que déjà amorcé avec Iggy Pop et ses Stooges, c’est bien avec les Sex Pistols et les Clash que le courant se matérialise.
L’album Never Mind The Bollocks assène un coup de poignard dans la confondante tiédeur de l’establishment britannique. Leur détournement de l’hymne national illustre leur propension à la provocation. Jamais tant de fureur et d’agressivité ne s’étaient jamais manifestées dans une formation. Bien sûr, les Clash n’y seront pas indifférents.
Pourtant leurs itinéraires vont nettement se démarquer. Si l’opus initial des Clash demeure proche de celui des Pistols de par sa bestialité électrique, la suite s’en détache. London Calling reste à ce titre la meilleure illustration. Paru le 14 décembre 1979, ce double-album incarne l’étendue de la palette créative du groupe. Sur 19 titres, Joe Strummer et sa bande sillonnent divers styles et tendances. Rock, reggae, ska se retrouvent ainsi mêlés, sans jamais pour autant perdre de sa cohérence interne.
La musicalité est donc plus pondérée. Moins abrupte, moins excessive. Mais sans doute plus convaincante. Car à l’image de Paul Simonon en train de fracasser sa basse sur la couverture, le message reste révolutionnaire. L’évolution des compositions ne rime pas avec abandon des revendications.
Au contraire, les textes sont autant de brûlots anticonformistes et anticapitalistes. L’engagement a juste pris une nouvelle forme. Celle d’un retour aux racines (écouter leur reprise de Vince Taylor Brand New Cadillac), et d’un voyage musical qui trente ans après demeure indispensable.
Guillaume Blacherois
Coffret collector, CD et DVD « The last testament: the making-of London Calling » de Don Letts.12,99 euros chez Sony.
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