Le Diable selon Duquesne

/><b><span/On ne présente plus l’auteur : écrivain à succès, journaliste célèbre, Jacques Duquesne appartient à l’aristocratie des commentateurs du catholicisme.
Il s’est taillé une réputation de critique et de contestataire parmi une frange conservatrice des catholiques ; certaines de ses positions – notamment en théologie mariale – ne lui ont pas valu que des amis !
Il fallait un courage certain pour écrire un nouveau livre exclusivement consacré au diable, à son histoire, aux « frasques » que les hommes lui attribuent au cours de l’histoire et à sa place dans les croyances depuis deux mille ans.

Globalement, Satan, « Père du mensonge », « tentateur », « serpent », « singe et ennemi de Dieu », Satan, ange « déchu », incarne et rend compte du mal parmi les hommes. Apparu dans le Nouveau Testament, il devient une « vedette » à partir du XIVe siècle. Juifs, chrétiens et musulmans, soit plus de deux milliards d’être humains, lui attribuent un rôle actif dans l’inexplicable violence, perversité et autre amoralité terrestre.

L’ouvrage se lit facilement, l’auteur jouissant d’un style clair et d’un savoir-faire didactique poussé. Historiens, essayistes et sociologues consultés brillent par la qualité scientifique de leurs travaux (Polakiov, Le Goff, Muchembled, Baslez, etc.).

Evidemment, Duquesne nous ressert des lieux communs, inhérents à ce type d’exercice (chapitre XII : « L’Inquisition », chapitre XVI : « Quand se déchaîne la chasse aux sorcières »…). Le chapitre XXI intitulé « Le bric-à-brac de l’irrationnel au temps de Freud et de Nietzsche » aurait mérité un autre titre et un traitement plus franchement rigoureux bien que la référence de l’auteur au tome XVI des Œuvres complètes du père de la psychanalyse soit excellente.

Toutefois, l’ensemble laisse une impression positive. Cela provient de l’adéquation entre « l’angle d’attaque de l’auteur » (plan chronologique classique) et d’une volonté critique ferme mais ouverte, pugnace mais accueillante pour les hommes et les idées du passé.

En particulier, les deux derniers chapitres – XXII et XXIII (sur les « hésitations romaines ») sont excellents et soigneusement documentés. Jacques Duquesne est ici sur son terrain de prédilection.

Voici un livre plaisant qui donnera sans aucun doute l’envie d’approfondir la question à maints lecteurs.

Jacques Duquesne, Le Diable, Paris, Plon, 2009.

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