Izis, le photographe de l’anti-événement

/><b><span/Émigré de Lithuanie, Français d’adoption, Izis a eu un parcours exemplaire dans la presse magazine et grâce à un livre, le Paradis des rêves qui ontînt un grand succès. Après Doisneau et Ronis, il est le 3e photographe a être célébré par L’Hôtel de Ville de Paris.

On l’attendait depuis longtemps cette exposition. Pour qu’enfin Izis soit à sa véritable place dans le concert photographique qui a déjà placé en tête Willy Ronis, Robert Doisneau et Cartier-Bresson. Enchanté par Paris dans les années trente, séduit par Londres dans les années cinquante, inspiré par Brassaï, copié plus tard par Helmut Newton, et parodié par François-Marie Banier, Izis avait un œil particulier pour observer les gens de la rue et prendre le meilleur du regard des célébrités de l’époque, Paul Éluard, Jacques Prévert, Chagall, Colette, Léautaud ou Malraux.

La douceur de ses clichés en noir et blanc même en couleur quand il se faisait grand reporter de l’image pour Paris Match, est un velours qui joue avec l’ombre et le soleil, le reflet de l’eau et la lumière de l’après-midi. Quand on lui demandait pourquoi il aimait tant rester à Paris pour traîner dans les rues et sur les quais, il faisait cette réponse simple : « Parce que Paris excitait mon imagination. C’était la Ville lumière. Pour moi, tout se passait à Paris. En 1930, Londres, New York ou Berlin ne  l’attiraient pas. On lisait des romans français, on apprenait avec intérêt l’histoire de France. Pour nous, dans notre imagination, c’était le paradis européen, comme pour d’autres, l’Amérique. (…) Nous étions attirés pour la France comme pays de l’Esprit. La Liberté, l’Égalité de l’homme et la Culture, c’est ça qui nous fait rêver ».
Izis, fuyant la misère de sa Lithuanie natale, le jeune Israêl Bidermanas débarqua à Paris les yeux remplis de rêves, parlant très mal le français. Débrouillard, il devient très vite photographe des familles dans les mariages et se met à peindre, passionné par l’art. Avec les siens dès 1941 on le retrouvera dans le village d’Ambazac jusqu’à la Libération où il va s’engager dans les Forces françaises de l’intérieur.  Il photographiera les premières gueules noires de la résistance, ceux du maquis de Grammont qu’il admire pour leur aventure clandestine. Et en septembre 1944, reconnu déjà pour un talent éclatant, la ville de Limoges expose ses portraits avec ce titre qui claque comme un étendard : « Ceux de Grammont vus par le soldat FFI Izis Bidermanas ». Israêl devient alors Izis et sa vie, après une rencontre éblouissante avec Brassaï, va désormais être consacrée à la voie royale de la photographie. Il sera portraitiste et photographe du non-événement, c’est à dire de la rue et des anonymes qui la côtoient. Telle est sa destinée.

Il faut saluer la scénographie de l’exposition, signée Laurence Fontaine qui déjà s’était fait remarquer avec celles consacrées à Willy Ronis et à Robert Doisneau. Saluons la précieuse complicité de Manuel Bidermanas, le fils d’Izis, lui-même photographe de son état qui fut le chef du service photo du Point et deux ans directeur général de l’agence Sygma. Un joli parcours photographique tout en harmonie mettant en lumière les visages ardents des Résistants, le « Paris éternel » (1945-1977), ses années Paris-Match (1949-1969), les « charmes de Londres » (1952-1953) et l’avènement de la reine Elisabeth, un voyage en Isarël (1955), ou encore ses reportages autour du cirque et de l’univers forain (en rotonde) et « Le monde Chagall ».

Une splendide rétrospective qu’il faut accompagner de la lecture du livre-catalogue Izis, Paris des rêves (Flammarion), à garder précieusement au rayon des plus grands photographes du XXe siècle, entre Brassaï et Lartigue.

Izis Paris des rêves
Salle Saint-Jean de l’Hôtel de Vimme
5, rue Lobau, 75005 Paris
Entré gratuite de 10 h à 19 h sauf dimanches et fêtes.
www.paris.fr

@ IZIS BIDERMANAS

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