De Francfort à Lausanne: exposition à la Fondation de l’Hermitage

/><b><span/Goethe dans une lettre de 1815 soulignait un fait remarquable. La décision d’un homme, Joseph Städel, négociant allemand, soucieux de léguer sa collection d’art au domaine public. Ce don de l’intime allait marquer la naissance primitive d’un des musées les plus importants du monde : le Städel Museum de Francfort.

C’est donc d’une partie du patrimoine de cette institution qu’hérite la Fondation de L’Hermitage de Lausanne. Demeure cossue juchée sur les hauteurs de la cité suisse, elle abrite une nouvelle fois des œuvres issues de l’étranger. Après Barcelone ou encore Athènes, L’Hermitage devient l’écrin raffiné de quelques joyaux picturaux.
Sur trois étages, l’exposition se déploie au travers d’un espace feutré et chaleureux. Etalée sur le XIX et le XXe siècles, la collection fait la part belle aux écoles françaises et allemandes. Du néo-classicisme au cubisme, de la peinture de genre à l’impressionnisme, la palette ainsi dévoilée autorise la contemplation.

L’oeil au gré d’une visite qui pourra durer plusieurs heures retiendra des compositions majeures. Tischbein et son Goethe dans la campagne romaine de 1786-1787, sorte de toile centrale autour de laquelle se tisse le reste du réseau pictural. Gustave Courbet et son Entrée de village en hiver de 1868, à la fois glaciale et hypnotique. Adolphe Monticelli et L’homme peignant le mur d’une maison en 1875, symphonie chatoyante impressionniste. Les musiciens à l’orchestre de Degas, fresque saisissante de réalisme d’un instant de concert. Gustave Moreau et une somptueuse Piéta de 1867. Munch et la figuration angoissante de la Jalousie. Bonnard, ou l’érotisme subtil de son Nu couché sur fond de carreaux blancs et bleus. Et bien sûr la salle réservée à Max Beckmann, artiste prolifique et inclassable.

Ce doigt pointé sur une poignée d’exemples ne saurait sans doute résumer la richesse de l’exposition. Ni ses carences. Les problèmes d’éclairage (surtout dans la salle du dernier étage), ou bien l’inégalité des productions(certainement pas 100 chefs d’œuvre comme annoncés), se doivent d’être mentionnés. Mais l’énoncé de ces zones d’ombre n’entache pas l’ensemble de la proposition, cette opportunité singulière offerte à tous les  regards à la beauté dévoilée.

Guillaume Blacherois

Pratique :

Exposition 100 chefs-d’œuvre du Städel Museum
Fondation de L’Hermitage de Lausanne, du 5 février au 24 mai 2010.

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