Aragon et l’art moderne au Musée de la Poste

Le Leopard masque Exposition surréaliste !

Une idée de départ originale : mêler littérature et art, non pas à la manière d’une œuvre illustrée, puisque le texte de Louis Aragon vient après, mais plutôt pour souligner la connivence entre les différents membres du surréalisme quelle que soit leur spécialité.

Selon le poète, en effet, art et littérature sont imbriqués et tous deux interrogent l’Homme et le Monde. L’art moderne selon Aragon : voilà de quoi mettre l’eau à la bouche des passionnés de littérature et d’art ! De plus le Musée de la Poste nous promet plus de quarante artistes dont Signac, Matisse, Picasso, Delaunay ou encore Chagall. Ce panel permet à chacun de découvrir ou de redécouvrir certains des plus grands artistes. On révise son Histoire de l’art. Jusque-là rien à dire, c’est le but de toute exposition de donner à voir.

Le problème, justement, est qu’Aragon, lui, est écrivain et poète. Si on peut contempler ses œuvres préférées, de ses écrits on ne peut lire que quelques bribes qui sont très peu mises en valeur. Il n’y a presque rien à voir de lui. Or sans ses textes explicatifs, on ignore totalement pourquoi avoir choisi telle œuvre plutôt qu’une autre. Il devient très difficile de percevoir la présence d’Aragon au milieu de l’exposition. D’ailleurs Josette Rasle, commissaire de l’exposition, déclare : « cette exposition peut s’apprécier en deux temps […] la vision des œuvres présentées, et ensuite chez soi, la lecture des écrits ».

Que l’on ait davantage envie de lire Aragon soit, mais si l’on n’en sait pas plus sur lui en sortant du musée où est l’intérêt de l’exposition intitulée Aragon et l’art moderne ? Plus on avance dans la visite plus le thème devient flou, si bien qu’on ne sait plus à quoi se raccrocher, cherchant en vain un fil conducteur dans la scénographie. Le thème, nous rappelle-t-on, est « un dialogue entre cet écrivain et les artistes du XXe siècle». Vaste programme, si vaste qu’on ne sait plus où donner de la tête.

Il y a trop d’artistes et trop de courants différents pour une seule exposition.

On y trouve en effet des peintures, des collages, des sculptures ou encore des livres illustrés, des affiches, des films c’est-à-dire un mélange d’art, de littérature, de politique et d’histoire à la fois. On patauge entre trois périodes qui courent de 1920 à sa mort en 1982. On parcourt ainsi le cubisme, le dadaïsme, puis les réalismes socialistes et soviétiques, cette fois uniquement en France, et on croise enfin des artistes plus contemporains comme Moninot et Boltanski.

Toute cette époque est passionnante mais encore faut-il être un fin connaisseur du surréalisme et d’Aragon pour y voir clair. De plus, certaines œuvres magiques sont mêlées à d’autres beaucoup moins sensibles et on aimerait pouvoir en découvrir plus mais sur un plus petit nombre d’artistes.

L’exposition est donc décevante car on a du mal à pénétrer dans l’univers et l’intimité d’Aragon, et à partager sa passion. Josette Rasle, commissaire de l’exposition, écrit encore : « Aragon, c’est un univers, on est toujours en apprentissage avec lui ». Or, ici, ce n’est pas une simple initiation à Aragon qui nous est présentée ; tout son univers nous est jeté à la figure en une brève exposition, ce qui n’est pas évident à digérer.

Jeanne de Guillebon

Pratique :

Aragon et l’art moderne au Musée de la Poste
du 14 avril au 19 septembre 2010
34 boulevard de Vaugirard Paris 15e

HORAIRES D’OUVERTURE :
Tous les jours de 10h à 18h sauf dimanche et jours fériés

TARIFS :
6.50 € / TR : 5 € pour l’exposition temporaire et les collections permanentes
Gratuit pour les moins de 13 ans et les postiers

Renseignements, réservations :
Tél. : 01 42 79 24 24
reservation.dnmp@laposte.fr
www.ladressemuseedelaposte.fr

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