Andras Adorjan, flûtiste et maître incontesté de son art, a joué avec les plus grands orchestres du monde, mais il est également reconnu pour avoir exhumé de nombreuses œuvres oubliées. Il rejoint l’Ecole Normale de Musique – Alfred Cortot le temps de donner de précieux conseils à de jeunes flûtistes.
De manière générale, Andras Adorjan est très attentif aux différents tempi qui jalonnent un mouvement : il pose des questions précises aux élèves sur la succession des nuances d’un morceau. Par exemple, il fait jouer à Chih Wei Hu les débuts de chaque variation sur « Trockne Blumen » de Schubert pour lui montrer comment attaquer le passage par rapport au dernier joué.
Il les interroge également sur leur place, scéniquement parlant : il explique qu’il est préférable de se tenir presque derrière le pianiste afin que le son se diffuse mieux dans la salle et que le pianiste puisse écouter et accompagner le flûtiste et non l’inverse.
Les quatre flûtistes sont déjà des musiciens confirmés. Khrystyna Sarksyan possède une technique déjà bien assumée et elle comprend et exécute vite les indications du professeur. Il tente de refreiner un peu sa trop grande virtuosité notamment dans le début de l’Allegro moderato du concert de Nielsen : il lui montre comment arriver à un résultat plus musical à l’aide de petits éléments comme le détachement des notes… Chia-Wen Ou possède une musicalité et une élégance dans son jeu mais elle interprète la sonate n°6 de Bach sans le style approprié à ce répertoire.
Andras Adorjan la guide pour trouver le style baroque (vibrato, valeur des notes, rythme…) et le résultat final est impressionnant. Lorsque les conseils de l’enseignant sont bien assimilés, ils s’avèrent particulièrement efficaces et les progrès des élèves sont immédiats.
Avec Florencia Jaurena, flûtiste argentine au tempérament décidé et franc, il apporte des indications techniques, invente des exercices à reproduire plus tard, pour mieux utiliser son instrument et donc pour mieux interpréter. Elle joue avec fougue le concerto pour flûte de Romberg et les dernières mesures faites de gammes et de virtuosité emportent l’adhésion du public.
Les explications d’Andras Adorjan sont très claires et précises, même pour les nombreux néophytes qui se trouvent dans la salle. Avec beaucoup d’humanité et d’encouragement, il indique aux élèves comment mieux ressentir une œuvre et faire passer une émotion dans la salle.
Ces indications relevant parfois du détail, sont pourtant essentielles, nous assistons tous à une véritable leçon de musique.
Jeannine Hauchard
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