Par Varoujan Sirapian*
J’ai reçu, il y a quelques jours, un poème de Nikos Lygeros intitulé « La fierté des survivants ». Voici un extrait :
» Il est difficile à certains de comprendre
la fierté des survivants
car ils ne voient que les victimes.
Pourtant les Juifs, les Arméniens, les Grecs
savent que malgré l’interdiction de vivre
imposée par les infâmes barbares,
ils ont réussi à rester vivants
sans perdre leur humanité
mais au contraire ont grandi
à travers ces ignobles crimes. «
Le peuple arménien est un peuple de constructeurs : édifices religieux et autres ont été construits en abondance, au long des siècles sur le plateau arménien. Les églises arméniennes, qui sont à la base du développement de l’art chrétien, comptent parmi les plus anciennes du monde.
Près d’un siècle après le génocide perpétré par les Jeunes Turcs, les Arméniens rescapés, disséminés dans le monde, non seulement ont survécu mais se sont bien intégrés dans leurs pays d’accueil. Ils ont apporté, là où ils se sont établis, des richesses sur les plans économique, scientifique et culturel.
L’année de l’Arménie en France (2006-2007), avec plus de 400 manifestations, était une démonstration éclatante de la richesse de ce patrimoine.
Un beau livre récemment paru, « Merveilles d’Arménie » (Ed. Sigest), donne un aperçu de ce petit pays qu’on appelle souvent « le musée à ciel ouvert », dont la superficie actuelle, 30.000 km², ne représente que le dixième de l’Arménie historique.
Il est dommage que la Turquie, qui occupe aujourd’hui l’Arménie occidentale, ne préserve pas ce patrimoine, laissé à son sort. Il fut d’ailleurs systématiquement détruit dans le passé.
Le négationnisme et l’effacement de la mémoire sont consubstantiels du processus génocidaire.
Mais malgré tous les malheurs subis dans leur histoire les Arméniens sont débout et continuent à rayonner dans le monde.
Ceci est… la fierté des survivants.
* Directeur de la revue Europe & Orient. Institut Tchobanian.
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