Festivons !

/Il y a Avignon, bien sûr, avec son festival in et son festival off. Le « in » devenant, sauf exception (sauvons, par exemple le Richard II avec Denis Podalydès), d’un snobisme et d’un intellectualisme vraiment insupportable, reste le off.
Et c’est la foire d’empoigne ! On y trouve à boire et à manger. Une fête pour le théâtre si papiers gras, foule criante et indécente, joie forcée et promiscuité ne vous rebutent pas.

Une chose est sûre cependant : le théâtre n’a plus bonne presse. Les festivals qui lui étaient réservés diminuent. Exit, par exemple, Albi, Aigues Mortes, Marseille… Reste néanmoins, et heureusement, quelques festivals qui tiennent la route et dont la programmation, sans être mirobolante, peut donner du plaisir.
Eliminons tous ceux – et ils sont nombreux – consacrés au théâtre de rue (Aurillac par exemple) qui tiennent plus de l’animation ludique et du spectacle que de l’art dramatique. Le vrai théâtre n’est plus dans l’air du temps et les festivals en sont le miroir.

À Sarlat (www.festival-theatre-sarlat.com), Jean-Paul Tribout nous offre jusqu’au 4 août une programmation axée principalement sur le classique. On pourra ainsi voir Tartuffe, La dame de chez Maxim, le Médecin malgré lui, le Préjugé vaincu mais aussi des Shakespeare : La nuit des rois et une version complètement déjantée de la Mégère apprivoisée qui a triomphé à Paris une partie de la saison. Notons aussi l’excellent spectacle d’Aurore Ly. Elle s’est amusée à mettre en théâtre la fameuse interview qui a réuni les trois monstres sacrés de la chanson que sont Brel, Brassens et Ferré. On s’y croirait parce que la metteur en scène a eu l’humilité et la sagesse de rester dans la simplicité et de faire confiance à l’intelligence et à la vérité de ce qui a été dit.
Citons enfin un Charlotte Corday de Daniel Colas (qui ne réussit pas toujours aussi bien ses pièces !) et, bien sûr, l’incontournable Francis Huster avec la Traversée de Paris. Quelqu’un qui honore ainsi Marcel Aymé ne peut pas être tout à fait mauvais ! La ville de Sarlat, avec ses petites ruelles et ses grandes places étant, en outre, un endroit de rêve, le bonheur devrait être complet.

Un mot aussi du festival de Figeac (08 25 00 33 03) qui verra Marcel Maréchal monter Le bourgeois gentilhomme et, surtout, rendre un hommage à Jean Vauthier. Marcel, qui va quitter en décembre la direction des Tréteaux de France est un des derniers, avec Philippe desboeuf, a faire vivre ce grand dramaturge que fût Vauthier. Que deviendra-t-il quand il disparaîtra ?

Deux autres festivals méritent enfin qu’on les cite : Bussang, d’abord, le plus magnifique, dont la particularité est de mêler amateurs et professionnels (www.theatredupeuple.com) et Les nuits de la Mayenne à Laval avec une vraie réussite populaire : Les trois mousquetaires d’Alexandre Dumas dans une réalisation non point adaptée comme on le fait toujours mais respectueuse de la pièce de théâtre que notre romancier a tiré lui même de son œuvre. Le talent de la metteur en scène Marianne Serra faisant le reste (www.nuitsdelamayenne.com).

Jean-Luc Jeener

Photo : Peau d’Âne au Théâtre du Peuple.

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