Mustang : l’entretien

« Meilleur groupe français » selon Nicolas Ungemuth, Mustang, formation d’origine
clermontoise, a embrasé la scène du Point Ephémère le 10 juin 2010, lors d’un concert très
réussi, qui indique la maîtrise et le sérieux d’un groupe qui commence à faire parler de lui.
Avec un premier album (A71) dans lequel rien n’est à jeter, Mustang a rassuré tout le monde
quant à l’avenir du rock français, un rock qui plonge ses racines dans le bon cru de Roy
Orbison et Elvis Presley, avec, s’il vous plaît, des chansons écrites en français, et qui
fonctionnent à merveille. On attend déjà le deuxième album avec impatience.

/Après leur prestation au Point Ephémère, Jean Felzine (chant, guitare, piano), et Johan Gentile (basse) ont accepté de répondre à nos questions.

CultureMag : Pourquoi chantez-vous en français ?

Jean: Parce que c’est notre langue natale. On a jamais hésité, c’est logique tous les gars qu’on aime chantent dans leur langue natale. On veut pas d’un filtre entre ce qu’on chante et ceux qui écoutent…

CM : Quelles sont vos influences ?

Jean : Tout le rock pré-Beatles. Roy Orbison, avec ses trucs début 60’s, ses ballades napolitaines, avec rumbas à la batterie, les violons ; la pop 60’s Beatles, Stones, Beach Boys, les trucs 60’s de Polnareff, tout Gainsbourg jusqu’aux 80’s, les Stooges, Suicide, le punk…

CM : Est- ce que ça rappelle 1 9 6 7 , avec l’arrivée des cuivres dans le rock psychédélique ?

Jean: Déjà chez Buddy Holly à la fin il y avait des violons, lui comme Cochran et d’autres étaient de vrais modernistes, des gars qui tentaient des trucs, malheureusement ils n’ont pas eu le temps d’aller très loin… l’Histoire du rock aurait été très différente.

CM: Si les gens pensent que vous faites du rockabilly, pens e z- vous que
ça soit un reno u v e a u pour la scène française ?

Jean: On ne fait pas de rockabilly. On ne sait pas en jouer et ça ne nous intéresse pas. Tout ça c’est à cause des fringues et de la banane. Mais merde Little Richard ou Chuck Berry avaient des bananes et c’est pas du rockabilly !

CM: Qu’est- ce qui définit le rockabilly par exemple ?

Jean: Le slap de contre-basse, les grattes acoustiques souvent….En fait c’est un style assez précis, avec un panel de motifs rythmiques propres (comme la bossa-nova ou le reggae quoi) que franchement on ne maîtrise pas, on s’en inspire, c’est tout, parce qu’on adore tous les trucs Sun.

CM: Avant vous ont joué Les Cavaliers, plutôt axé punk . Que vous
évoque cette musique ?

Johan: Le punk a été libérateur. D’un coup n’importe qui peut faire un groupe, pas besoin d’être musicien. En ce sens on est un groupe punk on a vraiment appris à jouer ensemble et on a toute suite pu faire des chansons. On s’en est gavés: Ramones, Pistols ou même Nirvana.
Après on s’en est un peu éloigné parce qu’on était en quête de plus de groove et que le punk c’est quand même hyper martial. Le chanteur des Dolls dit que c’est comme de la musique militaire. Il a pas tort. Et je trouve qu’encore aujourd’hui on ne sort pas de ces 4/4 de punk et de disco.

CM: Vous avez repris récemment une chanson du Velvet Underground, I’ll be your mirror.

Jean: Oui ! Chanson magnifique! Pour le Velvet, on reprend celles qu’on peut jouer, dont celle-ci. On en reprend depuis le début. Tout est bon ou presque.

CM: Chet Baker , au- delà du physique, un lien quelconque ?

Jean: Je ne suis pas un fan de Chet Baker. C’est une icône, il y a les photos, tout ça, mais quand j’écoute sa musique je m’emmerde un peu. Après j’y connais franchement rien je peux pas dire. Disons que j’ai plus de frissons avec Blue Moon d’Elvis qu’avec My Funny Valentine.

/CM: Pourquoi Mustang comme nom de groupe ?

Johan: Tout simplement parce qu’à l’époque on avait un guitariste qui avait pensé à ce nom, alors on l’a gardé. On croyait naïvement que ça sonnait menaçant.

CM: Y- a- t-il un rock blanc ?

Jean: (Hésitation) Le rock est noir à la base si on est tatillon. Puis les blancs l’ont porté à son sommet. Très vite les noirs n’en ont plus rien eu à foutre et ils ont fait la soul, la funk, le rap. Nous on est resté comme des cons avec notre rock’n roll ! Faut pas se leurrer. On est des jeunes branleurs blancs de classe moyenne qui jouent pour des jeunes branleurs blancs de classe moyenne. Mais le rock’n’roll c’est toute notre vie. On va pas faire semblant de savoir rapper.

CM: Qu’est- ce qui est important dans le rock ?

Jean: C’est avant tout de bonnes chansons. Pas forcément dans les paroles, même s’il faut un thème fort. Une bonne mélodie bien fraîche, de bons accords, et le tour est joué !

CM: Il y a des groupies chez Mustang ?

Les deux: Oui, nos mamans !

CM: Question d’école : Beatles , Stones, ou Kink s ?

Johan (sans hésiter) : Beatles! Mon préféré étant le White Album. Il est très intéressant. C’est un disque humain. Il y a des merdes, et il y a des merveilles.
Jean: Stones. Exile on Main Street est vraiment une référence. C’est un peu sa fête en ce moment et tant mieux, tout le monde l’écoute on va pas se plaindre. Mes chansons préférées en ce moment : Shine a light , et Shake your hips !

CM: Enfin, quels sont vos projets ?

Jean: Un deuxième album qu’on enregistre en septembre.

Propos recueillis par B. Bonnet.

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