Parle-leur de batailles, de rois et d’éléphants

/Zone avait été un des romans les plus intéressants de la rentrée 2008. Ambitieux et parfaitement maîtrisé, il laissait présager en Mathias Enard un véritable écrivain. Cette grande fresque historique écrite en une seule phrase de quelques cinq cents pages est éditée dans la collection Babel d’Actes Sud, en même temps que paraît Parle-leur de batailles, de rois et d’éléphants, roman très court mais parfait dans sa concision.

L’histoire qui est déployée dans ce dernier roman est aussi proche de la vérité que l’étaient les multitudes d’histoires entrelacées dans Zone. Mathias Enard a laissé de côté le XXe siècle pour s’immerger au tout début du XVIe et raconter, par l’entremise de l’immense Michel-Ange, les intrigues qui se nouent dans les cours de Rome, Florence ou Constantinople.

En 1506, le sculpteur de la Pietà et du David de Florence, est invité par le sultan Bajazet à réaliser un pont sur la Corne d’Or. Fuyant le pape qui ne lui paye pas son travail pour se mettre au service des Infidèles, Michel-Ange sait qu’il encourt le bannissement, la haine papale, l’humiliation publique et, pire encore à ses yeux, l’excommunication. Mais il accepte ce travail comme une revanche sur le pape qui l’a humilié, sans s’apercevoir immédiatement  que tous les puissants se ressemblent et que l’artiste, aussi génial soit-il, n’est qu’un jouet entre leurs mains détentrices du pouvoir et de l’argent. « Turcs ou romains, les puissants nous avilissent », notera-t-il avec amertume, comprenant que même les plus belles œuvres d’art, n’y peuvent rien changer.

D’une écriture aussi gracieuse que soignée, ce bref roman n’est pas sans rappeler, en certains passages, Les onze de Pierre Michon qui fut tant remarqué l’année passée. Souhaitons au livre de Mathias Enard, qui le mérite vraiment, un aussi bel avenir. Et puisqu’il apparaît dans la sélection du prix Goncourt, espérons même qu’il remporte le prix, non tant pour le roman qui se suffit à lui-même que pour le prix le plus médiatique qui aurait bien besoin de retrouver de la crédibilité.

Mathias Enard, Parle-leur de batailles, de rois et d’éléphants, Actes Sud, 154 pages, 17€ ; Zone, Actes Sud, Babel.

1 Comment

  1. Ily a un moment ou la pretention germanopratine devient insupportable de suffisance et de narcissisme. Zone est surtout un roman infinimemt pretentieux et illisible,Mais que cest beau une phrqse de cinq cent pages, c est ennuyeux,fastidieux et rasoir. Sauf pour s endormir.

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