Le Noise De Neil Young Ou Une Voix Dans Le Vacarme

/Le Noise de Neil Young c’est une Voix Dans Le Vacarme.
La musique populaire, à l’opposé de bon nombre de préjugés, ne vise pas seulement le pur et simple divertissement. Elle peut être aussi le terrain d’expression d’idéaux et du refus de certains de se taire devant les injustices du monde.

Humaine et profonde donc. Et non juste une bouillie informe servie à des masses abruties par le travail et des préoccupations matérialistes. Mais un art du dire à part entière, avec ses figures incontournables, ses rhéteurs infatigables et ses ardents défenseurs.
Parmi eux, Neil Young ne ménage pas ses efforts. De toutes les batailles depuis 40 ans, le troubadour solitaire continue de chanter les abîmes de l’intime, et les précipices auxquels nous courons inexorablement.

Telle une ombre inquiétante, Young plane au-dessus des plaines uniformisées de l’industrie musicale. Quand le succès ne rime bien souvent qu’avec stratégie commerciale étoffée, l’œuvre intelligente d’un tel artiste surprend. Et dérange incontestablement.
Le Noise ne déroge pas à la règle. Né d’une rencontre avec Daniel Lanois, un compatriote canadien (son nom explique le jeu de mots du titre), l’album cristallise les préoccupations et angoisses d’un individu révolté, mais lucide sur sa propre condition.

De l’invitation inaugurale agressive et métallique (Walk With Me) aux interrogations du final (Rumblin’), les mots et les notes de Young ne prêtent pas à sourire. Les huit titres, comme autant de pierres portées à un édifice sonore imposant, renvoient l’auditeur devant ses doutes et ses incertitudes.

Pour conduire cette entreprise, la contribution de Lanois fut décisive. Grâce à sa maîtrise des outils technologiques, l’univers de Neil Young  revêt des dimensions inédites. Le producteur et arrangeur est en effet parvenu à partir d’un matériau brut (chant et guitare), à dessiner les contours d’une atmosphère. D’un climat, mêlé d’échoset de satures, d’où peut enfin émerger la puissance et la violence du message.

Malgré tout, en ces heures pénibles, nombreux seront ceux qui se tourneront vers des horizons plus légers. Nombreux seront ceux qui opteront pour les airs dansants et insignifiants diffusés en boucle sur les ondes. Nombreux seront ceux qui détourneront l’oreille d’un objet aussi sombre et radical.
Mais pour tous les autres, qui malgré les difficultés d’exister au sein d’un monde déréglé s’interrogent, et demeurent soucieux d’affronter des problématiques essentielles, Le Noise saura parmi le vacarme des nuées, faire entendre sa voix.

Guillaume Blacherois

Le Noise, album de Neil Young.
Reprise Records/Warner.
Sortie nationale le 28 septembre 2010. A partir de 14, 99 euros.

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