De l’inutilité des régimes restrictifs et de leur danger potentiel

Le 25 octobre a été déclarée la journée des pâtes. Un aliment qui ne fait pas grossir, contrairement aux idées reçues. À cette occasion CultureMag donne la parole à un médecin nutritionniste sur une autre idée reçue : les régimes font maigrir et sont bons pour la santé. Erreur !

Par le docteur Arnaud Cocaul *

/La société moderne est responsable de l’épidémie d’obésité, on devrait même parler des obésités.
Le poids sociétal énorme exerce des pressions plus ou moins grandes selon les individus en fonction de leurs valises personnelles.
Ainsi certaines personnes sont plus à même de comprendre que l’alimentation est avant tout un plaisir répondant à un besoin physiologique. On mange et on aime manger parce que cela nous fait du bien.
D’autres paraîtront moins bien armés, détournant l’aliment pour s’en servir comme médicament.
La nourriture perd alors sa fonction première et sa juste place : on ne mange plus juste. On utilise l’aliment comme substitutif, on mange de façon à combler un manque.

Les troubles du comportement alimentaire apparaissent de cette manière parce que nos valises personnelles ne sont pas bonnes.
On se met à manger de façon solitaire. La tradition française est de se retrouver autour de la table, de la même manière que les banquets joyeux, festifs clôturent tous les albums d’Astérix le gaulois.

Le mal être psychique et corporel va être exploité par des marchands du temple qui font croire que maigrir n’est qu’une question de volonté et de restriction de telle ou telle classe de nutriments (toujours les mêmes soient les graisses (lipides) soient les sucres (glucides).
On va outre notre sélection génétique salvatrice de l’espèce humaine. Nos  ancêtres ont su  résister aux famines, aux disettes, aux épidémies participant ainsi à l’élimination des plus faibles ceux qui n’avaient pas le pouvoir de stocker suffisamment d’énergie (la seule manière de le faire, c’est sous forme de graisses dans les adipocytes).

La vogue des régimes glucido phobiques tend à interdire aux mangeurs le plaisir de consommer des pâtes.

Rappelons que l’index glycémique ne tient compte que de l’apport glucidique mais on ne mange pas un macro nutriment mais un ensemble d’aliments où se côtoient des glucides, des protéines et des lipides. C’est la complexité alimentaire qui fait l’intérêt alimentaire. En dissociant les classes de nutriments, on sectorise et on en arrive à du terrorisme alimentaire générant des troubles majeurs du comportement alimentaire.

Les pâtes assurent un apport de sucres d’absorption d’autant plus lente qu’elles seront consommées à la mode italienne, c’est à dire al dente. Ne les bombardons pas d’huile d’olive (corps gras aussi gras que les autres huiles soit 9000  calories par litre, ni de parmesan mais privilégions les protéines associées type saumon, thon, viande maigre avec des herbes aromatiques et pourquoi pas quelques épices renforçant la richesse en anti oxydants. Tous les sportifs consomment des féculents type pâtes. On ne doit jamais oublier que le cerveau ne fonctionne pas sans apport glucidique.
Les pâtes ne doivent pas être diabolisées comme dans le régime Dukan et figurer dans toute assiette d’une personne soucieuse de sa ligne.

Les régimes hypoglucidiques sont forcément hyperlipidiques et au final n’aboutissent pas à des pertes de poids supérieures au fil du temps comparativement à des régimes prônant la diète prudente méditerranéenne.

Le gras comme le sucré signe la vie. Notre cerveau pompe 50% de nos apports glucidiques alimentaires pour son propre fonctionnement. La mutation salvatrice permettant de lutter contre notre manque d’activité physique et l’opulence alimentaire n’a pas eu lieu et n’aura pas lieu avant des millénaires.

Des études récentes (Annal Intern Med. Parue le 07 09 2010) confortent l’idée de nocivité au long cours des régimes hypoglucidiques riches en protéines animales (principe du régime Dukan) qui augmentent le risque de mortalité cardio-vasculaire et de cancers.
Au-delà de l’aspect perte de poids, tout médecin doit s’assurer de la sécurité pérenne de son patient.

La restriction ne sert qu’à déréguler notre poids d’équilibre et à aller toujours plus haut (en poids).

*Le Docteur Arnaud Cocaul est médecin nutritioniste et praticien attaché à la l’hôpital de la Pitié-Salpétrière.

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