La chapelle restaurée du château de Lunéville

/Le 16 septembre 2010, s’est tenue la cérémonie de réception de la chapelle restaurée du château de Lunéville. L’occasion d’un hommage bien mérité aux compagnons et ouvriers du chantier.

Lampons ! lampons !
La marquise de la Ferté-Imbaut, la fille de l’illustre Madame Geoffrin, revenant à Lunéville, à deux siècles et demi de distance, n’aurait sans doute pas renié la fête lanturlutesque organisée, le 16 septembre 2010, à l’occasion de l’inauguration de la chapelle restaurée du château de Lunéville.  Grande maîtresse de son Ordre des Lanturlus, elle se serait follement amusée par la multiplicité des contresens déployés un peu partout, par l’abondance des inepties comme par la magie des inversions prodiguées à tout va.
Une fête « à l’envers » était donc proposée à la foule ébahie des visiteurs avec ces funambules qui se déplacent sur la tête, ces « installations » incompréhensibles et grotesques émergeant des bassins, les sculptures « contemporaines » installées un peu partout cherchant à singer les créations de  Takashi Murakmi ou de Jeff Koons, puisque le mélange des genres est devenu à présent si la mode et si nécessaire pour apparaître « dans le vent » !

Il n’en fallait pas moins pour marquer la renaissance du « petit Versailles lorrain » !

Mais venons en au chantier de la « salle polyvalente », entendons la ci-devant chapelle, objet des réjouissances.

Somptueuse coquille vide, elle offre désormais à la vue, au fond de la pièce, dans un dépouillement presque « cistercien », peut-être un peu trop marqué pour si bel endroit, un léger podium souligné par la présence de trois groupes de quatre totems, dont le symbolisme « trinitaire» renvoie à d’autres rites infiniment plus compatibles avec la nouvelle vocation de cet édifice, mué en lieu de rencontres, de conférences, de concerts.

Après cette onction populaire inaugurale, quelques jours plus tard, une conférence prononcée par l’architecte en chef devait à nouveau réunir l’intelligentia locale sur le thème des jardins. Mais au préalable, une monition de plus ¾ d’heure, donnée par un intervenant présenté comme le président des loges maçonniques de France, permit de décrypter le sens profond et la haute symbolique des restaurations présentes et à venir.

En ce 16 septembre, deux autres salles du monument, « restaurées » dans le même temps, furent également présentées aux visiteurs. L’ancienne Salle des gardes, transformée en une impersonnelle billetterie et celle de la Livrée qui marquait autrefois l’entrée du grand appartement ducal. Pour l’heure, ces pièces n’offrent aucun intérêt patrimonial. Elles ont été traitées sans aucune référence à leur ancienne grandeur, avec du mobilier résolument contemporain, assez cheep, comme disent les bobo !

Cette fête du « monde à l’envers », à laquelle il manquait la présence d’arbres déracinés plantés racines en l’air, marque tout de même la restauration du gros œuvre de l’édifice.
C’est bien là l’essentiel.

/Pour le reste, c’est à dire pour faire du palais des ducs de Lorraine un véritable lieu patrimonial ne reniant pas son histoire glorieuse, rien n’est à attendre.

Les édiles actuels, si désireux d’immortaliser leurs mandats, sont figés dans leurs apriori idéologiques et philosophiques. Ils manquent ainsi un rendez-vous avec leur époque. Il est fort probable que la prochaine génération, plus respectueuse de l’ordre des choses, soit conduite à découdre ce canevas incompréhensible et si opposé au bon sens.

Venu à Lunéville, au début de l’été, Jean-Jacques Aillagon, consterné par cette évolution si hétéroclite, a écrit, dès son retour à Versailles, à Michel Dinet, président du Conseil général de Meurthe-et-Moselle, propriétaire de cette partie du monument, pour lui faire part de ses réflexions et lui proposer une aide plus avisée. Sa lettre est restée depuis sans réponse.

Dans 20 à 30 ans, lorsque les successeurs de l’équipe actuelle seront aux commandes, on déplorera amèrement les résultats du ridicule d’une telle étroitesse de vue. Les critiques à l’encontre des décideurs d’aujourd’hui porteront aussi sur le temps perdu et plus encore sur la masse des sommes d’argent investies en pure perte.

Patientons donc…  l’avenir est devant nous !

En attendant, pour se donner quelque baume au cœur, que les amoureux du château de Lunéville et de sa chapelle  laissent libre cours à leurs rêveries. Qu’ils se promènent dans le parc, dans la cour d’honneur ou dans cet édifice sans âme. Ils y entendront encore les échos des rires joyeux de la fille de Madame Geoffrin et la sentence bonhomme du vieux roi de Pologne : « Vous êtes folle, ma chère Imbault, mais je vous aime » !

Château de Lunéville
www.chateaudeslumieres.com

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