Ladies And Gentleman des Rolling Stones

Le film Ladies And Gentleman rend compte de quatre concerts donnés en 1972 par les Rolling Stones. Il pourrait être sous-titré « Les chemins de la liberté« .

La tragédie du festival d’Altamont en décembre 1969 rappela au monde entier la fragilité des utopies collectives. Le fameux « Peace And Love » distillé durant la décennie s’ébranla sous la violence de cet ultime assaut.
Et les rêves de toute une génération se brisèrent ainsi sur les parois épaisses de la noirceur de l’évènement.
Puis, par crainte ou par manque de discernement, les Rolling Stones, principaux acteurs du festival, prirent la fuite. Distants des scènes pendant deux années, ils décidèrent finalement de repartir à la conquête du public dès 1972.

Le film Ladies And Gentlemen de Rollin Binzer donne justement à voir la teneur des performances du groupe à cette époque. Produit de captations de quatre concerts donnés au Texas, il déploie sous les yeux du spectateur d’aujourd’hui la singularité et la force d’instants du passé.
Car en 1972, les Stones tutoient les sommets. Après les sorties de deux de leurs meilleurs albums (Sticky Fingers en 1971, Exile On Main Street 1972), ils investissent la scène avec une rage et une énergie inédites [ Voir : http://www.culturemag.fr/2010/06/02/exile-on-main-street-le-retour-aux-sources/].

Malgré les ennuis financiers, les dérives et l’ensemble des dommages collatéraux provoqués par une existence débridée, la création ne s’essouffle pas. Outre les turpitudes extérieures, la musique survit, puissante et intemporelle.

« L’art est un anti destin » déclarait Malraux. Il permet de braver les limites du temps et de l’espace, de toucher à l’universel et à l’éternel. Il autorise aussi à celui qui le pratique, et à celui qui l’entend, de se dégager des mornes contingences du quotidien.
En bref, l’art reste un domaine d’infini d’où les horizons bouchés et les panoramas de nos existences cèdent le pas à des paysages luxuriants. À des cadres hors des cadres, lointains de nos basses préoccupations.

Cette liberté se touche des yeux devant ce film. Le temps des 15 titres retenus, les Stones n’appartiennent plus vraiment à la réalité. De Brown Sugar à Street Fighting Man, le groupe modèle un monde parallèle, magnifié par des jeux de lumières, des solos spectaculaires ou encore par les pauses d’un Mick Jagger peu enclin à toucher de nouveau la terre ferme.

Plus qu’un documentaire, Ladies and Gentlemen offre la possibilité aux curieux, aux amateurs et aux sceptiques de (re)découvrir ce que le terme « rock » signifie. Les envolées de Mick Taylor, les rythmiques forcenées de Richards, les tempos maîtrisés de Watts et enfin le charisme irrésistible de Jagger sont autant d’indices. Qui mèneront la plupart à envisager enfin la notion de liberté, idée maîtresse et définitoire du genre.

Guillaume Blacherois

The Rolling Stones : Ladies And Gentlemen, de Rollin Binzer. Sortie nationale en Dvd et Blue-Ray le 12 octobre 2010.
Sortie d’une édition limité et numérotée le 9 novembre 2010.
Distribué par Eagle Vision.