Les 47 nouveaux éléments du patrimoine culturel immatériel de l’humanité

Un Comité intergouvernemental de l’UNESCO, présidé par le Kenyan Jacob Ole Miaron et réuni à Nairobi jusqu’au 19 novembre, a examiné et inscrit 47 éléments sur les 47 candidatures présentées.
La Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité s’enrichit d’ éléments aussi divers que le carnaval d’Alost en Belgique, l’opéra de Pékin, le flamenco espagnol, le système normatif Wayuu en Colombie, les savoir-faire traditionnels du tissage des tapis à Kashan en Iran ou la fauconnerie, présentée par onze pays, sont parmi les 46 éléments inscrits aujourd’hui sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.


Pour être inscrits sur Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité, les éléments doivent répondre à une série de critères dont celui de contribuer à faire connaître le patrimoine culturel immatériel et de favoriser la prise de conscience de son importance. Les candidats à l’inscription doivent aussi justifier des mesures de sauvegarde prises pour assurer leur viabilité.

Voici la liste présentée par l’UNESCO :

/Le symbolisme et le savoir-faire des Khachkars, croix de pierre arméniennes  (Arménie)

Ces croix traditionnelles arméniennes, ou Khachkars, sont les dernières à être entrée dans le patrimoine immatériel de l’UNESCO, le 17 novembre 2010.
Le Khachkar est une stèle érigée en plein air, sculptée dans la pierre par des artisans en Arménie et au sein des communautés de la diaspora arménienne. Il sert, entre autres, de point focal du culte, de pierre commémorative et de relique facilitant la communication entre séculier et divin. Le Khachkar atteint 1,50 mètres de hauteur avec, en son centre, une croix sculptée de manière ornementale, reposant sur le symbole du soleil ou de la roue de l’éternité, accompagnée de motifs géométriques végétaux, d’animaux et de personnages sculptés dans la pierre. Les Khachkars sont généralement taillés dans la pierre de la région et sculptés à l’aide d’un burin, d’une gouge, d’une pointe fine et d’un marteau. Puis les motifs sculptés sont polis au sable fin. Les petites cassures et les irrégularités sont estompées avec du plâtre d’argile ou de la chaux, puis l’ensemble est peint. Une fois terminé, le Khachkar est mis en place lors d’une petite cérémonie religieuse. Après avoir été béni et consacré, le Khachkar est supposé posséder des pouvoirs sacrés et peut apporter une aide, une protection, une victoire, une longue vie, une mémoire et une médiation pour le salut de l’âme. Sur plus de 50 000 Khachkars en Arménie, chacun a sa propre composition et il n’y en a pas deux pareils. Le savoir-faire des Khachkars se transmet en famille ou du maître à l’apprenti, par l’enseignement des méthodes et des motifs traditionnels tout en encourageant le particularisme régional et l’improvisation individuelle.

Azerbaïdjan – L’art traditionnel du tissage du tapis azerbaïdjanais dans la République d’Azerbaïdjan

Le tapis azerbaïdjanais est un textile traditionnel fait à la main en plusieurs dimensions, à la texture dense, noué ou tissé, dont les motifs sont caractéristiques des nombreuses régions de fabrication de tapis azerbaïdjanais. La fabrication de tapis est une tradition familiale qui se transmet oralement et par la pratique. Les hommes tondent les moutons au printemps et à l’automne, tandis que les femmes récoltent les colorants, filent la laine et teignent le fil au printemps, en été et en automne. Le tissage est exécuté pendant l’hiver par les membres féminins du cercle familial élargi, les filles apprenant à tisser avec leur mère et leur grand-mère et les brus avec leur belle-mère. Le tapis est confectionné sur un métier à tisser horizontal ou vertical à l’aide de fils de laine, de coton ou de soie multicolores teints avec des colorants naturels. En appliquant des techniques particulières aux tapis noués, les tisserands passent un fil qu’ils nouent autour des fils de chaîne. Les tapis tissés sont diversement faits d’entrelacs de chaînes de structure, de trames et de trames de motifs. La découpe d’un tapis fini sur le métier à tisser est une célébration d’une rare solennité. Le tissage du tapis est étroitement lié à la vie quotidienne et aux coutumes des communautés concernées, et son rôle se reflète dans la signification des compositions et de leurs applications. Ainsi, des filles assises sur un tapis disent la bonne aventure et chantent des airs traditionnels lors du Novruz (le Nouvel An régional). Le tapis est largement utilisé comme pièce d’ameublement ou décoration murale, et des tapis spéciaux sont tissés pour des traitements médicaux, des cérémonies nuptiales, la naissance d’un enfant, des rituels funéraires et pour la prière.

Belgique – Le carnaval d’Alost

Le Carnaval d’Alost, qui se déroule chaque année pendant trois jours à compter du dimanche qui précède le carême chrétien, est l’aboutissement d’une année de préparation par les habitants de cette ville située en Flandre orientale, dans le nord de la Belgique. Placées sous le signe de l’exubérance et de la parodie, les festivités sont marquées par la proclamation symbolique du Prince du Carnaval comme maire de la ville d’Alost, lequel s’en voit remettre la clé au cours d’une cérémonie destinée à tourner en ridicule les hommes politiques de la ville ; une procession d’effigies de géants et de « Bayard », le cheval de la légende de Charlemagne ; une danse des balais sur la place du marché central pour chasser les fantômes de l’hiver ; une parade de jeunes gens travestis en femmes, avec des corsets, des landaus et des parapluies cassés ; et le rituel final pendant lequel l’effigie de Carnaval est brûlée en grande pompe – sous les cris des carnavaliers qui prétendent vouloir poursuivre la fête durant toute la nuit. Outre les participants officiels avec leurs chars dont la fabrication a été réalisée avec beaucoup de minutie, des groupes non officiels s’associent aux festivités en présentant, sur le mode de la dérision, leurs interprétations des événements locaux et internationaux de l’année écoulée. Ce rituel vieux de 600 ans, qui attire quelque 100 000 spectateurs, est l’expression d’un effort collectif de toutes les classes sociales, de même qu’un symbole de l’identité de la ville dans la région. En constante recréation par les nouvelles générations, l’atmosphère de rire collectif et d’humour légèrement subversif qui est caractéristique de ce carnaval séculaire est l’occasion de célébrer l’unité de la ville d’Alost.

Belgique – Houtem Jaarmarkt, foire annuelle d’hiver et marché aux bestiaux à Hautem-Saint-Liévin

Houtem Jaarmarkt est une foire commerciale annuelle qui a lieu dans le village de Sint-Lievens-Houtem, de la province belge du sud-est de Flandre Orientale. Chaque année, les 11 et 12 novembre, le village devient le lieu du dernier grand marché de plein air du pays où se pratique le commerce du bétail et des chevaux pur sang. Des centaines de négociants exposent fièrement leurs animaux devant les juges, leurs collègues négociants, les agriculteurs et des milliers de visiteurs enthousiastes. Des gens viennent de tout le pays pour rencontrer les 500 exposants et autres négociants : expérimenter, voir, toucher et acheter des machines agricoles ou des animaux et assister à des transactions qui font encore appel à des techniques de négociation ancestrales, comme le battement de mains. Avec plus de 600 chevaux et 1 200 vaches à vendre, la foire représente une date cruciale sur le calendrier et pour l’identité des professionnels du commerce de bétail. Chaque année, une région étrangère différente est invitée à présenter ses attractions, ses produits régionaux et son artisanat à la foire, ce qui permet aux éleveurs de bétail, aux agriculteurs et aux artisans de différentes nations de se rencontrer et d’échanger leurs impressions. La foire et le marché ont un énorme impact sur la communauté locale, les maisons privées étant converties en lieux publics où l’on vient avec plaisir écouter de la musique, boire et manger. Pendant ces deux jours, tout le village se transforme en un lieu ouvert et accueillant.

Belgique –  Les Krakelingen et le Tonnekensbrand, fête du feu et du pain de la fin de l’hiver à Grammont

La ville de Geraardsbergen organise sa foire annuelle le premier lundi de mars et célèbre la fin de l’hiver le dimanche huit jours plus tôt, avec le festival des Krakelingen et du Tonnekensbrand. Dans les jours qui précèdent, les commerçants décorent leurs vitrines, les boulangers font des petits pains spéciaux en forme d’anneau qu’on appelle les krakelingen, et les maîtres d’école racontent la légende expliquant les origines du rituel. Le jour de la fête, un cortège d’un millier de personnes part de l’église de Hunnegem avec, à sa tête, le doyen de l’église et les conseillers municipaux en costume d’époque. Apportant le pain, le vin, les poissons et le feu, les participants se dirigent vers le haut de la colline Oudenberg jusqu’à la chapelle Sainte-Marie. À l’intérieur, le doyen bénit les krakelingen et récite une prière. Puis les autorités religieuses et laïques boivent une gorgée de vin dans un gobelet d’argent du XVIe siècle contenant un petit poisson vivant, une coutume qui est récemment devenue controversée. Ensuite elles lancent dix mille krakelingen dans la foule, dont l’un renferme un billet gagnant. Le trophée est un bijou en or spécialement créé pour l’occasion. À la tombée de la nuit, les gens se rassemblent à nouveau en haut de la colline où ils allument un tonneau en bois, le Tonnekensbrand, pour célébrer l’arrivée du printemps. Les spectateurs redescendent la colline, une torche brûlante à la main, pour amener la lumière au cœur de la ville. Le rituel festif donne à ses participants un sens aigu de la continuité et une conscience du passé, en évoquant des événements et des légendes historiques qui se transmettent de génération en génération.


Chine – L’acupuncture et la moxibustion de la médecine traditionnelle chinoise

L’acupuncture et la moxibustion sont des formes de la médecine traditionnelle chinoise dont la pratique est largement répandue en Chine, mais aussi dans les régions du sud-est asiatique, en Europe et en Amérique. Les théories relatives à l’acupuncture et à la moxibustion soutiennent que le corps humain représente un petit univers relié par des canaux qui, au moyen d’une stimulation physique, permettent au praticien de tonifier les fonctions autorégulatrices de l’organisme et d’apporter la santé au patient. Cette stimulation consiste à brûler du moxa (armoise) ou à poser des aiguilles sur les points situés sur ces canaux dans le but de restaurer l’équilibre du corps et de prévenir et traiter le mal. En acupuncture, les aiguilles sont sélectionnées selon la condition de l’individu et servent à piquer et stimuler les points choisis. La moxibustion est généralement divisée en moxibustion directe et indirecte ; l’une se pratique en plaçant directement les cônes de moxa sur les points, l’autre en tenant un bâtonnet de moxa à une certaine distance de la surface du corps pour réchauffer un point précis. Les cônes et les bâtonnets de moxa sont fabriqués avec des feuilles d’armoise séchées. L’apprentissage de l’acupuncture et de la moxibustion se fait par l’instruction orale et la démonstration, et est transmis à travers la relation maître-disciple ou par l’intermédiaire des membres d’un clan. À l’heure actuelle, la pratique de l’acupuncture et de la moxibustion se transmet également par la voie de l’éducation formelle dispensée à l’université.

/Chine – L’opéra de Pékin

L’opéra de Pékin est un art du spectacle intégrant le chant, le récit, le mouvement, les arts martiaux. Bien que sa pratique soit largement répandue dans toute la Chine, ses centres de représentation sont Beijing, Tianjin et Shanghai. L’opéra de Pékin est chanté et récité principalement dans le dialecte de Beijing attache une grande importance à la rime. Ses livrets sont composés selon un ensemble de règles strictes qui mettent en valeur la rime et le rythme. Ils évoquent l’histoire, la politique, la société et la vie quotidienne, et se veulent aussi instructifs que divertissants. La musique de l’opéra de Pékin joue un rôle primordial en imprimant le rythme du spectacle, en créant une ambiance particulière, en façonnant les personnages et en guidant le fil du récit. La « musique civile » privilégie les instruments à cordes et à vent comme le jinghu, à la forme délicate et au son aigu, et la flûte dizi, tandis que la « musique militaire » est représentée par le jeu des percussions, tels que le bangu ou le daluo. L’interprétation se caractérise par son style symbolique et ritualisé, avec des acteurs et des actrices qui suivent une chorégraphie établie pour les mouvements des mains, des yeux, des torses et des pieds. Traditionnellement, les décors scéniques et les accessoires sont réduits au minimum. Les costumes sont flamboyants ; le maquillage outrancier du visage utilise des symboles, des couleurs et des motifs concis pour révéler la personnalité et l’identité sociale des personnages. L’opéra de Pékin se transmet essentiellement par l’apprentissage de maître à élève où l’élève acquiert les compétences élémentaires au moyen de l’instruction orale, de l’observation et de l’imitation. L’opéra de Pékin est considéré comme l’expression de l’idéal esthétique de l’opéra dans la société chinoise traditionnelle et demeure un élément largement reconnu du patrimoine culturel du pays.

Colombie – La musique Marimba et les chants traditionnels de la région sud du Pacifique colombien

La musique Marimba et les chants traditionnels de la région sud du Pacifique colombien font partie du patrimoine des groupes afro-colombiens des départements de Valle del Cauca, Cauca et Nariño. Le chant des femmes et des hommes (cantadoras et chureadores) se mêle au son des instruments acoustiques fabriqués à la main avec les matériaux locaux : le bois de palmier pour les Marimbas, le bois et le cuir pour les tambours graves et joués à la main, et le bambou et les graines pour les hochets. Cette musique se joue principalement au cours de quatre rituels : Arrullo, Currulao, Chigualo et Alabao. L’Arrullo est un rituel de vénération des saints que dirigent les femmes qui préparent les saints, les bougies et les autels et interprètent des chants au son du tambour et, à l’occasion, des Marimbas. Le Currulao (ou danse Marimba) est un événement festif. Les hommes jouent de la Marimba et interprètent des chants profanes, tandis que les gens chantent, dansent, mangent, boivent, et racontent des histoires. Le Chigualo est une veillée qui suit la mort d’un petit enfant. Le corps est recouvert de fleurs et des chants a cappella sont exécutés autour du défunt. L’Alabao est la veillée funèbre d’un adulte où l’on chante aussi a cappella des chants extrêmement tristes. La connaissance musicale de ces traditions se transmet oralement de génération en génération, les jeunes exécutants étant guidés par des musiciens plus expérimentés. Avec un fort pourcentage de la population afro-colombienne de la région ayant émigré vers les zones urbaines au cours des dernières décennies, son patrimoine musical demeure une source importante d’identité communautaire, que ce soit dans ses villages d’origine ou en ville.


Colombie – Le système normatif Wayuu, appliqué par le Pütchipü’üi (palabrero)

La communauté Wayuu est établie dans la péninsule de la Guajira qui s’étend de la Colombie au Venezuela. Son système législatif forme un ensemble de principes, de procédures et de rites qui régulent la conduite sociale et spirituelle de la communauté. Inspiré des principes de réparation et de compensation, le système est appliqué par les autorités morales locales, les Pütchipü’üi ou palabreros (orateurs), qui sont expertes dans le règlement des conflits et des désaccords entre les clans matrilinéaires locaux. Quand se pose un problème, l’intervention du Pütchipü’üi est sollicitée par les deux parties en conflit, l’offenseur et l’offensé. Après avoir analysé la situation, le Pütchipü’üi informe les autorités concernées de son intention de résoudre le conflit de manière pacifique. Si la parole – Pütchikalü – est acceptée, le dialogue s’établit en présence du Pütchipü’üi qui agit avec diplomatie, prudence et intelligence. Le système de compensation emploie le symbolisme, représenté essentiellement par l’offrande de colliers faits de pierres précieuses ou le sacrifice de bétail, de moutons et de chèvres. Même les crimes les plus graves sont compensés, les compensations étant remises lors de cérémonies particulières auxquelles sont invitées les familles en conflit afin de rétablir l’harmonie sociale à travers la réconciliation. Le Pütchipü’üi acquiert son rôle de par sa condition d’oncle maternel – un rôle honoré dans le système Wayuu des clans matrilinéaires – et en possédant un caractère fondé sur l’éthique et la morale.


Croatie – L’art du pain d’épices en Croatie du Nord

La tradition de la fabrication du pain d’épices est apparue au Moyen Âge dans certains monastères européens et a gagné la Croatie où elle est devenue un art. Les pain-d’épiciers qui faisaient aussi du miel et des bougies, travaillaient dans le Nord de la Croatie. Le procédé de fabrication du pain d’épices requiert habileté et rapidité. La recette est la même pour tous les fabricants qui mettent de la farine, du sucre, de l’eau et du bicarbonate de soude ainsi que les épices obligatoires. Le pain d’épices est façonné dans des moules, cuit, séché et peint à l’aide de colorants alimentaires. Chaque artisan décore le pain d’épices à sa façon, en y appliquant souvent des images, de petits miroirs et des vers ou des messages. Le pain d’épices en forme de cœur est le motif le plus courant et il est fréquemment préparé pour des mariages, décoré avec le nom des nouveaux mariés et la date du mariage. Chaque pain-d’épicier travaille dans un certain domaine sans interférer avec celui d’un autre artisan. L’art se transmet d’une génération à l’autre depuis des siècles, initialement aux hommes, mais maintenant aussi bien aux hommes qu’aux femmes. Le pain d’épices est devenu l’un des symboles les plus reconnaissables de l’identité croate. De nos jours, les pain-d’épiciers sont les participants les plus importants aux festivités, événements et rassemblements locaux, procurant à la population locale un sentiment d’identité et de continuité.


Croatie – Le Sinjska Alka, un tournoi de chevalerie à Sinj

Le Sinjska Alka est un tournoi de chevalerie qui se déroule tous les ans depuis le XVIIIe siècle dans la ville de Sinj dans la région de Cetinska krajina. La joute consiste pour les chevaliers à lancer leur cheval au galop dans l’une des rues principales de la ville en visant de leur lance un anneau de fer suspendu à une corde. Le nom du tournoi vient de l’alka ou anneau, un mot dont les origines turques reflètent la co-existence historique et les échanges culturels entre les deux civilisations. Les règles du tournoi, codifiées dans un règlement datant de 1833, prônent des valeurs éthiques et le fair play ; elles insistent sur l’importance de la participation à la vie de la communauté. Les participants doivent appartenir à des familles de Sinj et de la région de Cetinska krajina. L’ensemble de la communauté participe à la fabrication, la conservation, la restauration et la reconstitution des armes, des vêtements et des accessoires, afin de soutenir la perpétuation de la tradition. Des pratiques religieuses locales, des rassemblements sociaux, des visites familiales et des festivités dans l’intimité du foyer et à l’extérieur sont intimement liés au tournoi. Le Sinjska Alka est l’unique exemple qui perdure des anciennes joutes médiévales entre chevaliers qui ont eu lieu régulièrement dans les villes côtières croates jusqu’au XIXe siècle. Il est devenu une référence de l’histoire locale et un moyen de transmettre la mémoire collective d’une génération à l’autre.

République tchèque – Les défilés de porte-à-porte et masques des Jours gras dans les villages de la région de Hlinecko

Les défilés des Jours gras ont lieu dans la ville de Hlinsko et dans six villages voisins des environs de la région de Hlinecko en Bohême orientale sur le territoire de la République tchèque. Cette coutume populaire du carnaval a lieu à la fin de l’hiver, pendant les Jours gras – période qui précède le Carême chrétien. Les hommes et les garçons des villages, déguisés avec des masques représentant des personnages traditionnels (masques rouges pour les garçons célibataires et noirs pour les hommes mariés) font du porte-à-porte tout autour du village, accompagnés d’une fanfare. Le défilé s’arrête à chaque maison et quatre hommes exécutent une danse rituelle, avec la permission du maître de maison, pour assurer une bonne récolte et la prospérité pour la famille. En échange, les porteurs de masques reçoivent des cadeaux et collectent de l’argent. Un rituel symbolique de « mise à mort de la jument » se déroule après la visite de la dernière maison, rituel au cours duquel une jument est condamnée pour ses péchés présumés et où l’on donne lecture d’un testament humoristique sur des événements d’actualité. Après avoir procédé à l’« exécution » de la jument, les masques lui redonnent vie avec de l’alcool, ce qui marque le commencement d’une danse où ils gambadent avec les spectateurs. Les défilés des Jours gras – interdits tour à tour par l’Église catholique aux XVIIIe et XIXe siècles, et par le régime socialiste au XXe siècle – jouent un rôle important en maintenant la cohésion au sein de la communauté villageoise. Les jeunes gens et les enfants aident aux préparatifs et les parents confectionnent des copies de masques traditionnels pour leurs fils.


/France – Le compagnonnage, réseau de transmission des savoirs et des identités par le métier

Le système français du compagnonnage est un moyen unique de transmettre des savoirs et savoir-faire liés aux métiers de la pierre, du bois, du métal, du cuir et des textiles ainsi qu’aux métiers de bouche. Son originalité tient à la synthèse de méthodes et procédés de transmission des savoirs extrêmement variés : itinérance éducative à l’échelle nationale (période dite du « Tour de France ») voire internationale, rituels d’initiation, enseignement scolaire, apprentissage coutumier et technique. Le mouvement du compagnonnage concerne près de 45 000 personnes qui appartiennent à l’un des trois groupes de compagnons. Les jeunes à partir de 16 ans qui veulent apprendre et/ou développer leurs compétences dans un métier donné peuvent demander à rejoindre une communauté de compagnons. La formation dure en moyenne cinq ans pendant lesquels l’apprenti change régulièrement de ville, en France et à l’étranger, pour découvrir divers types de savoirs et diverses méthodes de transmission de ces savoirs. Pour pouvoir transmettre son savoir, l’apprenti doit produire un « chef-d’œuvre » qui est examiné et évalué par les compagnons. Le compagnonnage est généralement perçu comme étant le dernier mouvement à pratiquer et enseigner certaines techniques professionnelles anciennes, à assurer une formation à l’excellence dans le métier, à lier étroitement développement de l’individu et apprentissage du métier et à pratiquer des rites d’initiation propres au métier.

France – Le savoir-faire de la dentelle au point d’Alençon

Le point d’Alençon est une technique rare de production de dentelle à l’aiguille, pratiquée à Alençon en Normandie dans le Nord-Ouest de la France. La dentelle au point d’Alençon doit son caractère singulier au haut niveau de savoir-faire requis et au temps très long qu’il faut pour la produire (sept heures par centimètre carré). Les pièces de textile ajouré réalisées selon cette technique sont utilisées à des fins d’ornementation civile ou religieuse. La pièce est composée de motifs raccordés entre eux par un réseau très fin. Son exécution nécessite plusieurs étapes successives : le dessin et le piquage du motif sur le parchemin, la réalisation de la base des motifs et des mailles transparentes en arrière plan, puis les points représentatifs des décors, les remplis pour créer des ombres, diverses modes décoratives, et enfin les brodes pour donner le relief. Interviennent ensuite le levage pour détacher la dentelle du parchemin à l’aide d’une lame de rasoir, l’éboutage et enfin le luchage qui consiste à polir les remplis à l’aide d’une pince de homard. Chaque dentellière connaît toutes les étapes de réalisation de la dentelle et ce savoir ne peut être transmis que par l’apprentissage pratique. Pour maîtriser totalement la technique du point d’Alençon, il faut entre sept et dix ans de formation. L’apprentissage, qui suppose un lien étroit entre la dentellière spécialisée et l’apprentie, repose exclusivement sur la transmission orale et l’enseignement pratique.


France – Le repas gastronomique des Français

Le repas gastronomique des Français est une pratique sociale coutumière destinée à célébrer les moments les plus importants de la vie des individus et des groupes, tels que naissances, mariages, anniversaires, succès et retrouvailles. Il s’agit d’un repas festif dont les convives pratiquent, pour cette occasion, l’art du « bien manger » et du « bien boire ». Le repas gastronomique met l’accent sur le fait d’être bien ensemble, le plaisir du goût, l’harmonie entre l’être humain et les productions de la nature. Parmi ses composantes importantes figurent : le choix attentif des mets parmi un corpus de recettes qui ne cesse de s’enrichir ; l’achat de bons produits, de préférence locaux, dont les saveurs s’accordent bien ensemble ; le mariage entre mets et vins ; la décoration de la table ; et une gestuelle spécifique pendant la dégustation (humer et goûter ce qui est servi à table). Le repas gastronomique doit respecter un schéma bien arrêté : il commence par un apéritif et se termine par un digestif, avec entre les deux au moins quatre plats, à savoir une entrée, du poisson et/ou de la viande avec des légumes, du fromage et un dessert. Des personnes reconnues comme étant des gastronomes, qui possèdent une connaissance approfondie de la tradition et en préservent la mémoire, veillent à la pratique vivante des rites et contribuent ainsi à leur transmission orale et/ou écrite, aux jeunes générations en particulier. Le repas gastronomique resserre le cercle familial et amical et, plus généralement, renforce les liens sociaux.

Inde – La danse Chhau

La danse Chhau est une tradition de l’Est de l’Inde qui s’inspire d’épisodes d’épopées, dont le Mahabharata et le Ramayana, du folklore local et de thèmes abstraits. Ses trois styles distincts proviennent de trois régions : le Seraikella, le Purulia et le Mayurbhanj ; les deux premiers utilisent des masques. La danse Chhau est intimement liée aux fêtes régionales, en particulier la fête du printemps, Chaitra Parva. Elle tirerait son origine de formes de danse autochtones et de pratiques guerrières. Son vocabulaire relatif aux mouvements comprend des techniques de combat simulé, l’imitation stylisée d’oiseaux et d’animaux et des mouvements inspirés des tâches ménagères quotidiennes des villageoises. La danse Chhau est enseignée à des danseurs (des hommes exclusivement) issus de familles d’artistes traditionnels ou de communautés locales. La danse est exécutée de nuit dans un espace en plein air au son de mélodies traditionnelles et populaires, jouées sur des instruments à anche, le mohuri et le shehnai. Divers qui donnent le rythme dominent l’accompagnement musical. La danse Chhau fait partie intégrante de la culture de ces communautés. Elle réunit des individus de toute couche sociale et origine ethnique qui ont des pratiques sociales, des croyances, des professions et des langues différentes. Cependant, en coupant de plus en plus les communautés de leurs racines, l’industrialisation croissante, les pressions économiques et les nouveaux médias sont la cause d’une diminution de la participation collective.

/Inde – Les chants et danses populaires Kalbelia du Rajasthan

Les chants et danses sont une expression du mode de vie traditionnel de la communauté des Kalbelia. Autrefois charmeurs de serpents, les Kalbelia évoquent leur occupation passée à travers la musique et la danse qui évoluent vers des formes nouvelles et créatives. Aujourd’hui, les femmes vêtues de longues jupes noires dansent et tournoient en imitant les mouvements d’un serpent, tandis que les hommes les accompagnent au son d’un instrument à percussion – le khanjari – et d’un instrument à vent en bois – le poongi – qui était traditionnellement joué pour capturer les serpents. Les danseuses arborent des tatouages aux motifs traditionnels, des bijoux et des vêtements richement décorés de petits miroirs et de broderies en fil d’argent. Les chants Kalbelia puisent leur matière dans les récits mythologiques dont ils transmettent la connaissance ; certaines danses traditionnelles spéciales sont exécutées à l’occasion du Holi, la fête des couleurs. Les chants témoignent également de l’habileté poétique des Kalbelias, réputés pour leur capacité à composer spontanément des paroles et à improviser des chants pendant les représentations. Transmis de génération en génération, les chants et les danses s’inscrivent dans une tradition orale, qui ne s’appuie sur aucun texte ni manuel de formation. Le chant et la danse sont, pour la communauté Kalbelia, une source de fierté et un marqueur de leur identité, à une époque où leur mode de vie nomade traditionnel et leur rôle dans la société rurale disparaissent peu à peu. Ils sont la preuve des efforts déployés par une communauté pour revitaliser son patrimoine culturel et l’adapter aux changements socio-économiques.


Inde – Le Mudiyettu, théâtre rituel et drame dansé du Kerala

Le Mudiyettu est un drame rituel dansé du Kerala fondé sur le récit mythologique d’un combat entre la déesse Kali et le démon Darika. C’est un rituel communautaire auquel participe le village tout entier. Après avoir récolté les cultures estivales, les villageois se rendent au temple au petit matin, le jour dit. Les interprètes traditionnels du Mudiyettu se purifient à travers le jeûne et la prière, puis dessinent sur le sol du temple, à l’aide de poudres colorées, un portrait géant de la déesse Kali, appelé kalam, dans lequel l’esprit de la déesse est invoqué. Cela prépare le terrain pour la représentation vivante qui suit, dans laquelle le divin et sage Narada presse Shiva de maîtriser le démon Darika, qui est immunisé contre la défaite par l’homme. Shiva ordonne à la place que Darika meure des mains de la déesse Kali. Le Mudiyettu se pratique chaque année dans les « Bhagavati Kavus », temples de la déesse, dans les différents villages au bord des rivières Chalakkudy Puzha, Periyar et Moovattupuzha. La coopération mutuelle et la participation collective de chaque caste au rituel inspirent et renforcent l’identité commune et les liens réciproques dans la communauté. La responsabilité de sa transmission revient aux anciens et aux comédiens les plus âgés qui engagent des apprentis dans la jeune génération au cours de l’accomplissement du rituel. Le Mudiyettu est un vecteur culturel important pour la transmission aux générations futures des valeurs traditionnelles, de l’éthique, des codes moraux et des normes esthétiques de la communauté, assurant ainsi leur continuité et leur pertinence à l’époque actuelle.

Indonésie – L’Angklung indonésien

L’Angklung est un instrument de musique indonésien composé de deux à quatre tubes de bambou disposés verticalement dans une structure en bambou et attachés avec des cordes en rotin. Les tubes sont taillés et découpés avec soin par un maître artisan pour produire certaines notes quand on secoue ou on frappe le cadre en bambou. Chaque Angklung émet une note ou un accord unique, si bien que plusieurs joueurs doivent collaborer pour exécuter des mélodies. L’Angklung traditionnel utilise l’échelle pentatonique, mais en 1938 le musicien Daeng Soetigna a introduit un Angklung utilisant l’échelle diatonique, connu sous le nom de angklung padaeng. Étroitement lié aux coutumes traditionnelles, aux arts et à l’identité culturelle en Indonésie, l’Angklung se joue au cours de cérémonies comme la plantation du riz, la récolte ou encore la circoncision. La récolte du bambou noir spécial pour l’Angklung se pratique durant les deux semaines de l’année où chantent les cigales, et le bambou est taillé au moins à trois segments du sol pour que ses racines continuent de s’étendre. L’enseignement de l’Angklung se transmet oralement de génération en génération, et de plus en plus dans les établissements scolaires. En raison de la nature de la musique de l’Angklung qui se joue en collaboration, sa pratique favorise la coopération et le respect mutuel entre les joueurs, ainsi que la discipline, le sens des responsabilités, la concentration, le développement de l’imagination et de la mémoire, ainsi que le sens artistique et musical.

Iran – Les rituels du Pahlevani et du Zoorkhanei

Le Pahlevani est un art martial iranien qui mêle des éléments de l’islam, du gnosticisme et de croyances perses anciennes. Il désigne un ensemble rituel de mouvements de gymnastique et de callisthénie, accomplis par dix à vingt hommes manipulant chacun des instruments qui symbolisent les armes anciennes. Le rituel se déroule dans un zoorkhane, édifice sacré surmonté d’un dôme qui comprend une arène octogonale dominée par une ou plusieurs rangées circulaires de gradins pour le public. Le morshed (maître), qui dirige le rituel du Pahlevani, déclame des poèmes épiques et gnostiques et marque le rythme sur un zarb (tambour à pied). Les poèmes qu’il récite véhiculent des enseignements éthiques et sociaux et font partie de la littérature du Zoorkhanei. Les participants au rituel du Pahlevani peuvent appartenir à toutes les couches sociales ou obédiences religieuses et chaque groupe a des liens forts avec sa communauté locale, travaillant pour aider ceux de ses membres qui sont dans le besoin. Au cours de l’instruction, des valeurs éthiques et chevaleresques sont enseignées aux élèves sous la supervision d’un pīshkesvat (champion). Ceux qui maîtrisent les différents arts et techniques, observent des principes religieux et passent avec succès les diverses étapes éthiques et morales du gnosticisme peuvent acquérir le rang prestigieux de pahlevanī (héros), qui leur confère un statut et une autorité au sein de la communauté. On dénombre actuellement 500 zoorkhanes en Iran, chacun regroupant des praticiens, des fondateurs et plusieurs pīshkesvats.


Iran – L’art dramatique rituel du Ta‘zīye

Le Ta‘zīye (ou Taziyeh) est un art dramatique rituel qui met en scène des événements religieux, des récits historiques et mythiques et des contes populaires. Chaque représentation comporte quatre éléments : poésie, musique, chant et mouvements. Les représentations peuvent dans certains cas comporter une centaine de rôles qui se répartissent entre personnages historiques, religieux, politiques, sociaux, surnaturels, réels, imaginaires et fantastiques. Chaque pièce de Ta‘zīye est unique par son thème, ses costumes et sa musique. Les représentations sont riches en symboles, conventions, codes et signes que les spectateurs iraniens comprennent parfaitement ; elles se déroulent sur une scène, sans éclairage ni décors. Les acteurs sont exclusivement des hommes qui jouent donc les rôles féminins ; ce sont, pour la plupart, des amateurs qui gagnent leur vie grâce à une autre activité, mais qui jouent pour obtenir une récompense spirituelle. Si le Ta‘zīye tient une place importante dans la culture, la littérature et l’art iranien, ses pièces rituelles inspirent également des proverbes en usage dans la vie courante. Ses représentations aident à promouvoir et à renforcer les valeurs religieuses et spirituelles, l’altruisme et l’amitié tout en préservant les traditions anciennes, la culture nationale et la mythologie iranienne. Le Ta‘zīye joue également un rôle significatif dans la préservation de l’artisanat qui lui est associé, notamment la confection des costumes, la calligraphie et la fabrication des instruments. Sa flexibilité lui a permis de devenir un langage commun à différentes communautés, favorisant la communication, l’unité et la créativité. Le Ta‘zīye est transmis par l’exemple et l’enseignement oral, directement de maître à élève.

/
Iran – La musique des Bakhshis du Khorasan

Dans la province du Khorasan, les Bakhshis sont réputés pour leur talent de joueurs de dotār, un luth à long manche doté de deux cordes. Ils déclament des poèmes et des épopées islamiques et gnostiques sur des thèmes mythologiques, historiques ou légendaires. Leur musique, appelée maghami, consiste en pièces instrumentales et/ou vocales, interprétées en turc, kurde, turkmène et perse. Le Navāyī est le magham le plus répandu : il est extrêmement varié, vocal, dépourvu de rythme, accompagné de poèmes gnostiques. Les autres exemples sont notamment les maghams turcs Tajnīs et Gerāyelī, les thèmes religieux du Shākhatāyī, et le Loy, un ancien magham romantique des Kurdes Kormanj du Nord du Khorasan. Pour les Bakhshis, l’une des cordes du dotār est mâle et l’autre femelle ; la corde mâle reste ouverte, tandis que la corde femelle est utilisée pour jouer la mélodie principale. La musique bakhshi est transmise soit selon la méthode traditionnelle par enseignement direct de maître à l’élève, méthode réservée aux hommes de la famille ou du voisinage, soit selon des méthodes modernes où un maître forme plusieurs élèves des deux sexes et de diverses origines. La musique transmet l’histoire, la culture, les règles éthiques et religieuses fondamentales. C’est pourquoi le rôle social des Bakhshis ne se limite pas à celui de simple narrateur, mais fait d’eux des juges, des médiateurs et des guérisseurs, ainsi que les gardiens du patrimoine culturel ethnique et régional de leur communauté.

Iran – Les savoir-faire traditionnels du tissage des tapis du Fars

Les Iraniens sont réputés dans le monde entier pour leur maîtrise de l’art du tissage des tapis, les tisseurs du Fars, dans le sud-ouest de l’Iran, comptant parmi les plus renommés d’entre eux. La laine utilisée pour les fabriquer est tondue par les hommes de la communauté au printemps ou en automne. Les hommes construisent ensuite le métier à tisser, un cadre horizontal placé à même le sol, tandis que les femmes filent la laine sur des rouets. Les teintures employées (rouge, bleu, brun et blanc) sont pour l’essentiel naturelles et obtenues à partir de plantes : garance, indigo, feuille de laitue, brou de noix, queues de cerises et peau de grenade. Les femmes s’occupent du dessin, du choix des couleurs et du tissage ; elles reproduisent sur les tapis des scènes de leur vie nomade. Elles tissent sans carton (modèle), de sorte qu’elles ne tissent jamais deux tapis avec le même dessin. Le fil teint est noué autour du fil de chaîne pour créer le tapis. Pour finir, les bords sont cousus, l’excès de laine est éliminé pour faire ressortir les motifs et le tapis subit un nettoyage final. Tous ces savoir-faire sont transmis oralement et par l’exemple : les mères apprennent à leurs filles l’usage des matériaux, des outils et des techniques, tandis que les pères entraînent leurs fils à tondre la laine et à fabriquer des métiers à tisser.


Iran – Les savoir-faire traditionnels du tissage des tapis à Kashan

À Kashan, ville qui est depuis longtemps le centre du tapis de qualité, près d’un habitant sur trois est employé à la fabrication de tapis et parmi ceux-ci plus des deux tiers sont des femmes. Le processus de fabrication des tapis commence par un dessin, élaboré en puisant parmi un ensemble de styles établis, avec des motifs de fleurs, de feuilles, de branches, d’animaux et de scènes inspirées de l’histoire. Le métier à tisser employé est appelé dar ; les fils de chaîne et de trame sont en coton ou en soie. Le tapis est réalisé en nouant des brins de laine ou de soie sur la chaîne selon une technique appelée point de farsi ; les nœuds sont maintenus en place par un fil de trame, le tout étant tassé à l’aide d’un peigne. Le style de tissage farsi (également appelé nœud asymétrique) est pratiqué à Kashan avec une délicatesse exceptionnelle, dont témoigne le dessous du tapis avec ses nœuds fins et réguliers. Les tapis de Kashan doivent leurs coloris à l’emploi de teintures naturelles, issues notamment de la garance, du brou de noix, de la peau de grenade et de la feuille de vigne. Les savoir-faire traditionnels du tissage des tapis de Kashan sont transmis aux filles par apprentissage auprès de leurs mères et grands-mères. C’est également par apprentissage que les hommes acquièrent les techniques de dessin, de teinture, de tonte des moutons, de fabrication des métiers et outils.

Japon – Le Kumiodori, théâtre traditionnel musical d’Okinawa

Le Kumiodori est un art du spectacle japonais pratiqué dans l’archipel Okinawa. Fondé sur la musique et la danse traditionnelles d’Okinawa, il intègre des éléments venus des îles principales de l’archipel nippon, tels que le Nogaku ou le Kabuki, et de Chine. Le répertoire du Kumiodori relate des évènements historiques ou des légendes, avec l’accompagnement d’un instrument de musique traditionnel à trois cordes. Les textes ont un rythme particulier, basé sur la poésie traditionnelle et l’intonation particulière de la gamme de Ryukyu, et sont interprétés dans la langue ancienne d’Okinawa. Les mouvements des acteurs évoquent ceux d’une pythonisse lors des rituels traditionnels de l’ancienne Okinawa. Tous les rôles sont tenus par des hommes ; les coiffures, les costumes et les décors employés sur scène font appel à des techniques spécifiques que l’on ne trouve qu’à Okinawa. La nécessité de renforcer la transmission a incité des acteurs de Kumiodori à créer la Société de préservation du Kumiodori traditionnel qui forme des acteurs, fait revivre des pièces du répertoire qui avaient été abandonnées et organise régulièrement des représentations. Outre les œuvres classiques qui ont pour thèmes principaux la loyauté et le devoir filial, de nouvelles pièces ont été produites sur des thèmes et chorégraphies contemporains, mais en conservant le style du Kumiodori traditionnel. Le Kumiodori joue un rôle crucial dans la préservation du vocabulaire ancient d’Okinawa ainsi que dans la transmission de la littérature, des arts du spectacle, de l’histoire et des valeurs éthiques.

/Japon – Le Yuki-tsumugi, technique de production de soierie

Le Yuki-tsumugi est une technique japonaise de tissage de la soie que l’on trouve principalement dans les villes de Yuki et Oyama, sur les bords de la rivière Kinu, au nord de Tokyo. La région jouit d’un climat doux et de terres fertiles, conditions idéales pour la culture du mûrier et la sériciculture. La technique du Yuki-tsumugi est employée pour produire du pongé (également appelé soie sauvage) – étoffe légère et chaude, douée d’une souplesse et d’une douceur caractéristiques, traditionnellement employée pour faire les kimonos. La production de l’étoffe comporte plusieurs étapes : filage à la main de la bourre de soie, confection à la main d’écheveaux avant teinture du fil à l’indigo pour réaliser des motifs, puis tissage de la soie sur un métier à sangle dorsale. La bourre de soie qui sert à produire le fil du Yuki-tsumugi provient de cocons vides ou déformés de vers à soie, inutilisables pour la production du fil de soie. Ce procédé de recyclage joue un rôle majeur en procurant des moyens d’existence supplémentaires aux communautés locales qui pratiquent la sériciculture. Les techniques traditionnelles du Yuki-tsumugi sont transmises par les membres de l’Association pour la préservation de la technique de tissage Honba Yuki-tsumugi. Cette association s’occupe de maintenir vivantes les traditions de filage, teinture et tissage transmises de génération en génération au sein de la communauté. Elle encourage la transmission du Yuki-tsumugi par des échanges de savoir-faire, la formation de jeunes tisserands et des démonstrations.

Lituanie – Les Sutartinės, chants lituaniens à plusieurs voix

Les Sutartinės (du mot sutarti – être en accord) représentent une forme de musique polyphonique chantée par les femmes dans le nord-est de la Lituanie. Les chants ont de simples mélodies, avec deux à cinq hauteurs de ton, qui comprennent deux parties distinctes : un texte principal significatif et un refrain qui peut contenir des paroles de circonstances. Il y a près de quarante styles et manières différents d’interpréter les Sutartinės. Ils sont principalement interprétés en secondes parallèles par deux chanteurs, par trois chanteurs en canon strict, qui chantent tous ensemble les deux phrases de la mélodie à des intervalles décalés, par deux groupes de chanteurs, le chanteur principal de chaque groupe interprétant les couplets, tandis que le partenaire chante le refrain, avant que le second groupe le reprenne. Les textes poétiques abordent des thèmes aussi variés que le travail, les rituels du cycle calendaire, les mariages, la famille, les guerres, les événements historiques et autres moments de l’existence. La chorégraphie n’est pas compliquée et les mouvements sont modérés, souvent solennels : marche en cercle ou en forme d’étoile, en se tenant les bras et en tapant du pied. Les Sutartinės sont interprétés dans des circonstances solennelles, ainsi qu’à l’occasion de fêtes, de concerts et autres rencontres sociales. Leur exécution contribue à promouvoir le partage des valeurs culturelles et donne un sentiment d’identité culturelle, de continuité et d’estime de soi Les Sutartinės sont essentiellement chantés par des femmes, mais les hommes en jouent une version instrumentale à la flûte de Pan, au cor, à la longue trompette en bois, à la flûte à conduit ou au cistre.

Luxembourg – La procession dansante d’Echternach

Chaque année, le mardi de la Pentecôte (fête religieuse chrétienne), a lieu dans le centre-ville moyenâgeux d’Echternach, la plus ancienne ville du Luxembourg, la procession dansante d’Echternach (Iechternacher Sprangprëssioun). Documentée dès l’an 1100, la procession a pour fondement le culte de saint Willibrord, moine et fondateur de l’Abbaye d’Echternach, vénéré pour ses activités missionnaires, ses bienfaits et son don de guérir certaines maladies. Malgré l’opposition de l’Église due aux éléments païens de la procession, ses interdictions successives n’ont pas empêché son extension à la région entière et à toutes les catégories sociales. La procession commence de bon matin dans la cour de l’ancienne abbaye, en présence des plus hautes autorités ecclésiastiques du pays et de nombreux autres pays. Les chanteurs récitent des litanies, suivis de quelque 8 000 danseurs, divisés en 45 groupes selon un rituel transmis de génération en génération. Elle s’achève par un office dans la basilique. La procession actuelle est un événement religieux profondément ancré dans la tradition qui s’exprime par la prière, les chants et la danse, forme historique du culte. De nos jours, la procession, soutenue par les autorités civiles et religieuses, rencontre un succès croissant malgré la sécularisation, avec en moyenne chaque année 13 000 pèlerins provenant du Luxembourg et des régions avoisinantes.

Mexique – Les Parachicos dans la fête traditionnelle de janvier à Chiapa de Corzo

La Grande Fête traditionnelle se déroule chaque année du 4 au 23 janvier à Chiapa de Corzo, au Mexique. Cette fête, qui associe musique, danse, artisanat, gastronomie, cérémonies religieuses et festivités, est organisée en l’honneur de trois saints catholiques : Saint Antoine Abbot, Notre-Seigneur d’Esquipulas et, le plus important, Saint Sébastien. Les danses des Parachicos – le terme désigne à la fois les danseurs et la danse – sont considérées comme une offrande collective à ces saints. Elles commencent le matin et se terminent à la nuit : les danseurs défilent dans toute la ville en portant des statues des saints et font des haltes dans divers lieux de culte. Chaque danseur porte un masque en bois sculpté surmonté d’une coiffe, une couverture, un châle brodé et des rubans multicolores ; il joue des chinchines (maracas). Les danseurs sont guidés par le Patron, qui porte un masque à l’expression sévère, une guitare et un fouet, tout en jouant de la flûte accompagné par un ou deux joueurs de tambour. Pendant la danse, il entonne des prières de louanges auxquelles les Parachicos répondent par des acclamations. La danse est transmise et apprise sur le tas, les jeunes enfants s’efforçant d’imiter les danseurs adultes. La technique de fabrication des masques est transmise de génération en génération, depuis la coupe du bois et son séchage jusqu’à la sculpture et la décoration finale. La danse des Parachicos pendant la Grande Fête embrasse toutes les sphères de la vie locale, favorisant le respect mutuel entre communautés, groupes et individus.

Mexique – La Pirekua, chant traditionnel des P’urhépecha

La Pirekua est une musique traditionnelle des communautés autochtones P’urhépecha de l’État du Michoacán, Mexique, que chantent aussi bien les hommes que les femmes. Son mélange de styles divers a des origines africaines, européennes et américaines autochtones, avec des variations régionales identifiées dans 30 communautés P’urhépecha sur 165. Une Pirekua, qui est généralement chantée avec un rythme lent, peut également être présentée dans un style non-vocal en utilisant différents rythmes tels que les sones (3/8) et abajeños (6/8). La Pirekua peut être chantée en solo, en duo ou en trio, ou être accompagnée par des ensembles vocaux, des orchestres à cordes et mixtes (avec des instruments à vent). Les pirériechas (chanteurs et interprètes de Pirekua) sont réputés pour leur créativité et leurs interprétations de chants plus anciens. Les paroles couvrent un large éventail de thèmes allant des événements historiques à la religion, la pensée sociale et politique, l’amour et la cour auprès des femmes, faisant un usage intensif de symboles. La Pirekua sert de moyen de dialogue effectif entre les familles et les communautés P’urhépecha qui la pratiquent, en aidant à établir et à resserrer les liens. Les pirériechas servent aussi de médiateurs sociaux, en utilisant les chants pour exprimer des sentiments et communiquer des événements importants aux communautés P’urhépecha. La Pirekua se transmet traditionnellement par oral, de génération en génération, en conservant son caractère d’expression vivante, marqueur identitaire et moyen de communication artistique pour plus de cent mille P’urhépecha.

Mexique – La cuisine traditionnelle mexicaine – culture communautaire, vivante et ancestrale, le paradigme de Michoacán

La cuisine traditionnelle mexicaine est un modèle culturel complet qui rassemble des pratiques agricoles, rituelles, des talents de longue date, des techniques culinaires et des coutumes et manières communautaires ancestrales. Cela est rendu possible grâce à la participation collective dans la chaîne alimentaire traditionnelle tout entière : de la plantation et la récolte à la cuisson et à la dégustation. La base du système est fondée sur le maïs, les haricots et le piment chili ; les méthodes agricoles uniques comme la milpa (champ de maïs et autres cultures par rotation sur brûlis) et la chinampa (îlot de culture artificiel dans une zone lacustre) ; les procédés de cuisson, comme la nixtamalisation (décorticage du maïs à l’eau de chaux qui augmente sa valeur nutritive) ; et les ustensiles particuliers comme la pierre meulière et le mortier en pierre. Des ingrédients autochtones, parmi lesquels figurent des variétés de tomates, de courges, d’avocats, de cacao et de vanille, s’ajoutent aux produits alimentaires de base. La cuisine mexicaine est élaborée et chargée de symboles, avec les tortillas et les tamales quotidiens, tous deux à base de maïs, qui font partie intégrante des offrandes du Jour des Morts. Des collectifs de cuisinières et d’autres praticiens consacrés au développement des cultures et de la cuisine traditionnelle sont constitués dans l’État du Michoacán et dans tout le Mexique. Leurs savoirs et techniques sont l’expression de l’identité communautaire, renforcent les liens sociaux et consolident les identités nationale, régionale et locale. Ces efforts accomplis dans le Michoacán soulignent également l’importance de la cuisine traditionnelle comme moyen de développement durable.


Mongolie – Le Naadam, festival traditionnel mongol

Le Naadam est un festival national qui se déroule tous les ans du 11 au 13 juillet dans toute la Mongolie ; il s’articule autour de trois jeux traditionnels : la course de chevaux, la lutte et le tir à l’arc. Le Naadam mongol est intimement lié au mode de vie nomade des Mongols qui pratiquent depuis très longtemps le pastoralisme dans les vastes steppes de l’Asie centrale. Des traditions orales, des arts du spectacle, des plats nationaux, l’artisanat et des formes culturelles telles que le chant long, le chant diphonique Khöömei, la danse Bie biyelgee et le violon appelé morin khuur sont également des composantes majeures du Naadam. Les Mongols suivent des rituels et des pratiques spécifiques pendant le festival, notamment le port de costumes spéciaux et l’utilisation d’outils et d’articles de sport particuliers. Les participants vénèrent les sportifs, hommes, femmes et enfants, qui participent aux compétitions et les vainqueurs se voient décerner des titres en récompense de leurs exploits. Les chants de prières et poèmes rituels sont dédiés aux candidats dans les événements. N’importe qui est autorisé et encouragé à participer au Naadam, ce qui favorise la participation et la cohésion de la communauté. Les trois sports pratiqués sont directement liés au mode et aux conditions de vie des Mongols, et leur transmission est traditionnellement assurée par les membres de la famille dans le cadre de l’apprentissage au sein du foyer, bien que des modes de formation plus formels soient récemment apparus pour la lutte et le tir à l’arc. Les rituels et coutumes du Naadam mettent en outre l’accent sur le respect de la nature et de l’environnement.

/Mongolie – L’art traditionnel du Khöömei mongol

Le Khöömei est une forme de chant originaire de l’Ouest de la Mongolie, dans les montagnes de l’Altaï. Le chanteur imite des sons de la nature, en émettant simultanément deux sons vocaux distincts : un bourdon continu sur lequel se superpose une mélodie d’harmoniques. Le Khöömei, qui signifie littéralement pharynx, passe pour s’être inspiré des oiseaux dont les esprits tiennent une place centrale dans les pratiques chamaniques. Les innombrables techniques de Khöömei mongol sont regroupées en deux styles principaux : le kharkhiraa (Khöömei profond) et l’isgeree Khöömei (Khöömei sifflé). Dans le kharkhiraa le chanteur produit un bourdon en voix de gorge, en faisant ressortir l’harmonique inférieure ou la sous-harmonique de l’octave en dessous. Dans l’isgeree Khöömei, ce sont les harmoniques supérieures de la fondamentale qui sont mises en valeur, ce qui produit un sifflement aigu. Dans les deux cas, le bourdon est produit avec des cordes vocales très tendues, tandis que la mélodie est créée en modulant la taille et la forme de la cavité buccale, en ouvrant et fermant les lèvres et en bougeant la langue. Le Khöömei est exécuté par les nomades mongols en diverses occasions sociales, allant des grandes cérémonies d’État aux événements festifs domestiques. Le Khöömei est également chanté par ceux qui font paître les troupeaux et à l’intérieur de la yourte pour bercer les bébés. Il est traditionnellement transmis par les détenteurs aux apprenants ou par les maîtres aux apprentis.

Oman – Al-Bar’ah, musique et danse des vallées du Dhofar d’Oman

L’al-Bar’ah est une tradition musicale bédouine des chaînes montagneuses du Dhofar au sud d’Oman. Elle prend la forme d’une danse à caractère guerrier exécutée au son du tambour et de la poésie chantée dans le dialecte des tribus locales. L’al-Bar’ah est exécutée en demi-cercle par dix à trente hommes et femmes. Tout en chantant et en battant des mains, deux danseurs masculins munis de khanjars (poignards), exécutent des mouvements de danse codifiés, en brandissant leurs poignards au-dessus du niveau de l’épaule. Les pas des danseurs ne sont pas complexes, mais la coordination avec les autres exécutants et avec la musique requiert une habileté considérable. Chaque tribu a sa propre forme caractéristique d’al-Bar’ah, qui diffère des autres par le rythme des percussions et les pas de danse exécutés. L’accompagnement musical est joué par les tambours al-kasir, al-rahmâni et ad-daff et la flûte al-qassaba. La danse est exécutée à l’extérieur, à l’occasion des mariages, des circoncisions et des fêtes religieuses. Comme pour d’autres danses bédouines, les distinctions de classe et autres disparaissent puisque les chefs de tribus dansent aux côtés des plus humbles de la population. La tradition représente l’esprit chevaleresque, la force, le courage, la générosité et l’hospitalité associés aux Bédouins. La danse met aussi l’accent sur les thèmes poétiques de l’amour et de la séduction. L’al-Bar’ah a beaucoup de praticiens du Dhofar qui contribuent à entretenir et à transmettre sa diversité poétique et sa pratique.

Pérou – La Huaconada, danse rituelle de Mito

La Huaconada est une danse rituelle exécutée dans le village de Mito, province de Concepción, dans les Andes centrales péruviennes. Chaque année, les trois premiers jours de janvier, des hommes masqués, appelés huacones, exécutent dans le centre de la ville un ensemble de danses chorégraphiées. Les huacones représentent l’ancien conseil des anciens et deviennent la plus haute autorité de la ville pendant toute la durée de la Huaconada. Le tronador (fouet) et le masque qu’ils portent mettent ce rôle en relief ; le masque se caractérise par un nez très accentué qui évoque le bec du condor, créature qui représente l’esprit des montagnes sacrées. La danse met en scène deux catégories de huacones : les anciens, qui portent des costumes traditionnels et des masques finement sculptés inspirant le respect et la crainte ; et les huacones modernes, qui portent des tenues bariolées et dont les masques expriment la terreur, la tristesse ou la moquerie. Pendant la Huaconada, les huacones modernes exécutent un répertoire limité de pas autour des anciens qui, du fait de leur âge, bénéficient pour leur part d’une plus grande liberté pour improviser des mouvements de danse. Un orchestre joue différents rythmes, marqués sur un petit tambour autochtone appelé tinya. La Huaconada synthétise des éléments distincts, originaires des Andes et d’Espagne, en intégrant des éléments nouveaux, contemporains. Seuls les hommes de bonne conduite et d’une grande intégrité morale peuvent devenir huacones. La danse est traditionnellement transmise de père en fils ; les costumes et les masques sont également transmis comme héritage.

Pérou – La danse des ciseaux

La danse des ciseaux est exécutée par les habitants des villages et communautés Quechua de la partie sud des Andes centrales du Pérou et, depuis quelques temps, en zone urbaine. Cette danse rituelle qui prend la forme d’une compétition est exécutée pendant la saison sèche et coïncide avec les principales phases du calendrier agraire. La danse des ciseaux tire son nom de la paire de lames en métal poli semblables à des lames de ciseaux que chaque danseur brandit dans sa main droite. Avec un violoniste et un harpiste, un danseur forme une cuadrilla (équipe) qui représente un village ou une communauté donné. La danse met face à face au moins deux cuadrillas dont les danseurs doivent entrechoquer leurs lames en rythme avec les musiciens qui les accompagnent, tout en se livrant à un duel chorégraphique qui mêle step dance, acrobaties et mouvements de difficulté croissante. Le duel, ou atipanakuy, peut durer jusqu’à dix heures ; la capacité physique, la qualité des instruments et le savoir-faire des musiciens accompagnateurs sont autant de critères évalués pour déterminer le vainqueur. Les danseurs portent des costumes brodés avec des franges dorées, des sequins multicolores et des petits miroirs, mais il leur est interdit de pénétrer dans une église dans cette tenue à cause de la tradition qui veut que leurs capacités soient le fruit d’un pacte avec le diable. Cela n’a pas empêché la danse des ciseaux de devenir une composante appréciée des fêtes catholiques. Les connaissances physiques et spirituelles implicites dans la danse sont transmises oralement de maître à élève, chaque cuadrilla de danseurs et de musiciens étant une source de fierté pour son village d’origine.

République de Corée – Le Daemokjang, architecture traditionnelle en bois

Le terme « Daemokjang » désigne globalement l’architecture coréenne traditionnelle en bois et en particulier les artisans qui utilisent les techniques traditionnelles de travail du bois. Les activités de ces praticiens couvrent également l’entretien, la réparation et la reconstruction de bâtiments historiques, allant des maisons coréennes traditionnelles aux palais et temples monumentaux en bois. Les Daemokjang prennent en charge la totalité du processus de construction, y compris la planification, les plans et la construction des édifices, ainsi que la supervision des artisans placés sous leurs ordres. Les structures en bois créées par les Daemokjang se caractérisent par la douceur de leurs lignes, leur simplicité et leur absence d’ornementation – traits distinctifs de l’architecture coréenne traditionnelle. Les méthodes de construction traditionnelles exigent des compétences techniques pour élaborer les plans de l’édifice en tenant compte de sa taille, de son emplacement et de sa fonction, mais aussi un sens esthétique pour le choix du bois qui servira de matériau de construction, la coupe et la taille du bois, l’assemblage et le verrouillage des différentes pièces de bois sans clous, selon la fameuse technique qui leur permet « de résister un millier d’années ». Le savoir-faire des Daemokjang a été transmis de génération en génération ; sa maîtrise exige des décennies de formation et d’expérience. En s’occupant de restaurer des édifices monumentaux en employant les techniques traditionnelles, les Daemokjang réinterprètent la beauté de l’architecture traditionnelle grâce à leur créativité artistique et la recréent grâce à leur savoir-faire technique.

République de Corée – Le Gagok, cycles de chant lyrique accompagnés d’un orchestre

Le Gagok est un genre de musique vocale traditionnelle coréenne, chantée par les hommes et les femmes avec l’accompagnement d’une petite formation orchestrale ; il constitue, avec plusieurs autres formes de chant, le jeongga ou « bon chant ». Autrefois associé à la haute société, le Gagok est aujourd’hui une musique très populaire dans tout le pays. Il comprend vingt-six namchang, ou chants pour les hommes, et quinze yeochang, ou chants pour les femmes. Les namchang se caractérisent par leurs voix puissantes, profondes et sonores, tandis que les yeochang se distinguent par leurs voix aiguës et fluettes. Les chants du Gagok sont composés dans une tonalité soit solennelle et paisible, soit mélancolique, sur un rythme à 10 ou à 16 temps. Les instruments traditionnels de l’orchestre sont notamment le geomungo (cithare à six cordes), le daegeum (flûte traversière en bambou), le gayageum (cithare à douze cordes) et le piri (petit instrument à vent à anche double). Les chants du Gagok sont tenus en haute estime en raison de leur lyrisme, de leur harmonie, de leurs mélodies raffinées et de leur composition musicale recherchée. Il faut beaucoup de temps et d’efforts pour acquérir la maîtrise de ce chant et les concerts requièrent un investissement personnel et un contrôle considérable. Le Gagok est préservé et transmis dans des centres locaux de formation au patrimoine par les praticiens, leurs communautés et des associations spécialisées. Le Gagok a joué un rôle important dans la formation de l’identité coréenne.

Espagne – Le Flamenco

Le Flamenco est une expression artistique qui résulte de la fusion du chant (cante), de la danse (baile) et de l’accompagnement musical (toque). L’Andalousie, dans le sud de l’Espagne, est le berceau du Flamenco, bien qu’il ait également des racines dans d’autres régions telles que la Murcie et l’Estrémadure. Le cante est l’expression vocale du flamenco : il est chanté par un homme ou une femme, de préférence assis, sans chanteurs d’accompagnement. Toute la gamme des sentiments et des états d’esprit – chagrin, joie, tragédie, allégresse, peur – s’exprime à travers des paroles sincères d’une grande expressivité qui se caractérisent par leur concision et leur simplicité. Le baile est une danse de passion, de séduction, qui traduit un large éventail de situations allant de la tristesse à la joie. Sa technique est complexe et diffère selon que le protagoniste est un homme (davantage de vigueur dans les pieds) ou une femme (plus douce et sensuelle dans ses mouvements). Le toque, ou art de jouer de la guitare, a depuis longtemps dépassé son rôle initial d’accompagnement. D’autres instruments, parmi lesquels les castagnettes, ainsi que les claquements de mains et les martèlements des pieds, sont également utilisés. Le Flamenco est joué lors des fêtes religieuses, des rituels, des cérémonies sacramentelles et des fêtes privées. Il est le marqueur d’identité de nombreux groupes et communautés, en particulier la communauté ethnique des Gitans (Roms) qui a joué un rôle essentiel dans son évolution. La transmission s’effectue au sein des dynasties, des familles, des groupes sociaux et des clubs de Flamenco qui sont tous des acteurs déterminants de sa préservation et de sa diffusion.


Espagne -Les tours humaines

Les Castells sont des tours humaines érigées par les membres de groupes d’amateurs dans les villes et villages de Catalogne, généralement lors des fêtes annuelles. L’endroit choisi est traditionnellement la place située devant le balcon de l’hôtel de ville. Les tours humaines se composent de castellers qui se juchent sur les épaules les uns des autres en une succession d’étages (entre six et dix). Chaque niveau du tronc, nom donné au deuxième niveau en partant du bas, est généralement composé de deux à cinq hommes solidement bâtis qui portent des jeunes garçons ou filles plus légers. Le pom de dalt – les trois derniers étages de la tour – est composé de jeunes enfants. N’importe qui peut former la pinya, la base humaine qui soutient la base de la tour. Chaque groupe se distingue des autres par son costume, notamment la couleur de ses chemises ; la large ceinture qui leur sert à se protéger le dos permet également aux castellers de s’agripper pour monter les étages de la tour. Avant, pendant et après la formation de la tour, des musiciens jouent diverses mélodies traditionnelles sur un instrument à vent appelé gralla, qui marque le rythme d’édification de la tour. Le savoir nécessaire à la formation des castells est traditionnellement transmis de génération en génération au sein d’un groupe et s’acquiert uniquement par la pratique.

/Espagne – Le chant de la Sibylle de Majorque

Le chant de la Sybille est chanté lors des Matines de Noël, la nuit du 24 décembre, dans toutes les églises de Majorque. Il marque la veillée de Noël et est chanté par un garçon ou une fille, accompagné par au moins deux enfants de chœur (garçons ou filles). Pendant le chant, ils traversent l’église en procession jusqu’au chœur ; le chanteur tient dans ses mains une épée dressée devant son visage, tandis que les enfants de chœur portent des cierges. À la fin du chant, le chanteur dessine un grand signe de croix dans l’air avec l’épée. Les versions du chant interprétées sur l’île s’écartent très peu de leurs racines grégoriennes : elles sont exécutées a cappella avec, entre deux versets, de la musique jouée à l’orgue. Le costume porté par le chanteur est généralement composé d’une tunique blanche ou de couleur, parfois brodée autour du cou et au niveau de l’ourlet, souvent recouverte d’une cape. Une coiffe de la même couleur que la tunique vient compléter sa tenue. Toutes les paroisses de Majorque pratiquent ce rite qui voit toutes les générations travailler côte à côte en tant que chanteurs, confectionneurs de costumes, célébrants et autres aides, assurant ainsi sa transmission.

Espagne; Grèce; Italie; Maroc – La diète méditerranéenne

La diète méditerranéenne est un ensemble de savoir-faire, connaissances, pratiques et traditions qui vont du paysage à la table, y compris les cultures, la récolte ou la moisson, la pêche, la conservation, la transformation, la préparation et, en particulier, la consommation d’aliments. La diète méditerranéenne se caractérise par un modèle nutritionnel qui est demeuré constant dans le temps et l’espace et dont les principaux ingrédients sont l’huile d’olive, les céréales, les fruits et légumes frais ou séchés, une proportion limitée de poisson, produits laitiers et viande, et de nombreux condiments et épices, le tout accompagné de vin ou d’infusions, toujours dans le respect des croyances de chaque communauté. Mais la diète (du grec diaita ou mode de vie) méditerranéenne recouvre beaucoup plus que la seule nourriture. Elle favorise les contacts sociaux, les repas collectifs étant la clé de voûte des coutumes sociales et des événements festifs. Elle a donné naissance à un formidable corpus de savoirs, chants, maximes, récits et légendes. Elle s’enracine dans le respect du territoire et de la biodiversité, et assure la conservation et le développement des activités traditionnelles et de l’artisanat liés à la pêche et à l’agriculture dans les communautés méditerranéennes dont Soria en Espagne, Koroni en Grèce, Cilento en Italie et Chefchaouen au Maroc représentent des exemples. Les femmes jouent un rôle particulièrement vital dans la transmission du savoir-faire, dans la connaissance des rituels, de la gestuelle et des célébrations traditionnelles, et enfin dans la sauvegarde des techniques.


Turquie – Le festival de lutte à l’huile de Kırkpınar

Le festival de lutte à l’huile de Kırkpınar se déroule à Edirne, en Turquie. Des milliers de personnes de différentes classes d’âge, cultures et régions se déplacent chaque année pour voir s’affronter les pehlivans (lutteurs) en quête de la ceinture d’or de Kırkpınar et du titre de pehlivan en chef. Chaque festival est lancé par son patron, l’aga de Kırkpınar, lors d’une cérémonie où se produisent quarante ensembles de joueurs de davul (grosse caisse) et de zurna (flûte). La ceinture d’or est portée à travers la ville au cours d’une procession, suivie de prières récitées à la mosquée Selimiye. Les tournois de lutte ont lieu traditionnellement sur le « champ de bataille ». Le maître de cérémonie présente les pehlivans au public en clamant en vers leurs noms, leurs titres et leurs exploits. Ensuite, le huileur aide les lutteurs à s’enduire d’huile, assisté du porteur de serviette, avant les exercices d’échauffement et le salut. Les lutteurs portent le kıspet, pantalon épais taillé dans un cuir de vache ou de buffle d’eau. Tandis que se déroule le tournoi, les joueurs de tambour et de flûte exécutent le répertoire traditionnel du festival. La lutte à l’huile de Kırkpınar est ouverte aux hommes de toutes cultures, régions et classes d’âge sans discrimination religieuse, linguistique ou raciale. Les pehlivans sont considérés comme des personnages exemplaires de la société ayant des qualités telles que la générosité, l’honnêteté, le sens du respect et l’attachement aux us et coutumes. Tous les pehlivans sont formés selon la tradition maître-apprenti.


Turquie – Le Semah, rituel Alevi-Bektaşi

Les Semahs peuvent être décrits comme un ensemble de mouvements corporels mystiques et esthétiques exécutés en harmonie rythmique. Ils constituent l’un des douze grands services des rituels Cem, pratiques religieuses auxquelles se livrent les fidèles de l’ordre Alevi-Bektaşi, un système de croyance fondé sur l’admiration d’Ali, quatrième calife à la suite du prophète Mohammed. Les Semahs sont exécutés par les semahçıs (danseurs de Semah), accompagnés par des musiciens dévots qui jouent du saz, luth à long manche. Il existe différentes formes de Semah dans les communautés Alevi-Bektaşi à travers la Turquie, chacune avec des caractéristiques musicales et des structures rythmiques distinctes. Une caractéristique constante est la représentation du rituel exécuté à la fois par des hommes et des femmes, côte à côte. Les rituels des Semahs reposent sur le concept de l’unité avec Dieu qui se réalise à travers un cycle naturel : l’être humain vient de Dieu et retourne vers Dieu. Il y a deux formes de Semahs : les İçeri Semahs qui sont exécutés dans les Cems par les seuls fidèles dans le cadre des douze services ; les Dışarı Semahs qui sont exécutés indépendamment des services afin de promouvoir la culture du Semah aux jeunes générations. Le Semah est le moyen de transmission le plus important de la tradition Alevi-Bektaşi. Toutes les pratiques, les motifs et enseignements traditionnels se transmettent oralement et les genres distincts d’art et de littérature associés à la tradition continuent de se développer. C’est ainsi que les Semahs jouent un rôle crucial en stimulant et en enrichissant la culture musicale traditionnelle de la Turquie.

Turquie – Les rencontres traditionnelles Sohbet

Les rencontres traditionnelles Sohbet jouent un rôle crucial dans la transmission de la littérature, des danses et de la musique populaires, des spectacles de village ainsi que des valeurs sociétales de la Turquie. Les hommes turcs se réunissent régulièrement à l’intérieur, surtout en hiver, pour discuter des problèmes sociaux et culturels locaux, sauvegarder les traditions et encourager la solidarité, le respect mutuel et le sens de la communauté. Les rencontres peuvent comporter de la musique, des danses et des spectacles, autant de divertissements appréciés tout en dégustant des plats locaux. Une rencontre traditionnelle Sohbet peut durer jusqu’au petit matin. Les rencontres sont accessibles aux hommes âgés de plus de 15 ou 16 ans, quels que soient leur ethnie, leur religion ou leur statut, la condition élémentaire requise étant que les membres soient issus d’une famille honnête, qu’ils soient dignes de confiance et respectueux de leurs aînés, et qu’ils n’aillent pas s’adonner au jeu ou errer en état d’ébriété. Les membres risquent d’être pénalisés en ayant une amende à payer s’ils viennent à manquer une rencontre, sauf en cas de circonstances atténuantes. Les mères et les épouses incitent les membres masculins à y assister en raison des avantages sociaux et culturels qui y sont associés. Les communautés comptent en général cinq à trente personnes et sont guidées par des chefs nommés à l’issue d’un vote ou sur proposition des aînés. Les membres de la communauté ont tous les mêmes droits et obligations. Les rencontres Sohbet revêtent une importante fonction éducative en transférant des valeurs éthiques telles que la justice sociale, la tolérance, la bienveillance et le respect.


Émirats arabes unis; Belgique; République tchèque; France; République de Corée; Mongolie; Maroc; Qatar; Arabie saoudite; Espagne; République arabe syrienne

La fauconnerie, un patrimoine humain vivant – La fauconnerie est l’activité traditionnelle qui consiste à conserver et dresser des faucons et autres rapaces pour attraper du gibier dans son environnement naturel. Utilisée à l’origine pour se procurer de la nourriture, elle est associée à l’esprit de camaraderie et de partage, plus qu’à la subsistance. On la trouve principalement le long des itinéraires et corridors de migration. Elle est pratiquée par des personnes de tous âges, hommes ou femmes, amateurs ou professionnels. Les fauconniers développent une relation forte et un lien spirituel avec leurs oiseaux ; une forte implication est nécessaire pour élever, former, dresser et faire voler les faucons. La fauconnerie est transmise de génération en génération en tant que tradition culturelle de multiples manières, parmi lesquelles l’apprentissage, l’éducation au sein de la famille ou la formation plus formelle dans des clubs. En Mongolie, au Maroc, au Qatar, en Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis, par exemple, les fauconniers emmènent leurs enfants dans le désert et leur apprennent à maîtriser l’oiseau et à établir une relation de confiance avec lui. Si les fauconniers sont d’origines très diverses, ils partagent des valeurs, des traditions et des pratiques communes que l’on retrouve dans le monde entier, notamment les méthodes d’entraînement des oiseaux et la façon de s’en occuper, l’équipement utilisé et le lien affectif entre le fauconnier et l’oiseau. La fauconnerie est le socle d’un patrimoine culturel plus large, qui inclut des costumes traditionnels, une alimentation, des chants, de la musique, de la poésie et des danses, autant de coutumes entretenues par les communautés et clubs qui la pratiquent.

Viet Nam – Les fêtes de Gióng des temples de Phù Ðông et de Sóc

Les fêtes de Gióng des temples de Phù Đổng et Sóc sont célébrées tous les ans dans les districts excentrés de Hanoi, la capitale du Vietnam. Chaque année au printemps, avant la récolte du riz, les Vietnamiens honorent le héros mythique Thánh Gióng, dieu et saint, qui aurait défendu le pays contre les ennemis étrangers ; il est vénéré en tant que protecteur des moissons, de la paix du pays et de la prospérité de la famille. Les fêtes du temple de Phù Đổng, qui se déroulent le quatrième mois lunaire dans le village de la naissance du dieu, reproduisent symboliquement ses exploits, à travers la conduite d’un cheval blanc dans une bataille et l’orchestration d’une danse du drapeau complexe qui symbolise la bataille proprement dite. De jeunes hommes reçoivent un entraînement complet pour jouer les rôles des commandants gardiens du drapeau, du tambour, du gong, de l’armée et des enfants, tandis que 28 filles âgées de 9 à 13 ans sont choisies pour jouer les généraux ennemis. Les mouvements de danse du commandant gardien du drapeau ainsi que le son du tambour et du gong évoquent le déroulement de la bataille ; des papillons en papier s’envolent du drapeau pour disperser symboliquement les envahisseurs. L’arrivée des pluies après la fête est considérée comme une bénédiction du saint pour une récolte abondante. Les célébrations au temple de Sóc, d’où le saint Gióng est monté au ciel, se déroulent le premier mois lunaire et incluent le rituel du bain de sa statue ainsi qu’une procession jusqu’au temple avec des fleurs de bambou qui servent d’offrandes au saint.

Plus d’information :

www.unesco.org/culture

Photos : reproduction avec l’autorisation de l’UNESCO.

Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.