Un historien chez les occultistes

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Occultus Politicus, publié il y a quelques mois, a été trop ignoré par la presse, y compris ‘spécialisée’. C’est pourtant le travail d’un bon connaisseur des boues idéologiques de notre temps que sagesse et bon sens n’endiguent pas.
CultureMag revient sur un sujet important.

Philippe Valode avait publié un Hitler et les sociétés secrètes (2009), emboîtant le pas de Louis Pauwels et Jacques Bergier (Le Matin des magiciens), Jean Prieur (Hitler, médium de Satan), Alexandre Adler (Sociétés secrètes, sur un thème proche mais parallèle), Pierre-André Taguieff (L’Imaginaire du complot mondial)… et j’en passe. Il était ainsi préparé à composer les mouvements d’une symphonie éditoriale sur la question épineuse des rapports gouvernants/paranormal, après ce premier mouvement sous forme de mise en bouche littéraire.

Occultus Politicus souffre d’un désir d’omniscience : la couverture cite treize noms célèbres dont la plupart n’ont rien de commun entre eux, y compris – désolé pour l’éditeur – un soi-disant goût pour l’irrationnel : d’Alexandre le Grand à Jacques Cœur, de Napoléon à Chirac… Ce n’est pas une liste mais un pâté d’alouette !

Hormis ce tape-à-l’œil publicitaire inconsistant, l’intérêt de cet ouvrage est double : agréable à lire, il constitue une synthèse ludique sur la question politique/occultisme/ésotérisme.
Il collectionne les historiettes (entre 4 et 7 pages) prises à diverses époques dont certaines demeurent méconnues : « Comment Thrasylle d’Alexandrie parvint à éviter la mort », « les astrologues de Richelieu », « Spiritisme et magnétisme à la cour du tsar Nicolas II »…

/D’autres chapitres ne dépassent pas l’anecdotique : « Frédégonde, la sorcière diabolique », « Jacques Cœur, alchimiste et faux-monnayeur », « Hitler, le médium du démon », « Le maréchal Pétain contre la franc-maçonnerie »…

On rit et on s’étonne parfois. Mais le ridicule ne tuant pas, et le contre-sens historique constituant un péché véniel, des sommets du vide sont proches (« Charlemagne et ses astrologues »), atteints (« Le plafond de Plessis-Bourré et Jean Bourré », « La mort de Louis XVI ou la vengeance des Templiers », dépassés (« L’Opus Dei, sainte mafia ? », « François Mitterrand, le Myste », « Jacques Chirac, l’inoxydable », « L’équipe de France maraboutée ? »).

En revanche, des passages, pris parmi des thèmes connus, sont charpentés, consistants, présentés tels des dossiers historiques selon une problématique originale : « Jeanne d’Arc accusée d’être une magicienne », « Henri Corneille Agrippa, savant et magicien », « L’affaire Urbain Grandier : des sorcières de Salem à la française », « Le diacre Pâris et les convulsionnaires du cimetière Saint-Médard »…

Philippe Valode, compilateur sérieux et historien honnête, comme en témoigne sa bibliographie « grand public », a manqué ‘quelque chose’ qui lui aurait permis d’écrire un livre de référence : une équipe de spécialistes car une entreprise de cette envergure dépasse les capacités d’un seul homme : l’Antiquité gréco-latine ne saurait être abordée sous le même angle que la Ve République…

Nonobstant ces réserves, le lecteur glanera au fil des pages des informations intéressantes, parfois croustillantes, sur l’engouement permanent entre les hommes de pouvoir et l’occultisme/ésotérisme depuis l’Egypte ancienne, quitte à renforcer ses connaissances par la lecture d’autres titres plus ambitieux.

Philippe Valode, Occultus Politicus, First Editions, 2009, 478 p., 19, 90 euros.

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