Pour en finir avec l’obscurité

/Un vieil alcoolique finit de se saouler au comptoir du bar où il a élu domicile quand un grand blond costaud entre et lui paye un verre. Ils échangent quelques paroles puis le grand costaud repart, laissant l’autre à ses rêveries d’ivrogne. Et c’est en quittant le bar que ce dernier découvre quelque chose qui va bouleverser sa vie.

Après le Complot des apparences publié l’an passé, on attendait beaucoup du second roman de Sacha Ramos et l’on doit bien convenir que si Pour en finir avec l’obscurité est très drôle, plein de cet humour grinçant et ironique qu’on retrouve avec plaisir dans les mots de Sacha Ramos, on reste un peu sur notre faim.

La deuxième partie du livre est très belle mais les séances SM avec le groupe de dépressifs anonymes, pour aussi véridiques qu’elles soient, comme l’affirme l’auteur, frisent parfois la caricature. Bien entendu, ces gens-là se caricaturent eux-mêmes et l’auteur ne fait que dépeindre leur monde affreux où tout ne doit plus être que transparence, renoncement de soi, confessions publiques, décervelages en bonne et due forme, seulement à quoi peut conduire cette critique ?
Elle fera rire ceux pour qui ce genre de séances d’abrutissement et de négation de soi sont évidemment effrayantes, rire de ce grand rire salvateur qu’affectionnait Philippe Muray ; mais fera-t-elle douter les thuriféraires de la transparence, les acharnés de la haine du mystère, les pourfendeurs de l’obscurité, qui préfèreront toujours la lumière des néons à la poésie du crépuscule ? Le rire est-il encore à la portée de ces gens-là ? Sont-ils même capables de comprendre le message du livre ? Il est à craindre que non. Autant essayer d’expliquer à Julian Assange qu’il y a des choses qu’il vaut mieux taire, que le silence aussi a ses vertus.

En ce sens, il ne fait aucun doute que certains passeront un grand moment de jouissance à la lecture de ce roman, mais qu’il demeurera éternellement hermétique et foncièrement réactionnaire à d’autres.

A moins bien entendu que le rôle de l’écrivain, pour aussi désespéré qu’il soit, n’en demeure pas moins de décrire les absurdités et les aberrations du monde dans lequel il vit et que l’on parie que le rire puisse sauver le monde et faire revenir les fous à la raison.

Sacha Ramos, Pour en finir avec l’obscurité, Editions Léo Scheer, 185 pages.

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