Prix Chateaubriand : François d’Assise d’André Vauchez

/Créé par le conseil général des Hauts-de-Seine, le Grand Prix d’Histoire Chateaubriand de l’année 2010 a été remis à la Vallée-aux-Loups pour sa vingt-quatrième édition à André Vauchez, professeur émérite à l’université Paris X Nanterre, membre de l’Institut, qui fut directeur de l’Ecole française de Rome et membre du conseil scientifique de la Société internationale d’études franciscaines d’Assise. Après Emmanuel de Waresquiel en 2008 et Emmanuel Fureix en 2009, éminents spécialistes du XIX° siècle et précédents lauréats, un médiéviste de renom est honoré à son tour par cette prestigieuse distinction.

L’ouvrage couronné s’intitule « François d’Assise. Entre histoire et mémoire » et a été publié chez Fayard. L’auteur, en grand connaisseur de la société italienne médiévale, sait nous restituer le cadre historique où évolua François, ainsi que les multiples aspects de sa vie, mais de cette véritable somme, du plus haut intérêt, retenons l’apport le plus neuf, l’analyse de l’image de saint François du Moyen Age à nos jours : « je le définis comme un prophète, c’est-à-dire comme quelqu’un qui était en avance sur son temps », précise-t-il.

Si le Poverello (1182-1226), devenu le saint patron de l’Italie en 1939, se détache avec éclat au premier rang des témoins marquants de l’histoire de la chrétienté, « depuis longtemps célèbre et universellement reconnu comme l’une des grandes figures spirituelles de l’humanité », il ne pouvait que susciter une invincible attraction sur les esprits les plus remarquables. Dès le début du XIV° siècle, la Divine Comédie de Dante l’évoquait en ces termes :

Veuve de son premier époux, la Pauvreté
Mille cent ans et plus dédaignée et obscure,
Resta jusqu’à lui (François) sans prétendant.

Renan lui-même n’a pas hésité à le placer aux sommets : « On peut dire que, depuis Jésus, François d’Assise a été le seul parfait chrétien. Ce qui fait sa singularité, c’est d’avoir, avec une foi et un amour sans bornes, entreprit l’accomplissement du programme de Galilée ». Plus récemment, en 1983, Julien Green, dans son « Frère François », souligna  à son tour ce caractère d’exception qui s’attache à son souvenir : « Dieu nous a offert son évangile une seconde fois, à mille deux cents ans de distance ».

Ainsi, André Vauchez relève la reprise par ces auteurs du thème médiéval « François, second Christ ». Avec talent, il développe le thème de la séduction exercée sur ces  écrivains exigeants par celui qui incarna si fortement « le symbole d’une fraternisation entre les classes sociales » et fut « l’instrument d’une régénération de la société chrétienne rongée par l’individualisme et l’argent… »    « Relisant l’Evangile à la lumière de son expérience personnelle et de sa culture citadine et chevaleresque, François a choisi de suivre un Christ pauvre et mendiant, toujours en chemin et partageant avec les marginaux la précarité de leurs conditions de vie…
Il incarne aux yeux de beaucoup de nos contemporains l’essence du christianisme à l’état pur, dans la mesure où il aurait été le premier vrai chrétien depuis Jésus Christ. »

Bruno Centorame
Historien et historien de l’art, diplômé de l’EHESS.
Dernier ouvrage paru : Les illustrateurs de l’oeuvre de Barbey d’Aurevilly, Isoète, 2008.

André Vauchez, François d’Assise, Fayard.

Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.