Merci Pierre Jourde

/Pour vos livres et vos articles, vos coups de gueule et vos passions que vous savez si bien partager, merci. Merci pour le travail de mise en lumière des textes et des auteurs ; pour votre approche très souvent pertinente et neuve de la littérature et de la culture qui offre un vrai souffle de liberté et de réflexion dans un monde où, trop souvent, les lectures et les écrits sont produits d’après un unique paradigme qui cache mal une idéologie de la domination et de l’asservissement de masse.

Merci de nous avoir fait découvrir tant d’écrivains essentiels, de continuer de vous battre malgré « la fatigue du critique » pour que des œuvres comme celles de Valère Novarina, Eric Chevillard, Claude-Louis Combet, Marcel Schwob… soient rendues accessibles au plus grand nombre et dans le même temps, en dépit des attaques et des coups bas, de ne pas cesser de dégonfler les baudruches de l’écriture qui tentent de nous cacher les vraies richesses culturelles de notre époque.

Merci encore de tout ce que vos articles nous apprennent, nous qui ne le vivons pas de l’intérieur et devons nous en tenir aux seuls propos relayés par les medias, sur ce que l’on fait subir aux universitaires et aux enseignants, sur le travail de sape quasi systématique et idéologique de la culture, lequel pousse avec la force aveugle d’une machine lancée à plein régime vers la destruction d’une civilisation multiséculaire. Merci pour le travail de recherche absolument essentiel que vous réalisez et savez mettre à la portée du plus grand nombre, comme en témoignent notamment La littérature sans estomac et Littérature monstre.

Merci enfin pour ce dernier livre C’est la culture qu’on assassine qui, en réunissant une petite cinquantaine d’articles publiés sur le site du Nouvel Obs nous éclaire et nous fait réfléchir infiniment plus sur l’état de la culture en France qu’une année entière de ce qu’on appelle des émissions culturelles à la télévision et qui, à de très rares exceptions près, n’abordent jamais les questions essentielles, celles que toute conscience humaine se pose un jour ou l’autre.

Ainsi celle-ci, qui, depuis des siècles, demeure aussi récurrente que sans réponse définitive : À quoi sert la littérature ?

« A quoi elle sert ? A rien, on l’a vu. En tout cas rien d’immédiatement rentable. Pourtant, elle a fait en partie ce que nous sommes devenus. Elle donne intimement accès à l’autre, élargit le champ de la connaissance et la profondeur de l’expérience. ça ne se pèse pas, ça ne se monnaye pas, mais c’est essentiel. On comprend que les beaux discours sur l’inutilité de la littérature dans les concours, l’urgence de ne délivrer que des formations professionnalisantes, limitées aux étroites techniques d’un métier, puissent séduire ceux qui veulent entrer dans la vie active.
Et puis, vingt-cinq ans après, on voit revenir à l’université des quinquagénaires, tout heureux de se plonger dans des études de lettres, passionnés par les cours. Ils ont compris qu’on ne vit pas seulement pour visser les boulons et payer les traites de la 307.
Que tout homme désire aller plus loin que lui-même, approfondir ce qu’il est, trouver sa respiration dans l’étroitesse des vies programmées par les nécessités économiques. Ils se plongent avec délices dans l’inutile.
Inutile, vraiment ? Je parierais que les gens qui se cultivent, et pour qui la culture est un élargissement des dimensions de l’être, sont aussi d’excellents professionnels.
»

Pierre Jourde, C’est la culture qu’on assassine, 285 pages, Balland.

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