L’Ensemble Clément Janequin

/Durant la saison 2010-2011, la Péniche Opéra accueille l’Ensemble Clément Janequin pour un cycle de quatre concerts consacré aux différentes sortes de cris. Après avoir abordé les cris des rues, les cris érotiques, le troisième volet dresse un panorama musical des cris de guerre.
Il s’agit d’un assemblage de chansons de la renaissance, de pièces plus récentes du début du 20ème siècle mais également d’œuvres contemporaines puisque les lundis de la péniche sont en général dédiés à la musique de notre temps.

L’Ensemble Clément Janequin, dirigé par l’impayable Dominique Visse, possède la verve et le dynamisme nécessaires pour défendre ces chansons. Après avoir dressé la liste des divers cris, ils ouvrent le concert avec la première chanson, très connue, de Clément Janequin La guerre. Dans cette version, le percussionniste Clément Ducol donne le rythme avec son tambour, apportant ainsi un relief particulier à cette pièce riche d’onomatopées.
Denis Levaillant, né en 1952, a composé plusieurs Madrigaux de guerre : les n°1, 2 et 6 sont présentés ce soir. Le compositeur met en valeur les voyelles sur des valeurs longues : les voix des Janequin sont idéales pour ce répertoire car elles se fondent dans une homogénéité parfaite.

Dans le registre plus léger on retiendra Le Cri du Bagnerais de Georges Kastner (1810-1867) qui est un hymne patriotique presque caricatural. La partition est plus « lyrique » et demande aux chanteurs davantage d’implication vocale. Très étonnante La Chanson des spermatozoïdes de Ricet Barrier (1932-) raconte la lutte et donc la guerre entre les spermatozoïdes pour atteindre l’ovule : pour l’occasion Dominique Visse laisse ses compagnons chanter, et surtout parler parce qu’il y a peu de chant dans cette partition, pour jouer de la guitare et donner l’impulsion à la chanson.
Un concert sur le cri de la guerre ne pourrait se faire sans l’irrésistible Cri du poilu de Vincent Scotto que l’Ensemble ne cesse d’améliorer au cours des concerts : ils sont de plus en plus plaintifs sur « une femme ». Le concert se termine sur une commande de la péniche à Bruno Ducol. Cette pièce Für die Jugend, assez déstabilisante, est jouée par Dominique Visse et Clément Ducol. Le compositeur pousse à l’extrême l’idée de musique avec des gestes qui remplacent les sons, des jeux de résonnance entre la voix et le tambour.

La soirée est ponctuée d’interventions diverses : un phoniatre explique l’émission d’un son avec les cordes vocales, le philosophe Dorian Astor démontre que les fameuses phrases des philosophes sont des cris et la comédienne Djénébou Bathilli interprète un slam en langue des signes.

L’Ensemble Clément Janequin propose un programme réjouissant, pédagogique et nouveau puisqu’il explore un répertoire très éloigné de ses concerts habituels. Mais tout cela reste d’une qualité musicale toujours aussi exceptionnelle.

Manon Ardouin

Pratique :

– le dernier concert de ce cycle aura lieu le 16 mai 2011 à 20h30 et sera consacré aux cris de la mort avec une création de Vincent Bouchet des œuvres de Despres, Sermizi, de Lassus, Manoury….

www.penicheopera.com

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