L’art contemporain « lard et cochon à la fois » : l’affaire du Piss-Christ

/L’art ou plutôt  « lard contemporain », à la fois lard et cochon, montre sa véritable nature une fois de plus dans l’affaire du scandale du Piss-Christ exposé à Avignon.
La fondation Lambert ferait-elle la même chose avec une étoile jaune ou un Coran ? On peut en douter : l’Art dit contemporain pratique la discrimination sans vergogne. Haro sur les Chrétiens !

Cette pseudo-oeuvre blessant pour plus de 7 milliards de catholiques et plus encore de chrétiens dans le monde, CultureMag a décidé de donner la parole à Christine Sourgins*.

Le Piss-Christ, photo montrant un crucifix dans de l’urine, a été détruit il y a quelques temps par des individus armés d’objets percutants.
L’art contemporain cherche non pas la beauté mais le scandale et Piss  Christ est emblématique à ce sujet : la photo diffuse une chaude lumière orangée,  qu’on pourrait qualifier de belle tant qu’on ignore la teneur de ce bain lumineux : urine agrémentée de sperme.

Voilà une beauté scandaleuse, l’équivalent du baiser de Judas, signe d’amitié au premier abord, trahison en réalité. La tension entre esthétisation et intention déviée, fait partie de la construction de l’œuvre comme piège, selon les principes de l’art dit duchampien.
Que Serrano se dise chrétien ne devrait donc tromper personne : on ne s’autoproclame pas chrétien tout seul, mais on rentre dans une communauté enracinée dans l’histoire, dans une famille ; cracher sur qui vous accueille n’est pas le meilleur moyen de se faire reconnaître.

Pourquoi ce goût du scandale ?

Le but de l’exposition actuelle est de » faire événement », à tout prix, donc le carême est la période indiquée, de même la ville d’Avignon, ville des Papes ! Car engranger des retombées médiatiques fait monter les cotes de l’art financier qui excelle à récupérer l’indignation.
Voir l’exemple plus ancien de « La nona ora » de Cattelan, montrant Jean-Paul II écrasé par une météorite (un don du ciel !) : exposée en Pologne elle déclencha la colère des catholiques. En salle des ventes elle atteignit alors des sommes astronomiques.

Les naïfs qui se sont attaqués à la photo, ont été les jouets du système sans le savoir. Ils s’apercevront vite qu’ils n’ont rien détruit du tout, car l’oeuvre est conceptuelle, ce qui compte c’est l’idée. Et une photo appartient à l’ordre du multiple; il y a fort à parier que le Piss Christ va renaître encore plus prisé qu’avant. L’opération est en cours, Libération nous apprend que  le musée rouvrirait ses portes dès mardi matin avec les «oeuvres détruites montrées telles quelles». C’est donc l’oeuvre martyrisée (et une pièce voisine) avec les stigmates de l’agression qui sera exhibée.

Récupération et discrimination

En revanche, cet acte violent va être récupéré par le politiquement correct pour diaboliser tous les chrétiens blessés par Serrano. Et tout futur protestataire sera suspect d’intégrisme. Avant même de connaître l’identité des meneurs, la presse dénonce « un commando catholique » , terme militaire qui permet de mettre tout le monde dans le même sac, avec les islamistes.
Si Serrano s’était permis d’attaquer les Juifs et les Musulmans en plongeant Mahomet dans l’urine par exemple, serait-il toujours de ce monde pour se plaindre des protestations ?

Pourtant les différences avec l’affaire des caricatures de Mahomet sont criantes. En Avignon, les protestations ont été pacifiques, puis, devant l’insensibilité des organisateurs à sa souffrance un petit groupe désespéré est passé à l’acte (NB, s’il s’agissait de « jeunes » commettant des exactions en banlieue, le politiquement correct leur trouverait toutes les souffrances existentielles).

Mr Yvon Lambert n’a pas fatwa sur sa tête. mais il crie à la persécution : «Je suis persécuté au téléphone. J’ai reçu 30 000 mails, je n’exagère pas, 30 000 mails des intégristes (.) Cette ignorance, cette intolérance. C’est le Moyen-Age qui revient à grand-pas».

Que lui, Lambert Yvon, ait fait violence aux consciences chrétiennes ne l’effleure pas un instant. C’est un homme de l’Art financier donc il est innocent des blessures infligées aux âmes car celles-ci ne sont pas quantifiable en monnaie sonnante et trébuchante.
Qu’on ait troublé sa quiétude de business man, d’homme qui fait la seule chose en ce monde qui compte, du fric, voilà qui est intolérable !

Double langage et escamotage

On pratique aussi le double langage, audible dans la réaction fort prévisible du ministre de la culture : Frédéric Mitterrand a condamné une «atteinte à un principe fondamental, la présentation de ces œuvres relevant pleinement de la liberté de création et d’expression qui s’inscrit dans le cadre de la loi», tout en reconnaissant que «l’une des deux œuvres pouvait choquer certains publics».

Cette oeuvre de Serrano qui date de 1987 avait en Amérique provoqué les « guerres culturelles » : une affaire nationale qui posa un problème politique devant
le Congrés. Les USA, à la suite d’un procès qui dura presque dix ans, répondirent que la puissance publique ne pouvait pas financer des expositions blasphématoires ou choquantes avec l’argent du contribuable.
Dans une démocratie, c’est par procès que doit se régler ce genre de litige, précédé par un débat contradictoire et loyal.

Celui-ci sera difficile à organiser car le double langage règne. Ainsi pour L’Observatoire de la liberté de création, émanant de la Ligue des droits de l’homme, qui a dénoncé «ces actes de vandalisme» et rappelé : «C’est au public de juger les oeuvres, pas aux censeurs autoproclamés».
Or le public qui pétitionne, proteste, défile n’est pas pris au sérieux. Le public a droit de cité  uniquement s’il cautionne le choix des agents culturels au pouvoir. Sinon, il déchoit de sa qualité de public et devient censeur, grave injure.

Dire que l’Art financier soit, en soi, une censure de tout art, de tout artiste différents de lui, nous entraînerait trop loin… Et pourtant.
Si cette censure féroce est si peu dénoncée, c’est bien que l’Art officiel est un piège.
Ne pas y tomber, nécessite un effort de compréhension et d’analyse, surtout parmi les chrétiens qu’ils soient tentés par les sirènes de l’art dit contemporain ou, au contraire, par une réplique musclée.

Photo : l’œuvre vandalisée à Avignon.

* Historienne de l’art, Christine Sourgins connaît bien les musées pour y avoir travaillé, les artistes et le grand public par son engagement dans les
structures associatives.
Son parcours lui a procuré un poste d’observation de la vie artistique en France, ainsi qu’une indépendance de pensée et d’expression.
Elle a publié de nombreux articles et un ouvrage de référence :

« Les mirages de l’Art contemporain», La Table Ronde, (2005), actuellement 4ème édition.

Anime un blog : http://sourgins.over-blog.com/

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