Le Gamin au Vélo : la quête de l’Enfance

/Plébiscités par la critique, les frères Dardenne de nouveau en compétition au festival de Cannes, reviennent cette année avec une histoire touchante sobrement intitulée Le Gamin Au Vélo.

Comme d’habitude dans l’univers des Dardenne, le scénario tient en peu de mots. Cyril (Thomas Doret), jeune garçon belge abandonné par son père (Jérémie Renier) tente par tous les moyens de renouer les liens avec la figure paternelle. Et sur son chemin, au gré de sa quête d’amour, il fera des rencontres qui influenceront la teneur de son parcours.

Samantha (Cécile de France) sera l’une d’elles, un de ces points de rupture, instant décisif duquel le cours de l’existence prend des virages inattendus. Premier visage débordant de bienveillance à se poser sur le jeune égaré, il rayonnera jusque dans les moments de doutes et de violence. Il insufflera à la sauvagerie de l’enfance, malgré le vacarme et le chaos, une note d’harmonie et d’équilibre.

Un espoir fondamental. Une chaleur enveloppante au creux de laquelle Cyril pourra enfin se réfugier. Lui qui, confronté au silence des adultes et d’un monde peu enclin à répondre à ses attentes, n’a pas le droit au repos. Lui qui, toujours en mouvement, en perpétuelle recherche, semble être promis à un destin tragique.

Or le film évacue la tragédie. Il s’extrait de ces chroniques misérabilistes du quotidien, s’engageant au contraire sur la voie d’un naturalisme optimiste et désolidarisé des peintures sombres et résolument absconses d’ordinaire proposées.

Fresque de l’absence et de l’incommunicabilité, l’œuvre renverse ainsi le traitement habituel réservé à ce genre de récits. Bien que reposant sur des thèmes graves, elle s’interdit de glisser vers les affres de la morne contemplation et du pathos ostentatoire.

De ce refus revendiqué, rendu par une caméra sensible et impartiale, naît une impression de liberté palpable et diffuse. L’œil, nullement contraint ni subordonné par une quelconque volonté nauséabonde d’un cinéaste, s’accroche du coup à ce fragment de vie, sans jamais juger. Il accompagne, témoin discret, sans interférer dans le cours du temps.

A cette liberté permise au spectateur répond la liberté peu à peu conquise par Cyril. D’abord victime du mutisme et rebelle à toute forme d’amour, il acceptera à mesure des mains tendues et des claques reçues, d’ouvrir sa blessure et de résister aux tentations. Mais il ne renoncera pas à son enfance, il saura dire « non ». Un « non » final qui affirmera son indépendance chèrement acquise, et qui lui permettra de reprendre, armé de courage et d’espoir, la longue route de l’existence.

Guillaume Blacherois

Le Gamin Au Vélo des Frères Dardenne. Avec Cécile de France, Thomas Doret, Jérémie Renier. Sortie nationale le 18 mai 2011.

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