Concours et dégustations

/Le 19ème Concours Oenologique International de Vinitaly s’est tenu à Vérone sous l’égide, entre autres, de l’Organisation internationale de la vigne et du vin (O.I.V.) et de l’Union internationale des œnologues.
Un concours parfaitement organisé mettant en compétition plus de 3.700 vins originaires de 30 pays…
Chaque vin est soumis à une commission de cinq dégustateurs, chacun d’entre eux dispose d’une table individuelle sans possibilité de communiquer. Les dégustateurs ignorent tout des vins, sauf leur millésime (ou leur absence).

Impossible de citer la totalité du palmarès qui comprend nombre de catégories, je n’évoquerai que quelques vins particulièrement distingués, à commencer par le vin qui a obtenu la plus forte note de toute la session, un chardonnay d’Israël et un gewurztraminer médaille d’or du même pays (voir plus bas).

Autre remarque. Les vins blancs non italiens, évidemment minoritaires  s’adjugent les premières places. Il faut se garder des déductions hâtives, car dans ce type de concours (tous pays confondus), les grands vins ne sont pas présentés (Lafite ou Latour, par exemple, qu’y gagneraient-ils ?), alors que les pays et les producteurs à la recherche d’une reconnaissance internationale auront tendance à faire déguster ce qu’ils font de mieux.
Ainsi, en ne retenant que les trois plus grandes médailles des catégories vins blancs, les dégustateurs ont distingué la Croatie, la Slovénie, l’Allemagne, la Suisse, la Hongrie, le Canada, Israël et deux vins italiens.
En revanche, coté vins rouges l’Italie  s’empare de toutes les premières places, à l’exception d’une syrah de Croatie de 2007 (Benkovac Stankovci « korlat »), d’un vin mexicain de 2006, un nebbiolo ( !) valle de Guadalupe « reserva privada » et d’un inattendu vin canadien de 2009 (meritage niagara, magnotta winery).

La France n’était présente que dans la catégorie « spumante metodo classico », très logiquement trois champagnes s’emparent des trois premières places avec le remarquable « blanc des millénaires » 1995 et le millésimé 2000 de Charles Heidsieck suivis des « Palmes d’or » 1999 de Nicolas Feuillatte.

De retour à Paris, je me suis rendu à l’hôtel Best Western du XVII em arrondissement pour une dégustation un peu particulière de quatre vins. Nombre d’hôtels disposent d’un espace en plein air, moitié jardin, moitié terrasse, souvent destinés à la restauration estivale, en l’occurrence consacré à une dégustation de vins d’Israël. Un trio vocal accompagné par un pianiste animaient folkloriquement les intervalles nécessaires au service des vins.

Dès l’entrée un panneau annonçait les quatre vins, le premier étant « un Yarden chardonnay 2008 des caves du Golan qui vient d’obtenir le grand prix à Vinitaly ».
L’occasion de redéguster ce vin issu du vignoble Oden sis à 2.000 mètres d’altitude, la situation la plus favorable dans un pays du sud connu pour son aridité. Une réussite qui allie puissance, finesse et élevage présent mais intégré.. Le deuxième vin, un merlot « volcanic » 2007 était l’œuvre de l’Oden Montain Winery, « barriqué » dix mois, tannins fondus, équilibre réussi. Le troisième vin, un cabernet sauvignon « Special Reserve » 2004  provient d’un vignoble situé au milieu du désert du Negev, d’une parcelle « alimentée par une nappe phréatique d’eau salée ». Je croyais que la vigne n’aimait pas l’eau salée, il faudrait en savoir plus …
Ce vin, vinifié par Tishbi Winery,offre un nez distingué, une bouche pleine, de caractère sudiste, de belle longueur. Le dernier vin nous ramène à Vinitaly, bien que l’organisateur oublie de le mentionner, car ce vin a obtenu une médaille d’or attribuée à un gewurztraminer Yarden Heightswine 2008 des caves du Golan (12°). Un étonnant « vin de glace » issu de vendanges gelées (artificiellement), habillé d’une robe d’or ancien, nez d’agrumes, d’amandes ; bouche dans le prolongement du nez, crème confiturée, équilibre idéal car sans lourdeur, grande longueur (pas due au sucre, mais aux saveurs)   Robert Parker lui a accordé 94 points.
(Israël : vignoble 4500 ha.  Exportation 50% de la production)

Revenons aux vins français avec une dégustation de Volnay 2008 au premier étage du restaurant Tante Marguerite, restaurant très fréquenté par les députés car il est tout proche de l’Assemblée Nationale. Une dégustation très bien conçue commençant par les « village », puis les premiers crus, classés par terroirs selon leurs compositions. Malheureusement les journalistes irréfléchis déposent les bouteilles n’importe où détruisant l’ordre établi…
Passons sur les « village » fins mais légèrissimes (joli vin d’Alain Billard)…
Du côté des crus, à signaler : deux « champan » harmonieux et complets : François Buffet et de Montille (également bien noté pour « Les Mitans »), le Clos des 60 ouvrées (Caillerets) de la Pousse d’Or, figué-fumé, abouti et le Clos des Chênes de J.M. Boulay, plus viril en bouche.

Restons en Bourgogne avec la dégustation géante de Bouchard Père et Fils à l’Hôtel Intercontinental. Vins techniquement parfaits de belle qualité. À citer le superbe Meursault Genevrières 2009,  le Corton-Charlemagne 2009 rond et puissant, le Chevalier-Montrachet 2009, grand vin aristocratique. Côté rouge, le Clos de Vougeot 2008 au nez empyreumatique est complet avec souplesse, le Volnay Caillerets 2007 est incisif et long alors que le Beaune Grève Vigne de l’Enfant Jésus 2007 droit, direct se boit tout seul.

Pour terminer rendons hommage au gamay, en ce moment mal aimé, avec le cru Fleury et « Villa Ponciago », une désignation locale qui, dit-on remonte à 949 ( !). La cuvée « les Hauts du Py », très typée (pivoine), fruits noirs, épicée par un élevage habille montre que le gamay sur granite n’est pas le paria que certains dénoncent.

Michel Dovaz

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