Saint-Pétersbourg, mais en été

/Dans un précédent numéro de CultureMag, nous invitions nos lecteurs à venir avec nous visiter Saint-Pétersbourg en hiver, lorsque la « Venise du Nord » est recouverte d’un blanc manteau de neige. Aujourd’hui, c’est à la fin de l’été que nous vous conseillons de découvrir ou de redécouvrir la cité de Pierre le Grand, sous le soleil de l’« été indien » de septembre, après le départ du flot des touristes et les pluies du mois d’août.

C’est alors un bonheur de pouvoir déambuler dans cet ensemble architectural exceptionnel réunissant les principales tendances de l’architecture russe et mondiale des XVIIIe, XIXe et XXe siècles. Elles sont presque toutes représentées à Saint-Pétersbourg, ce qui lui a valu à la cité d’être qualifiée de « musée en plein air ».
Si cette grande diversité architecturale n’enlève rien à son apparente unité c’est que ses maîtres d’œuvres successifs qui l’ont agrandie, ont respecté le plan conçu par son fondateur et accommodé les styles de chaque époque, limitant la hauteur des bâtiments civils, et qu’elle a été relativement protégée du « progressisme bétonnier » par son déclassement comme capitale. Les Soviétiques eux-mêmes, après les bombardements du siège de Léningrad, ont tenu à restaurer la ville et les domaines impériaux mutilés. C’est pourquoi vous subirez malgré-vous, l’envoutante beauté de cette « fenêtre ouverte sur l’Europe. ».

À Saint-Pétersbourg tout est beauté, histoire et volupté pour les amateurs d’art et d’histoire. Tous les styles architecturaux et décoratifs s’y confondent dans une savante unité, même s’ils mélangent parfois les motifs gréco-latins aux styles byzantin et orthodoxe de tout l’empire. Ce cosmopolitisme a pourtant donné un style pétersbourgeois qui a essaimé dans toute la Russie. Il s’est développé au début du XVIIIe et n’a cessé de se développer en se métamorphosant jusqu’à la 1ère guerre mondiale. C’est pourquoi il est bien injuste de dire que « si Saint-Pétersbourg est en Russie, ce n’est pas la Russie. » Elle en est au contraire une synthèse puisque tous les styles et tous les peuples de l’empire y cohabitent aux côtés des influences venues d’Europe de l’ouest.

Les années 1730-1740, sous le règne d’Elisabeth Pétrovna furent marquées par B. Rastrelli qui domina l’architecture baroque pétersbourgeoise, avec les Palais d’hiver, Stroganov et Vorontzov, Peterhov et Tsarkoïé Selo, Smolny, qui se distinguent par la richesse de leur couleurs.

De la deuxième moitié du XVIIIe à la fin du premier tiers du XIXe, Catherine II qui n’aimait pas ce style, imposa le classicisme inspiré d’A. Palladio. Il domine dans l’architecture de l’Académie des Beaux-Arts par Vallin de La Mothe et A. Korovine, le Palais de Marbre de Rinaldi, l’église catholique Sainte-Catherine de Felten. Le maître dans l’art fut néanmoins G.  Quarenghi autre émule de Palladio, à qui on doit entre autre le théâtre de l’Ermitage, l’Académie des Sciences, etc.
Suivit la période du Haut-Clacissisme et de l’Empire (1800-1830), souvent marquée par des ensembles grandioses ou administratifs comme Notre-Dame-de-Kazan, de Voronikhine ; la Bourse, de Thomas de Thomon ; l’Amirauté de Zakharov et surtout par les bâtiments de l’État Major sur la place du Palais, du Sénat et du Saint-Synode, du théâtre Alexandrinsky, de la place des Arts, par C. Rossi. Souvent basé sur le modèle grec, y domine l’ordre dorique dans ce style qui s’imposa sous le règne d’Alexandre 1er et reçut le nom de classicisme alexandrin.
Le classicisme brilla de ses derniers feux avec les réalisations de V. Stassov, auteur des casernes Pavlovsky, des cathédrales de la Transfiguration et de la Sainte Trinité, et avec la cathédrale Saint-Isaac du Français A. Ricard de Monferrand.

/La période 1830-1840 vit l’éclosion d’un nouveau style, l’éclectisme qui réunissait toutes les tendances archéologiques dans une seule. Il s’est illustré entre autres avec A. Brullov, A. Stakenschneider, N. Benois qui en s’inspirant des tendances nationales furent à l’origine du mouvement Néo-russe qui donna le style vieux-russe dont le monument le plus représentatif à Saint-Pétersbourg est sans aucun doute l’église de la cathédrale du Sauveur-sur-le sang versé, construite par le Belge A.Parland, et dont je vous conseille tout particulièrement la visite de l’intérieur, entièrement recouvert de mosaïques.
L’Art Nouveau qui régna environ de 1890 à 1914, est également très présent à Saint-Pétersbourg, dans plus de 10 000 édifices, dont les plus célèbres sont la gare de Vitebsk, récemment restaurée, où tous les dimanches matin se donnent dans l’ancienne salle à manger des 1éres classes des concerts de musiques de chambre, et l’hôtel particulier de la Kchessinskaïa. Leur diversité de courant est fascinante, depuis les monuments d’inspiration dite moscovite aux créations inspirées par Paris ou Berlin. Le patrimoine historique immobilier de Saint-Pétersbourg c’est près de 4 000 monuments dont 15 % (au total 2 400 immeubles) sont sous la protection de l’UNESCO en tant que témoignage de l’histoire de l’architecture mondiale. Dans ce domaine, Saint-Pétersbourg n’est dépassé que par Venise.
Depuis la tragédie de 1917, seule l’architecture stalinienne et son recours parfois pompeux au néo-classicisme, mérite quelque intérêt malgré un monumentalisme parfois excessif.

Pour comprendre véritablement cette ville musée, il faut pouvoir déambuler à pied le long de la perspective Nevsky tant de fois chanté par les poètes et les écrivains (Pouchkine, Gogol, Troubetskoy, etc.) et de certaines de ses rues, longer les quais de la Néva ou des canaux qui la rejoignent, flâner au fil des architectures baroques ou néo-classiques typiquement pétersbourgeoises, toutes rutilantes de leurs ors et de leurs couleurs vives, savoir y rencontrer le souvenir d’un écrivain, d’un musicien, d’un peintre, d’un grand personnage de l’histoire russe.

Près de cette diversité architecturale, les parcs et les jardins de la ville, de Tsarskoïé Sélo, de Peterhof et de Strelna, se pareront pour vous de jaune, de rouge et de vert pour accueillir l’automne qui va venir. C’est l’heure des grandes balades à pied ou en bateau le long des soixante-quinze canaux bordés de granit rose, enjambés par plus de 300 ponts, sur la Néva immense, autour de laquelle s’est bâti la ville.
Outre la perspective Nevsky que tant d’écrivains (Pouchkine, Gogol, Troubetskoï, etc.) ont chantée, vous pourrez voir, hors des circuits touristiques, les cimetières de la Laure Alexandre Nevsky, et tout particulièrement celui de Tikhviné, où sont réunis les tombeaux de Glinka, Dostoïevsky, Tchaïkovsky, Moussorgsky, Petipa et de nombreuses autres personnalités des arts et des lettres.
Mais Saint-Pétersbourg n’est pas seulement un musée de plein air d’architectures du passé, c’est aussi un ensemble de soixante-dix musées parmi lesquels les plus célèbres sont bien entendu l’Ermitage, dont les collections rivalisent avec le Louvre à Paris et le Prado à Madrid, en présentant  sur une superficie totale de neuf  hectares, et quatre cents pièces, soixante mille œuvres des maîtres des plus grandes écoles européennes, et le Musée Russe, réservé à l’art national, des saintes icônes aux avant-gardismes les plus frelatés.

Saint-Pétersbourg est aussi une immense capitale culturelle de premier plan. A ce titre elle est considérée comme « la capitale du Nord ». Elle compte une centaine de théâtres dont certains comme le Mariinsky, le Théâtre académique Moussorgsky, le Grand Théâtre académique Alexandrinsky, le théâtre de l’Ermitage, sont mondialement connus.

Jan-Bernard Cahours d’Aspry

Pratique :

/Découvrez le meilleur de cette magnifique cité impériale avec Le Monde de l’Art et des Lettres et ses partenaires russes, un petit groupe de passionnés et de professionnels français et russes du 17 au 26 septembre 2011.

Renseignements au 06 10 20 74 94.

www.Lemondedelartetdeslettres.com

Pour une bonne préparation intellectuelle de nombreux guides sont à votre disposition, tous aussi bons les uns que les autres. Nous n’avons donc pas de recommandations à vous faire.

Par contre nous pouvons vous faire une recommandation gourmande pour ceux qui aiment boire un délicieux chocolat ou un capuccino.
Rendez-vous au 1er étage de la Maison du livre (Dom Knigui), au café Singer, au centre de la Perspective Nevsky, face à l’église Notre-Dame de Kazan.

Photos :
Le palais Catherine à TsarskoIé Sélo
Cathédrale de La Trinité
Tsartskoïe Sélo Parc du Palais Catherine : le pont Palladio
La Maison Singer ou Maison du livre, au premier étage de laquelle on boit un sublime chocolat.

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