Olivier Maulin récidive

/Après Petit monarque et catacombes qui venait clore la trilogie entamée par En attendant le roi du monde, on croyait avoir compris que Maulin s’était tourné vers le polar.
Dieu merci, son dernier roman, Les Lumières du ciel, est dans la lignée des quatre précédents, inclassable si ce n’est dans ce genre à part qu’il a lui-même créé, drôle, acide, intelligent et incroyablement efficace. Maulin fait du Maulin pour notre plus grand plaisir.

N’épargnant aucun des travers de notre époque qui semble particulièrement apprécier se caricaturer elle-même, il a le don des situations et des dialogues qui provoquent l’éclat de rire, ce qui n’est pas si commun dans la littérature française actuelle.

Les lumières du ciel mettent en scène un trio incongru, Paul-Emile Bramont dont le seul orgueil est de refuser obstinément de céder à l’impératif du travail et de la production, Momo son ami DJ qui tente de créer une nouvelle forme musicale en mixant des morceaux de musique classique et Bérangère, l’archétype de la pouffiasse post-moderne totalement inculte et dénuée de curiosité, mariée à un chirurgien plasticien qu’elle trompe pour tromper son ennui et la vacuité de sa vie qui se résume au fric, aux gadgets technologiques et aux fringues.

Cherchant à rejoindre la Côte d’Azur à la veille de Noël, tous trois s’embarquent dans un road-trip qui leur fera découvrir des marginaux, tenter des coups foireux mais aussi approcher un autre mode de vie où les choses ont un sens et où l’humanité a peut-être encore une chance de se sauver en se séparant d’une société fondée sur la consommation, la production et le loisir.

Ce roman en apparence léger est sous-tendu par la pensée des Situationnistes et de Jacques Ellul qu’un personnage cite au détour d’un dialogue.
Le combat est toujours le même nous souffle Olivier Maulin : celui des hommes libres contre la dictature de la vitesse, de la technique et du loisir qui enchaînent les hommes en leur proposant un confort matériel et l’illusion d’une vie riche en aventures qui ne sont que des miroirs aux alouettes pour les empêcher de penser et mieux les diriger.
On ne dira jamais assez ce que notre société construite sur la consommation et la sacralisation de la technique doit à l’idéologie du IIIe Reich.

Olivier Maulin, Les Lumières du ciel, 282 pages, Balland.

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