Lisbonne : flâneries de quartier

/Flânons dans les rues de Lisbonne.
La ville ancienne, superbe et mystérieuse, est divisée en quartiers qui ont tous leur style et leur personnalité. La ville moderne, en béton, n’a aucun intérêt pour le touriste ou l’amateur d’art. Direction la ville historique et esthétique.

Il me semble qu’il faille toujours découvrir la ville en commençant par la Praça do Commercio (la place du Commerce), ou Terreirodo Paço (terrasse du palais) – parce qu’il utilise l’emplacement du largo (l’esplanade) qui précédait l’ancien Pação de Ribera (le palais de la rive), nom donné aujourd’hui à la station de métro – une immense place  bordée de bâtiments à arcades blanches soutenant des murs ocre jaune sur trois côtés.
Ce magnifique ensemble architectural du XVIIIe siècle construit après le tremblement de terre qui détruisit un tiers de la vieille ville médiévale compte comme une des plus belles places d’Europe.
Ouverte sur le Tage par un ponton monumental et deux colonnes de marbre qui ont donné son nom au Cais das Colunas, elle servit pendant des siècles de porte d’ « Entrée de la mer » sur la ville pour ceux arrivaient par bateaux via l’embouchure du Tage. Une belle porte en arc de triomphe, face au fleuve,  permet d’entrer dans la Baixa (la ville basse) qui avait été rayée de la carte par le tremblement de terre. Reconstruite par le marquis de Pombal avec des normes et des matériaux antisismiques, la Baixa offre un plan régulier en damier ou les rues se coupent à angles droits, à la romaine. Elles ont reçus le nom de corporation ou de matériaux précieux et forment le centre commercial de la ville.

Le Rossio qui entoure la Praça de Dom Pedro IV, est depuis le Moyen-âge, le véritable centre urbain, le cœur de Lisbonne. Bordée de cafés à terrasse et par le Théâtre national Dona Maria II qui occupe tout le côté nord de la place, elle est avec les places voisines de Restauradores et de Figuera, le forum de la ville, le centre des grandes manifestations populaires. Il grouille tous les jours de petits vendeurs, de cireurs de chaussures, de kiosques de journaux et de magasins variés autour du monument au souverain qui domine la place.

/Les quartiers populaires s’étalent de part et d’autres de la ville basse. Le Bairro Alto, à l’ouest du Rossio, est un labyrinthe de rues étroites et tortueuses où se confondent les belles demeures aristocratiques et les façades modeste aux balcons fleuris, de petits commerçants, d’artisans, et de restaurants. Au sud-est, le Funiculaire da Bica, permet de gravir sans effort jusqu’à la C. de Ombro et d’arriver tout près de la Praça de Camoès, qui est un endroit extrêmement vivant tout près des magasins du Chiado, le quartier chic du centre-ville.
Il y a de nombreux bars à vin dans le Bairro alto. Je vous conseille de les découvrir le soir, car le quartier semble abandonné  dans la journée. Rejoignez les à pied en gravissant les rues ou montez la colline  à l’aide du funiculaire de Gloria.

Le Carmo
et l’église du Carmo, sur la place du même nom, plantée de magnifique jacarandas mauves, à laquelle on peut accéder sans effort de la Baixa par l’elevador de Santa Justa, qui vous permettra également d’admirer de  sa plateforme le panorama sur les alignements des immeubles de la Baixa. L’église du Carmo c’est ce qui reste d’un magnifique bâtiment du XIVe siècle détruit par le tremblement de Terre. Dans le chœur, on a installé un petit, mais riche, musée archéologique conservant des vestiges du monument détruit, mais aussi romains, wisigothiques et même précolombien.

L’Alfama, qui a survécu à deux catastrophes, le tremblement de terre de 1755 et l’Exposition  universelle de 1998, est pour ces raisons, le quartier le plus ancien et le plus pittoresque de Lisbonne. Habité dès l’antiquité, il doit son nom à l’occupation sarrasine qui lui donna un nom par déformation d’alhama, évoquant d’anciennes fontaines sur la colline. C’est un réseau de ruelles tortueuses, de volées d’escaliers, de passages voûtés, de petites places, de patios minuscules entourés d’un enchevêtrement de façades aux styles variés. Longtemps habité par des pêcheurs et des marins, l’Alfama a gardé son atmosphère populaire d’autrefois, malgré l’électricité et les voitures. C’est dans ce quartier qu’on fête le mieux en juin la fête de Saint-Antoine, chaque rue cherchant à faire la plus belle décoration de fleurs, de guirlandes en papier. Le quartier vit alors dans une atmosphère de kermesse indescriptible. Les tables sont sorties dans la rue. Le vinho verde frais coule à flot des pichets dans les verres.
Pour gravir au sommet de l’Alfama, je vous conseille de prendre le tram n° 28, qui est de loin le moyen le plus commode d’accéder sans fatigue et avec beaucoup de plaisir, à son sommé. . Vous pourrez toujours redescendre à pied en prenant votre temps pour faire des visites à plusieurs des monuments majeurs élevés sur ses flancs…

Descendez alors au largo de Portas del sol d’où vous aurez un magnifique point de vue sur l’Alfama et sur la mer de paille. Une statue de Saint-Vincent juste en face,  marque la direction de l’église São Vicente da Fora (Saint-Vincent hors-les-Murs, que l’on peut également rejoindre par le n°28. Dans l’ancien réfectoire des moines, les Bragance les mausolées des Bragance, depuis João IV le restaurateur de la monarchie au XVIIe jusqu’à Samuel II qui mourut en Angleterre en 1932.
Sur la gauche de la façade, commence la Feira de Ladra (la Foire à la Voleuse), le marché aux puces de Lisbonne qui se tient tous les mardis et samedis sur le campo de Santa Clara et entoure l’église Santa Engracia, devenu Panthéon national.
En face et à proximité de la statue de Saint-Vincent, le Museu des Artes Decorativos, mérite impérativement votre visite. Installé dans le magnifique palais Azurara du XVIIe siècle, dans lequel sont présentés un magnifique carrosse du XVIIIe, et de belles collections de mobilier portugais de ces deux époques. Vous aurez ainsi l’impression de vous retrouver dans l’ambiance d’une magnifique demeure aristocratique du XVIIIe siècle.

En sortant vous vous dirigerez vers le Miradouro de Santa Luzia où vous aurez une vue presque semblable à celle de la place précédente, mais depuis un petit jardin cher à tous les amoureux de la ville, aux familles en promenade, aux joueurs de cartes indifférents aux touristes nombreux venus admirer le paysage, à l’ombre toute relative des glycines et des Boulainvilliers. Sur le mur de la chapelle Santa Luzia, de l’Ordre de Malte, un mur est recouvert d’un grand azulejos représentant le palais royal et le Terrero do Paço avant le Tremblement de terre.

/En continuant à descendre vous accéderez à l’église Santo Antonio, élevé au XVIIIe en l’honneur de Saint-Antoine de Padoue, saint-patron de Lisbonne, à l’emplacement de sa maison  natale. C’est de cette église que partent les processions en l’honneur du saint auquel on a consacré  à gauche de l’église un petit musée. Un peu plus bas s’élève la cathédrale ou Sé Patriarcal, élevée au XIIe s par deux architectes  français à la place d’une grande mosquée, pour marquer le succès de la Reconquête. Elle a gardé de cette époque une allure de forteresse médiévale où s’entremêlent les styles romans et gothiques. Elle fut très affectée par le Tremblement de terre de 1755 mais lui a survécu.

La Mouraria , à l’est de la Baixa, est dominé par les murailles du Castello Sao Jorge qui a retrouvé depuis les années 40 son aspect de forteresse médiévale. Des terrasses ombragées de pins parasol  permettent d’admirer le magnifique panorama sur la ville, le Tage, le pont suspendu et au-delà l’embouchure et l’Océan, tout le long d’un chemin de ronde semé de canons. Une table d’orientation permet au visiteur de se repérer, comme nulle part ailleurs. Une grande salle gothique témoigne qu’Ici résidèrent les souverains portugais dans le palais d’Alcoçava jusqu’à Don Manuel le Fortuné.

Par les transports en commun, je vous conseille aussi d’aller découvrir le palais d’Ajuda, dernière résidence de la famille royale,  où vous pourrez vous rendre sans effort par l’electrico n° 18, depuis  la Praça do Commércio. Le train et plusieurs autobus peuvent aussi vous y conduire, mais alors vous aurez une côte éreintante à gravir pour arriver au château royal. La visite terminée vous pourrez continuer votre découverte de Lisbonne par une visite du jardin botanique d’Ajuda.
Depuis le centre-ville, il existe de nombreux moyens de locomotion pour vous rendre à Bélem. Descendez à la Torre de Belem qui est le monument le plus éloigné. Vous pourrez revenir en suivant la côte jusqu’au  Palacio  dos Descobrimentos. (ou Palais des Découvertes) construit en 1960 sous le régime du Président Salazar, à l’occasion de la célébration du 500ème anniversaire de la mort de l’Infant Henri le Navigateur Traversez le magnifique jardin pour visiter le Monasteiro dos Jeronimos. Avant de rentrer en centre-ville, visitez le Museu Nacional dos coches.

Le Palacio Nacional, ex Paço réal qui s’ouvre sur le vaste largo  dona Amalia, est une vaste demeure composé d’un ensemble hétéroclites de bâtiments de différentes époques, depuis la forteresse du roi Dinis au XIIIe siècle remplacée à la fin du XIVe par le palais Jooào par un palais,  lui-même modifié au début du XVIe par Manuel qui l’agrandit sous ses successeurs, principalement Manuel le Fortuné inspiré par les palais andalous.

L’architecture de Lisbonne est riche et variée. Vous pourrez être parfois surpris de voir les grands édifices romans si proches dans l’allure de nos églises bourguignonnes. N’en soyez pas étonné. Ce style est marqué par l’influence de Cluny qui marqua le pays après l’installation d’Henri de Bourgogne, fondateur de la dynastie portugaise. Par sa sobriété, il s’est imposé en réaction contre l’art des Maures. Construits sans décoration superflue, les monuments de cette époque, construit généralement en granit, paraissent des forteresses inattaquables.
La Sé (cathédrale) de Lisbonne en est un parfait exemple. Les monuments gothiques qui leur ont succédés, sont également très marqués par l’architecture française de l’abbaye de Clairvaux, toujours en Bourgogne, mais trahissent les goûts d’une société bourgeoise en plein développement.

Au XVème siècle, la fortune de Lisbonne, a été à l’origine d’un changement total original et total. À la dignité froide des arts médiévaux, sans être tout à fait renaissance, le style manuélin qui doit son nom à Don Manuel 1er, roi en 1496, se distingue par un style original et tout à fait particulier. Il fut créé par un architecte d’origine française, Boytac. À l’opposé des lignes rigides des styles précédents, il préfère les piliers en spirale, s’orne de motifs inspirés  du monde marin (cordages, ancres marines, croix du Christ, etc.). Il symbolise la nouvelle richesse du pays en pleine période des grandes découvertes.
Il ne reste plus grand-chose de ce style original dans Lisbonne, le tremblement de terre n’ayant laissé – mis à part quelques vestiges – que le somptueux monastère des Jeronimos et la tour de Belem.

Les Musées sont innombrables à Lisbonne, comme les monuments historiques, mais le plus important est sans aucun doute la Fondation Gulbenkian.

Gastronomie

Si Lisbonne est une capitale culturelle de premier plan, c’est aussi une capitale de la Gastronomie qui vous apportera beaucoup d’agréments pour les papilles. La cuisine portugaise est riche et variée, selon les régions, les villes et les saisons, mais en tant que Capitale, Lisbonne en offre un panorama complet. Les restaurants, petits et grands y pullulent, et pour peu que vous ne vous égariez pas dans une gargote à touriste, vous êtes sure de vous régaler  dans une atmosphère de simplicité et de bonhomie, pas devant une grande assiette à moitié vide comme chez nous. Les bonnes adresses sont trop nombreuses pour que j’essaye de vous conseiller…. Quoique pour ma part j’ai eu un coup de cœur pour un petit restaurant dans lequel j’avais pris mes quartiers du midi, quasiment toute la semaine.
Le bonheur des papilles est affaire de goût, goûtez donc avec curiosité, la cuisine portugaise ; vous serez rarement déçu. À Lisbonne, le poisson est roi, et tout particulièrement la morue qu’il y aurait 365 manières de la préparer (une par jour).

Restaurant « Paola de Sao Paulo »
, rue de Sao Paulo, n° 58, au pied du Barrio Alto, tout près de l’église du même nom ; tout près de la gare du  Cais do Sodré et du marché, à quelques minutes du Terreiro de Paço, j’y ai mangé de délicieux poissons grillés, l’inévitable et merveilleux Bacalhau, spécialement bien cuisiné, servi avec de délicieux pichets de vinho verde. Certes, je me suis régalé dans d’autres restaurants, mais l’accueil ici était particulièrement chaleureux que j’y suis régulièrement retourné quasiment tous les midis quand j’étais à Lisbonne, chaleureusement par le patron ou ses employés.
Tél. 21 342 05 23.

Vins du Portugal

Toutes ces spécialités portugaises, je vous invite à les manger accompagné d’ un pichet (ou plus) de Vinho verde),  ou  une bonne bouteille de ces nombreux excellents portugais malheureusement (ou heureusement connus en France. Il y a en a trop de très bon pour que je vous influence.
Au Portugal le vin est généralement bon marché et presque toujours bus jeune, leurs producteurs ayant peu de capital à immobiliser, et peu de caves pour y conserver leurs récoltes. Le vinho verde, (vin vert) du Nord du Portugal, s’apparente à  nos « blanc de blanc », mais existe en blanc, en rosé et en rouge. C’est un vin léger, pétillant et rafraîchissant quand il est servi frais. Sa saveur est aigrelette et il est  en général désaltérant. Théoriquement il ne voyage pas, mais j’en bois souvent à Paris avec toujours le même plaisir qu’à Lisbonne, où là je le consomme de préférence en pichet.

Dans le domaine de la pâtisserie, vous pourrez vous régaler de toutes sortes de petits gâteaux réalisés avec des jaunes d’œuf. Au fait savez-vous pourquoi ? Tout simplement parce que ces spécialités ont été généralement élaborées dans les couvents, et que le blanc d’œuf servait à amidonner les coiffes des nones.
La plus connue de ces pâtisseries était le Pastel de nata, un flan crémeux dans une pâte feuilletée, le tout saupoudré de cannelle et de sucre glace.

Jean-Bernard Cahours d’Aspry

Pratique :

Comment y aller ?

Il existe plusieurs possibilités de se rendre à Lisbonne, par la route, par le train, mais le mieux est encore de s’y rendre par avion. Des compagnies aériennes assurent tous les jours des départs de Paris, de Lyon et de Marseille, quelques-unes à des prix vraiment économiques. Vous pouvez laisser à une agence le soin d’organiser votre voyage, mais aussi rechercher les bons plans par Internet.
Je ne vous conseillerai pas d’hôtel. Là encore, adressez-vous à une agence ou choisissez et réservez par Internet, selon vos goûts et vos moyens. Il y a des quantités de propositions. Booking-com proposait le 26 juillet dernier, 232 hôtels  dont les prix variaient de 15 à 35 € la nuit, la plupart en plein centre-ville, sans oublier les hôtels de luxe hors du centre. A vous de choisir.

Si vous arrivez par avion, vous serez déjà pratiquement en ville en atterrissant, celle-ci s’étant étendue autour de l’aéroport qui n’est qu’à 8 km du centre. Vous le rejoindrez – le centre ou l’aéroport par l Aérobus et plusieurs autobus (le 44 et le 45), ou en taxi, ce qui est quand même le moyen le plus pratique pour vous rendre avec vos bagages à l’hôtel que vous aurez choisi sans y avoir jamais été.

Où se diriger ?

Une fois installés vous pourrez vous lancer à la découverte de la cité ancienne,  ville d’art sans pareille. Toute la ville ancienne est belle. L’autre n’a naturellement aucun intérêt. Mais il faut la mériter, plus peut-être que toutes les autres, à cause de son relief escarpé, de ses trottoirs ingrats. Ils vous « fusillent » une paire de chaussures en un rien de temps, c’est pourquoi je vous conseille d’emporter des chaussures confortables et solides ….  ou à sacrifier.

Mille manières d’arpenter la ville

Il y a mille moyens de découvrir Lisbonne, à pied, en autobus, ou en tramways, les célèbres électricos, rouge ou jaune..  Célébrissimes pour ses charmant tramways à l’allure de jouet, qui grimpent sans effort ou dévalent des côtes vertigineuses, rasant les façades des rues étroites et tortueuses. Abusez-en. Vous y trouverez un bonheur chaque fois renouvelé, sauf aux heures de ponte ou de pluie. Ils vous permettront de rejoindre sans effort les miradouros » d’où vous dominerez la ville en humant l’air du large.

Une fois parti à la découverte de Lisbonne, vous, commencez par vous rendre à l’Office du tourisme, qui est installé dans les arcades de la Praça do Commercio. Vous y serez très aimablement reçu et l’on vous y donnera tous les renseignements dont vous aurez besoin. Accédez-y la Lisboarcad, une carte accompagnée d’un livret, que vous pourrez acheter pour un, deux ou trois jours. Elle vous ouvrira gratuitement l’ouverture de nombreux musées, des réductions dans d’autre, et la gratuité de tous les transports. Au-delà, contentez-vous d’acheter la carte des transports en commun. Pour un prix très modique, vous serez libre alors d’emprunter tous les transports en commun, du métro aux célèbres tramways jusqu’aux élévateurs et funiculaires.


Hors de la ville

Je vous conseille aussi très vivement de vous rendre en excursion à Sintra, à seulement 30 km de Lisbonne. Vous vous y rendrez en prenant le train à la gare du Rossio, magnifique spécimen du style néo-manuelin. Vous pourrez y visiter le Palàcio Naccional, la Qunta da Regalera, le Palàcio Nacional de Pena, tous desservis par des cars qui partent de la gare. Déjeunez soit à la cafétéria de la Quinta da Regaleria dans un cadre merveilleux, soit plus modestement dans un des nombreux petits restaurants de la vieille ville.

Photos © J-B Cahours d’Aspry : Le tramway
La tour de Belem
Le cloître des Jéronimos

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