Doisneau Paris Les Halles

/Quelle tendresse dans ces prises de vue de Doisneau, le plus célèbre photographe de Paris.
Alors que le glas vient de sonner pour les Halles en 1968, Robert Doisneau  prend d’ultimes clichés de la vie grouillante des pavillons Baltard. La Mairie de Paris offre une rétrospective de plus de deux-cents photos de cette période.

En 1971, les pelleteuses enterrent à jamais le ventre de Paris ; ce monde grouillant avec plus de 5 000 personnes travaillant en son sein : commerçants, cafetiers, journaliers, et les fameux « forts des Halles », capables de déplacer sur leur dos une charge de 200 kilos.
En 1933 Robert Doisneau saisit au vol sa première photo dans le quartier des Halles : Les filles au diable, au pied de l’église Saint-Eustache. Pendant 40 ans, il arpentera les pavillons Baltard et ses alentours immédiats, pour fixer à jamais ces tranches d’un Paris enfoui. C’est avec colère qu’il accueillit la mauvaise nouvelle  à la fin des années 60; il tentera de faire jouer ses relations et se battra jusqu’au bout pour arrêter cette destruction sauvage.
En attendant , le photographe sait que cet univers va disparaître et se lève chaque semaine à 3 heures du matin pour « en fixer le souvenir ».

/Pierre Delbos, un ami de Doisneau, se souvient ce lien privilégié qu’il noua pendant des décennies avec ce marché hors du commun : « Ce qui me surprenait, c’était de voir ces gens aller vers lui, il n’avait même pas besoin de les solliciter ! L’accueil aux Halles était extraordinaire, il y avait une ambiance fabuleuse et lui, il avait du flair, vous auriez vu sa façon de les regarder, il les aimait ! Pour nous les Halles c’était spécial, il y avait un esprit qui était en phase avec celui de Robert ! »*

En 1971, le regard humain avec sa série de portraits inoubliables, ces « belles gueules » du peuple immortalisées avec délicatesse et affection, laisse la place à l’œil patrimonial. Il suit toutes les étapes de la destruction et l’évolution du « trou » qui s’élargit telle une irréparable plaie dans le poumon de la capitale. Il suivra ceux et celles qu’il a côtoyé pendant des années jusqu’à Rungis, constatant alors la mort dans l’âme l’inévitable disparition de l’esprit des Halles parisiennes dans un univers de béton.
Quelle ironie, alors que la Mairie de Paris poursuit sa politique de mise en péril du patrimoine, elle programme cette belle exposition des clichés de Doisneau, émouvants témoins d’une vie au cœur de la capitale, anéantie en quelques coups de pelleteuse. En lieu et place des Halles et de tout un quartier on érigea le Forum des Halles, vaste temple du consumérisme sans âme, aussi laid que la réalité qu’il abrite.

/ Le projet des nouvelles Halles, revêtues d’un nouvel habillement et entourées d’une canopée, parviendra-t-il à rendre plus humain ce vaste espace démesuré ?

Doisneau Paris Les Halles
Exposition gratuite à l’Hôtel de Ville
Du 8 février au 28 avril 2012
Ouvert tous les jours
Sauf dimanches et jours fériés de 10h À 19h.

*Entretien avec Vladimir Vasak, juin 2011, cité dans le catalogue de l’exposition.


Carte blanche à huit lauréats SFR Jeunes Talents

En parallèle à l’exposition Doisneau, huit lauréats ont effectué un travail artistique et documentaire sur le thème : « Les Halles de Paris – Pendant les travaux, la vie continue ». Sous la conduite de Patrick Tourneboeuf, parrain de l’opération mécénée par SFR,  les jeunes talents traitent des multiples facettes du quartier du Forum des Halles pendant les travaux : transports, commerces, vie nocturne ou avancement du chantier.
Partenaire de la Mairie de Paris, SFR a permis à huit photographes sélectionnés, via le programme SFR Jeunes Talents, de travailler en tutorat avec Patrick Tourneboeuf.
Sous la conduite du parrain du programme, leurs photographies seront présentées à l’occasion de deux expositions.
Deux mondes en totale opposition. D’un côté, celui des anciennes Halles de Baltard avec une vie qui explose devant l’objectif et de véritables présences, de l’autre, des clichés statiques reflétant la triste réalité d’un univers bétonné, avec des passants aussi peu « vivants » que possible. Autre temps, autres états d’esprit sans doute…
La dichotomie avec celles de Doisneau montre un vrai « choc des cultures ». Sujet peu inspirant et pari difficile pour ces jeunes talents. Certaines photos relèvent de l’exploit en parvenant à faire montre d’un peu d’esprit. À ce propos, une mention spéciale est à noter pour les clichés en noir et blanc d’Arno Brignon, adepte de l’argentique, seule série en réelle résonance avec celle de Doisneau.

Sous la conduite du parrain du programme, leurs photographies seront présentées à l’occasion de deux expositions :

Au Forum des Halles, autour de la place Basse
Exposition Paris les Halles – Regards d’aujourd’hui, du 8 février au 15 mars 2012.


En savoir plus sur les lauréats :

http://www.sfrjeunestalents.fr/photo/concours/les-halles-de-paris-pendant-les-travaux-la-vie-continue

Et aussi…

L’histoire du quartier continue et l’exposition sera suivie de la présentation du projet de demain, avec le nouveau jardin proposé par Seura Architectes et la Canopée conçue par Patrick Berger et Jacques Anziutti Architectes, lauréats du concours international d’architecture pour le réaménagement des Halles de Paris.
La station de métro Hôtel de Ville sous le signe de Robert Doisneau Une sélection d’une vingtaine d’agrandissements de photos extraites de l’exposition à l’Hôtel deVille habille les quais de la ligne 1 à la station Hôtel de Ville du 8 février au 28 avril 2012.
Une initiative de la RATP afin de faire découvrir le témoignage d’un grand artiste parisien à des
milliers de parisiens.

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