Semaine de la langue française : Carpette anglaise et bel ouvrage

Afin de célébrer la semaine de la langue française, du 17 au 25 mars 2012, revenons sur le prix de la Carpette anglaise, décerné chaque année au plus grand vassal français de la langue anglaise ! Et pour l’année 2012 « the winner is… » (!)

L’académie de la Carpette anglaise s’est réunie fin 2011 afin de couronner celui qui portera le titre pendant toute l’année 2012. Le jury, présidé par Philippe de Saint Robert, était composé de représentants du monde associatif et littéraire dont Anne Cublier, Hervé Bourges, Benoît Duteurtre, Alain Gourdon, Yves Frémion et Dominique Noguez.

Au deuxième tour de scrutin, par huit voix sur douze, la Carpette anglaise a été décernée à M. Jean-François Copé, secrétaire général de l’UMP, pour promouvoir avec vigueur l’usage de la langue anglaise de la maternelle aux grandes écoles et pour faire de la télévision publique en anglais aux heures de grande écoute (sous-titré en français) un des enjeux de son parti et de la prochaine élection présidentielle (article disponible en ligne, intitulé « Les Français must speak english », 3 février 2011).

Le prix spécial du jury à titre étranger a été décerné au premier tour de scrutin, par onze voix sur douze, à la compagnie Ryanair, présidée par M. Michael O’Leary, pour avoir imposé, en Espagne, aux femmes enceintes de plus de vingt-huit semaines un certificat médical exclusivement rédigé en anglais, y compris pour les vols intérieurs (menaçant de ne plus desservir les aéroports ne se pliant pas à cette exigence). (AFP, Madrid, 13 septembre 2011.).

L’académie de la Carpette anglaise, dont Avenir de la langue française (ALF) fait partie, a dû choisir parmi des « candidats » de haute valeur, notamment : M. François Hollande pour ses maillots « H is for hope »; M. Paul Delevoye, ancien Médiateur de la République, pour son rapport sur le « burn out » de la société française, M. Luc Chatel pour ses anglicismes répétés et surtout son annonce de l’obligation d’apprendre l’anglais (seule langue étrangère possible) à la maternelle dès l’âge de trois ans ; M. Pierre Tapie, président de la Conférence des Grandes Écoles, qui veut rendre l’anglais langue principale de notre enseignement supérieur, y compris pour les étudiants français…

À quand une réaction massive des Français et des autres Européens non anglophones maternels contre cette offensive tous azimuts de l’empire anglo-saxon et de tous ceux que le philosophe Michel Serres qualifie de « collabos de la pub et du fric » ?

Albert Salon.

Pour conjurer ces mauvaises influences, prenons des forces auprès de nos frères francophones du Canada. Et prenons exemple sur leur combat exemplaire contre l’hégémonie anglo-saxonne !

/Le français, quelle histoire !
de Jean-Benoît Nadeau et Julie Barlow (Télémaque, 2011, 462 pages, 22€).

Deux jeunes journaliste canadiens sérieux et de talent, elle anglophone, lui francophone, déjà auteurs de Pas si fous ces Français (Seuil), nous présente une histoire claire, bien documentée, de notre langue. Ils ajoutent à ce que nous savions déjà : d’une part la partie de cette histoire qui se déroule hors de France, avec de bons développements sur l’Amérique du Nord, et d’autre part des anecdotes très intéressantes peu connues avant eux.
Leur passion pour le français, sa sauvegarde, son avenir les amène parfois à contourner leur réelle objectivité générale et à présenter les évolutions d’une manière plus favorable qu’elles ne le sont en réalité.  Mais leur appel à ne pas baisser les bras, leur optimisme raisonné et étayé de bons arguments entre purisme et force de vie de la langue, de beaucoup de chiffres, et d’une anthropologie du français, nous encourage fortement à repousser les idées déclinistes qui prolifèrent dans trop de milieux complaisants, surtout en France.

Ils concluent sur cette note d’espoir : « Les chapitres les plus fascinants de la grande aventure de la langue française restent encore à écrire ». Bon vent ! Et, au féminin : « bonne vente » !

A. S.

3 Comments

  1. Ouf, que cela me fait du bien de savoir qu’il y a des gens, français ou francophiles qui aiment cette langue si belle et si subtile qui est la notre.
    Je me tue a répéter que le langage est le véhicule de la pensée communicante et que le soigner, c’est soigner un mode de pensée qui nous est propre.
    A langage limité, pensée limitée.

  2. J’ai vu à la télévision un responsable du Prix de la Carpette anglaise dire qu’il était cette année décerné à Jean-François Copé.
    Dans les années septante (« septante » est un belgicisme, non un anglicisme), j’ai lu « Parlez-vous franglais? » de René Etiemble, ce qui m’a décidé à consacrer mon mémoire à ce problème.
    C’est dire que je trouve aussi ridicules les emprunts inutiles à l’anglais. J’ai bondi quand j’ai entendu Martine Aubry parler du « care » ou Jean-Michel Apathie dire « votre raisonnement (ou « argument ») est un peu short (sic).
    Je suis aussi opposé à ce que l’on privilégie l’emploi de l’anglais au détriment des autres langues dont le français mais inutile de vous contacter pour marquer mon accord.
    C’est un désaccord que je voudrais exprimer.
    Le responsable que j’évoque ci-dessus s’est déclaré contre la diffusion des films en version originale avec sous-titrees français.
    Là, je suis 100% pour. Si, en Belgique, les jeunes Flamands sont meilleurs en langues que les jeunes Wallons, c’est parce que la télévision flamande diffuse les films en VO avec sous-titres néerlandais. Maigret passe en français, Derrick en allemand, Columbo en anglais. Cela représente pour les jeunes Flamands des centaines d’heure d’accoutumance aux langues étrangères.
    Si, comme moi, vous êtes contre le franglais, vous n’êtes pas, je suppose, contre l’anglais ou toute autre langue étrangère.
    Un film doit passer dans sa langue. J’ai sur cassette Les Enfants du Paradis et La Grande Illusion, programmés par la BBc en français avec sous-titres en anglais.
    Qu’en pensez-vous?

    Bien à vous

    Sobrie JM, professeur de français.

  3. J’ai vu à la télévision un responsable du Prix de la Carpette anglaise dire qu’il était cette année décerné à Jean-François Copé.
    Dans les années septante (« septante » est un belgicisme, non un anglicisme), j’ai lu « Parlez-vous franglais? » de René Etiemble, ce qui m’a décidé à consacrer mon mémoire à ce problème.
    C’est dire que je trouve aussi ridicules les emprunts inutiles à l’anglais. J’ai bondi quand j’ai entendu Martine Aubry parler du « care » ou Jean-Michel Apathie dire « votre raisonnement (ou « argument ») est un peu short (sic).
    Je suis aussi opposé à ce que l’on privilégie l’emploi de l’anglais au détriment des autres langues dont le français mais inutile de vous contacter pour marquer mon accord.
    C’est un désaccord que je voudrais exprimer.
    Le responsable que j’évoque ci-dessus s’est déclaré contre la diffusion des films en version originale avec sous-titrees français.
    Là, je suis 100% pour. Si, en Belgique, les jeunes Flamands sont meilleurs en langues que les jeunes Wallons, c’est parce que la télévision flamande diffuse les films en VO avec sous-titres néerlandais. Maigret passe en français, Derrick en allemand, Columbo en anglais. Cela représente pour les jeunes Flamands des centaines d’heure d’accoutumance aux langues étrangères.
    Si, comme moi, vous êtes contre le franglais, vous n’êtes pas, je suppose, contre l’anglais ou toute autre langue étrangère.
    Un film doit passer dans sa langue. J’ai sur cassette Les Enfants du Paradis et La Grande Illusion, programmés par la BBc en français avec sous-titres en anglais.
    Qu’en pensez-vous?

    Bien à vous

    Sobrie JM, professeur de français en Belgique

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.