Lenny Kravitz à Bercy

/Plus de 20 ans que Lenny Kravitz écume les salles du monde entier. Plus de 20 ans, depuis sa performance aux Transmusicales de Rennes en 1989 que la France lui réserve un accueil triomphal.
Le mardi 26 juin 2012, l’histoire ne s’est pas démentie.

Il y a toujours une certaine appréhension à aller voir un artiste de ce calibre sur scène. Certes, le show sera forcément rôdé, avec des musiciens très compétents et tout un tas d’effets pyrotechniques détonants. Mais la technologie et la virtuosité suffisent-elles à faire un bon concert ?
20h00. Au milieu d’une fosse encore faiblement remplie, Vintage Trouble monte sur scène. Jouer en première partie est toujours ingrat. Le public vient applaudir son artiste, et se soucie en général assez peu des musiciens périphériques.
Pourtant, ce jeune groupe américain a remporté son défi. Emmené par un chanteur énergique, puisant allègrement sa gestuelle chez James Brown, Vintage Trouble avec son mélange de soul et de funk, ne laisse pas indifférent. Les spectateurs reprennent les refrains, et 40 minutes après leur entrée de scène, les applaudissements pleuvent.

21h35. Après cette mise en bouche appétissante et un entracte d’une demi-heure, une musique lancinante se fait entendre. Un morceau d’afro beat sans doute, Fela Kuti probablement. Tandis que la basse lourde fait trembler la salle cette désormais aux trois quart remplie, les lumières s’éteignent.
Le riff de “Come and get it”, extrait de Black and White America retentit. Kravitz est là, tout de noir vêtu, fauve rock aux airs de junkie chic. Le son est puissant, la foule réceptive. D’emblée, le groupe semble à l’aise, et enchaîne « Always on the run » et « American Woman » d’un trait.

Démarré à vive allure, le concert se ralentit avec « It Ain’t Over til it’s over », ballade guimauve, mais qui portée par l’enthousiasme de la salle, parvient presque à convaincre. C’est d’ailleurs l’un des points forts du concert. Les quelques incursions pop mielleuses de Kravitz (“Stand by my woman”, “Believe”, “Stillness of heart”, “I’ll be waiting”) trouvent en live un autre écho. Une dimension supplémentaire. Car si les versions studio des ces compositions s’avèrent faiblardes, une fois jouées sur scène, avec l’entrain de la foule, elles se révèlent.

Pendant deux heures, Kravitz et son groupe alternent accalmie et fureur. L’ensemble, à l’instar du E-Street Band de Springsteen, communique, et chacun de ses éléments s’exprime. Les cuivres (l’incroyable trompettiste Ludovic Louis), comme la batterie (vive la frappe éléphantesque et précise de Franklin Vanderbilt), la basse (la sublime et talentueuse Gail Ann Dorsey) sans oublier bien sûr le guitariste historique Craig Ross, tous se fondent et se répondent.
Kravitz à la fois chef d’orchestre et partie intégrante de l’ensemble, éreinte sa guitare contre l’ampli, s’amuse, se frotte à Craig Ross, salue les musiciens après l’exécution d’un solo, déambule, lève les poings et n’oublie jamais de solliciter l’audience. Il se met en scène (des photos de famille sont diffusées pendant « Black And White America »), pose parfois, exubérant et enfantin. Il sait comment manier, comment conquérir une foule, et quand pendant « Let love Rule » il s’autorise une traversée de la fosse, le public est définitivement acquis à sa cause.

23h40. Une fois le légendaire « Are you gonna go my way » achevé, l’écran éteint, les musiciens envolés vers une autre ville, et les oreilles bien bourdonnantes, le constat se pose. Faussaire de génie, Kravitz ne produit rien de vraiment original. Mais son énergie, sa maîtrise de la scène, ses rapports avec les autres musiciens éclipsent le manque d’inventivité. Alors oui, vivement la prochaine fois.

Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.