La vie parisienne : l’Armagnac à l’honneur

En juin, Paris a mis l’armagnac à  l’honneur !

Les 180 ans de l’Armagnac Castarède

Au Fouquet’s, Jean et Florence Castarède ont reçu leurs amis pour fêter les l80 ans de l’Armagnac Castarède, la plus ancienne Maison d’armagnac, la première inscrite au registre du commerce,  fondée à l’instigation du Baron Haussmann, alors sous-préfet de Nérac.

Jean Castarède, dans son discours rappelle que l’armagnac est la plus ancienne eau de vie de France, (née plusieurs siècles avant le cognac) et de citer les écrits de Vital Dufour, gersois du
XIIIem siècle qui devint évêque et écrivit un » livre de médecine », détenu par la bibliothèque vaticane  dans lequel l’armagnac est paré de toutes les vertus médicamenteuses. Les très nombreux invités pourront le vérifier car ils quitteront le Fouquet’s avec un petit flacon d’armagnac de 18 ans d’âge, pure folle blanche, le plus fin et le plus fragile cépage du domaine du Château de Maniban, là même où les Castarède détiennent un trésor : des armagnacs millésimés de 1893 à 1990.

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Une dégustation exceptionnelle

La Société « ‘Bas-armagnac Francis Darroze », aujourd’hui conduite par son fils Marc Darroze (œnologue, sa sœur n’est autre que la restauratrice bien connue Hélène Darroze) sélectionne des domaines du Bas-Armagnac (une trentaine, ils figurent sur l’étiquette) soumis à des protocoles qualitatifs.

Bref rappel des conditions de production

Cépages : Ugni blanc, 24% (superficie)
Colombard (24%)
Baco (20%, 40% en Bas-Armagnac)
Folle Blanche (4%)
Le baco a failli être interdit par une commission technocratique bruxelloise car c’est un hybride (folle blanche X noah, créé par François Baco, instituteur des Landes). La qualité de son distilla augmente fortement au vieillissement.
6 autres cépages sont autorisés, mais pas plantés
Distillation : continue, alambic en colonne
Elevage : fût de 400  l. (chez Darroze, neuf, en chêne noir de Gascogne, puis fûts usagés)
Les armagnacs dégustés ont tous été mis en bouteille en 2012 (sauf indication contraire).
La dégustation, dans esprit pédagogique est divisée en cinq «ateliers»
atelier N°1
« Les cépages «
folle blanche  Domaine de Paguy 2008   finesse et légèreté
folle blanche   Domaine de Couzard Lassale 2000   Nez et bouche : fondu,élégance, harmonie
Baco    Domaine de Busquet 1982  fruit, rndeur, équilibre, grande longueur (47°)
Baco  Château la Bataille 1966   Nez complexe et profond, finale harmonieuse  (44°)
Ugni blanc  Domaine de Jouanchicot 1987 Très présent au nez, bouche monocorde, vanille.
Ugni blanc   Domaine de Jouanchicot 1977  Nez puissant, bouche droite, 1/2 complexe

Atelier N° 2
«  l’art de l’assemblage  »
Les plus jeunes sont dominées par l’ugni blanc, les plus âgées par le baco
8 ans    nez peu typé (whisky ?) frais, léger
12 ans   prend du caractère, gagne en longueur
20 ans   classique, puissant, vigoureux
30 ans    nez tout en harmonie, bouche fondue, belle finale (43°)
40 ans    armagnac de sénateur (43°)
50 ans   empyreumatique, l’équilibre se perd,,,(42°)
60 ans   plus complet que le 50 ans, la chaire faiblit mais belle longueur (42° )
larme d’armagnac (carafe – 50 à 80 ans) plus ample que fin, vanillé et long.

Atelier N° 3
«  millésime et vieillissement  »
Château de Gaube,100% baco de 40 ans sur sables fauves distillé à 52°. Elevage : chêne local
1972   un  fruité doux, longueur moyenne
1971   l’alcool est toujours présent, la bouche s’arrondit, la finale s’affirme
1970   bouche puissante, linéaire et longue. Excellent.
1966   boisé, arômes de violette, fin, élégant. Très bon
1964   alcool intégré, touche de réglisse, puissant et long. Bel armagnac
1963   évanescent, un peu court.
1962   rond, plein, très équilibré, bonne finale
1959   parfait mariage arômes-saveurs, bouche «évidente»,,,

Atelier N° 4
«Bas Armagnac et chocolat»
Les chocolats sont l’oeuvre de Jean-Charles Rochoux dont la réputation n’est plus à faire. Un atelier ludique pour les sommeliers qui exploitent les alliances comme un fond de commerce.
-Ayora (pâte de truffe aux cinq poivres)-Domaine Couzard Lassalle 2000            -L’élégance de la folle blanche face à l’acuité des poivres.
-Mamouros (pâte de truffe au miel de montagne)-Domaine de Jouanchicot 1997
L’ugni blauc droit, vanillé et le chocolat.
-Calvaro (pâte de truffe aux différentes épices)-Domaine de Coquillon 1987
L’ugni blanc (sans doute ?)toujours droit et franc taquine les épices.
-Tumacos (pâte de truffe mi-amère,vanille givrée de Madagascar-Domaine de Bertruc 1983
L’amertume légère n’effarouche pas cet armagnac (baco/ugni blanc) à l’attaque très vive.
-Louise (pâte de truffe au basilic frais)-Domaine de Busquet 1982
Le baco (100%) est responsable d’une rondeur sphérique en milieu de bouche, le basilic s’efface.
-Habasnos (pâte de truffe à l’infusion de tabac de cigare)- Domaine de St Aubin 1973
Un pur baco a son apogée confronté aux arômes de tabac, cela fonctionne fatalement !

Atelier N° 5
« Millésimes exceptionnels »
Ces bouteilles proviennent de la collection familiale. La date de la mise en bouteille, si importante puisqu’elle scelle la fin de l’élevage est indiquée. (« mise »)
-Château de Lasserrade 1945 (mise octobre 1995)
Harmonie exceptionnelle. Un armagnac où il ne manque rien. Tout est fondu. Idéal.
-Château La Bataille 1940 (Mise janvier 1992)
Le fruité se manifeste. Prune ? Belle longueur.
-Domaine de Peyrot 1936 (mise février 2000)
Puissant, puissant, sans doute au détriment du fondu céleste du 1945.
-Domaine de Peyrot 1932 (mise février 2000)
Proche du précédent, mais la fusion s’organise
-Domaine de Peyrot 1930 (mise février 2000)
L’alcool est assimilé, une harmonie « douce »
-Château la Bataille 1926 (mise janvier 1982
Belle eau de vie, complète, homogène. Longueur ?
-Domaine de Maubaret 1924 (mise octobre 1986)
Armagnac sensuel, une sensualité apaisée
-Domaine de Peyrot 1920 (mise mars 1978)
Belle rondeur vanillée, finale étiolée.
-Domaine de Picpout 1918 (mise juillet 1979)
Arômes et saveurs parfaitement mariés, puissant et somptueux.
-Domaine de Peyrot 1904 (mise octobre 1990)
Moment d’émotion, un armagnac largement centenaire élevé en fût 86 ans !
C’est un exploit. Je souhaite à tout le monde d’en déguster, même si un élevage
moins long est sans doute concevable.

Michel Dovaz

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