Retour sur un phénomène : The Rebels of Tijuana

/Un sacré band. Six jeunes musiciens avec un seul objectif : faire bouger le public. Car ils ont le sens de la fête les Suisses, en particulier guitare branchée et paroles tranchées.
Explications pour CultureMag avec Fred, un des chanteurs et paroliers d’un des meilleurs groupes francophones du moment.

CM : Bon alors Fred, vraiment rebelle?

(rires) Bonne question! Avant tout, il n’y a pas de revendication politique ou autre de notre part. Par contre on est clairement contre la musique actuelle. Notre horizon d’influences s’arrête au début des années soixante-dix. Ce qui ne veut pas dire que notre musique et nos chansons ne sont pas modernes, bien au contraire. On est rétro et on l’assume.

CM : Des romantiques en quelque sorte ?

Quelque part oui. On mélange sérieux et détente, plaisir et soin, et puis on idéalise la musique et ce qui fait la vie d’un musicien : les rencontres et le goût des plaisirs simples, comme faire la scène. On joue pour le public. Pour que ça bouge.

Vos influences majeures ?

La période yé-yé. Cette fameuse décennie des 60’s. Des types comme Gainsbourg ou Nino Ferrer ont laissé des trésors quand on fouille un peu. Nino c’est l’exemple de la musique grand public au sens noble. Gainsbourg c’est l’alliance du style et du bon goût. Et puis le rock californien du début des 70’s. D’où le nom du groupe d’ailleurs! Aucun de nous n’a beau y être allé, on comprend bien que cette ville de Tijuana est la continuité latino de la west coast, avec le même esprit, métissé et festif.

Vous êtes donc sensible à ce qu’a fait un groupe comme la Mano Negra  ?

Oui dans son aspect métissé justement. Après, moi Manu Chao je suis moins fan, mais tout dépend de quelle période on parle. Mais jeune, oui j’écoutais la Mano.

Et Mustang ?

(Enthousiaste) On a fait un concert ensemble à Lyon. On est proche d’un groupe comme celui-ci, qui démontre le mariage possible de la langue de Dutronc avec la musique d’Elvis. C’est un groupe qu’on écoute et qu’on aime bien. Et il y en a d’autres…


Qu’est-ce qui peut motiver le choix d’être musicien en 2102 ? A part l’argent ?

C’est sûr qu’en ce moment c’est pas un créneau porteur !(rires)Nous ne faisons pas de calcul. Notre seule motivation c’est la route. Aller de ville en ville jouer dans des salles de plus en plus grandes. Même si toutes les salles nous conviennent, puisqu’au fond le but c’est de se marrer. On a de la chance chez les Rebels, on a quand même fait trois premières parties du John Spencer Blues Explosion…

Que retient-on lorsqu’on se frotte à de tels groupes ?

Rien de mieux que de bosser avec  des pros. On tisse des liens, et on rencontre des gens qui vous font avancer. Du coup on se lance sans modération. Notre label Echo Orange est une réussite je trouve, tout comme l’est notre structure Pop Club, qui réunit des groupes pour de la création artistique, et même de l’édition, de la radio etc.

Votre soin se porte même sur les aspects visuels, comme vos clips, où l’on ressent le mélange de rétro sérieux et de dérision.

Nous ce qu’on veut, c’est ouvrir les portes, être visible. Ces vidéos on les fait ensemble, sans arrière-pensée, comme on sent les choses. Et ça marche, ce qui explique l’aspect sympathique de ces vidéos comme « J’adore ce flic » ou « Les filles d’Angleterre » qui montrent notre joie de jouer ensemble.

En parlant de chansons, les vôtres sont en grande partie de nature poétique, dans le sens où les paroles et les histoires sont compréhensibles et agréables à entendre. Quels auteurs encadrent ou inspirent l’élaboration des chansons ?

Si on parle de chansons comme Bleu, La Chimère, ou La Bourgeoise, on est dans une vision assez baudelairienne de l’art. Suggérer sans pour autant donner. Le tout arrosé de Bukowski. De toute façon on fait tout ensemble, on échange avec le groupe et c’est comme ça que ça fonctionne.

Vous avez tous joué dans divers groupes avant de vous réunir sur l’initiative d’Alex (Kacimi, chanteur, guitare, basse, ndlr). Une belle naissance à en croire la qualité physique et visuelle de votre nouveau-né La Bourgeoise !

Tu sais nous on est des collectionneurs, on se prête des disques et je vais te dire, si on avait pu, on aurait sorti le disque qu’en vinyle. On est obligés de fournir le format CD, c’est pourquoi il a tout de même l’aspect d’un vinyle. Tout comme la pochette, « fait maison ». Une photo que j’ai prise un jour, j’ai toujours un appareil photo sur moi.

Vous êtes concernés par l’actualité autre que musicale ?

Nous on ne revendique rien, si ce n’est de faire de la bonne musique et s’éclater. On vit avec l’actualité tu comprends ? Pas forcément besoin ni utilité de la commenter.

Même pour le retour de Mika ?

Si tu savais comme on est loin de tout ça…(rires)

Propos recueillis par Benoît Bonnet

Album La Bourgeoise, Echo Orange, 2012.

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