L’Impressionnisme et la mode

/Le visiteur déambule à travers les salles du musée d’Orsay, dans un cadre Napoléon III, pour se replonger dans les ambiances des tableaux de Manet, Renoir, Monet, Degas ou Caillebotte. L’Impressionnisme et la mode nous offre une promenade apaisante de fraîcheur.
Cette fois-ci, ce sont les personnages et non leurs paysages qui nous attirent. Les modèles de ces peintres impressionnistes sont pour la plupart des citadins de la bourgeoisie ou de l’aristocratie dans leur quotidien.
Dans la rue, leur maison ou au théâtre, ils sont les modèles de leur temps et d’une certaine mode qui se veut différente suivant les heures de la journée et les lieux de rendez-vous.

Les impressionnistes ont représenté la vie parisienne où l’on joue, chante, danse et s’amuse. De jour comme de nuit, la musique est un sujet de prédilection pour les peintres qui ont montré leurs amis au piano,  dans l’intimité des intérieurs ou dans l’ambiance des cafés, des concerts et des guinguettes des bords de Seine. Ces lieux de divertissements, où se mêlent les classes sociales, diffusent aussi bien un répertoire savant que populaire. Une cinquantaine de robes ainsi que des accessoires font virevolter ces scènes de la mode féminine. La mode masculine est évoquée par une vingtaine de pièces.

« La toilette est un grand symbole » disait Michelet dans L’Amour. « Il y faut de la nouveauté, mais non brusque, jamais surtout une nouveauté complète qui désoriente l’amour. L’accessoire varie avec grâce et suffit pour tout changer. Une fleur de plus ou de moins, un ruban en dentelle, peu ou rien, souvent nous enchante et l’ensemble est transfiguré ». Le vêtement du bourgeois triomphe. Il s’oppose au faste des habits de cour, surtout pour les hommes : broderies, dentelles et plumes, culottes courtes et couleurs claires, boucles et bijoux disparaissent peu à peu. Le vêtement sombre, sobre, étroit s’oppose à la tenue féminine. Les femmes portent crinoline, tournures avec une surcharge de matières, une vivacité de couleurs et une incommodité des formes. Il semble que la femme devient doublement coquette, puisque l’homme ne l’est plus. Elle se change aux différentes heures de la journée, adopte de nouvelles toilettes suivant les saisons et les lieux dans lesquels elle se rend.

Le sous-vêtement apparaît comme un ensemble d’éléments superposés, bordés d’agrafes, de sangles, de lacets et de boutons et se porte à même la peau : la chemise, le pantalon, bas et jarretières, le corset. Ce dernier moule le corps, étrangle la taille, fait saillir la poitrine, cambre les reins. Une fois lacé par la domestique ou soi-même, il permet l’ancrage de nombreux jupons qui s’amoncellent en couches superposées.

À partir de 1854, la femme met une cage en lame d’acier, qui s’arrime au corset. Succédant à la crinoline en 1867, la tournure rejette toutes les enflures vers l’arrière ; elle exige la présence du « pouf », rembourrage de treillis métallique ou de crin disposé au bas du dos. Vient par-dessus la robe surchargée de volants, guipure, nœuds et fleurs de toutes matières.

/La seule vision d’une cheville dévoilée ou la main délicatement dégantée peut suffire à allumer les plus furieuses convoitises. Le soir, la femme dénude sa gorge et ses épaules avec des robes luxueuses. Balzac déclare « les femmes peuvent tout montrer mais ne rien laisser voir.., les robes n’ont été faites que pour cela… ».
Monet, Degas, Caillebotte… ne dessinent que la femme bourgeoise. Malgré l’aisance financière de certaines femmes, les robes luxueuses sont portées plusieurs fois et parfois transmises de mère en fille.

Les femmes des classes populaires s’habillent dans des friperies et les vêtements sont souvent usés. Vers 1840, les progrès de l’industrie textile, l’essor de la confection et la naissance des grands magasins impliquent une sorte d’embourgeoisement vestimentaire. Le peuple des villes attiré par le spectacle des nouveaux commerces où l’entrée est libre, les vitrines immenses, les lumières foisonnantes et les comptoirs innombrables est séduit par le bon marché de ses produits.

Pour la pratique de certains sports comme le tennis ou le vélocipède en 1880, le costume se doit d’être plus ajusté ou différent.
John Grand Carteret dans La femme en culotte en 1899 annonce « le pantalon, l’égalité pour tous ! Deux jambes de chair dans deux jambes de drap. La femme en culotte l’annonce comme la femme de demain »…

Ysabelle Jolly-Gojon

Exposition L’Impressionnisme et la mode
Musée d’Orsay
5 Quai Anatole France
75007 Paris
Tél: 01 42 22 07 74

Jusqu’au 20 janvier 2013.

www.musee-orsay.fr

Photos :

Edouard Manet, Le Balcon
Albert Bartholomé, Dans la Serre
Bazille, Réunion de famille

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