Zeros by The Soft Moon

/Imaginez le bruit de décollage d’une navette spatiale. Je ne parle pas de bruit assourdissant, je parle de sons. Peu d’hommes finalement peuvent témoigner d’une telle expérience. Et pourtant, l’électro fait souvent bien des ravages. Surtout en ce qui concerne le langage.

On la confond souvent, sur les ondes ou même chez Gibert, entre les artistes pop indépendants, genre Two Door Cinema Club, ou Hot Chip, et l’ « électro » tous azimuts, de la Gaga à notre Sébastien Tellier euro-visionnaire s’il vous plaît.

Parfois il s’agit d’y catégoriser plutôt Guetta, pour le pire, et M83 pour le côté gentil garçon. Qu’on ne s’y trompe! Point d’électro avec ce chef-d’œuvre lyrico-punk, tout en bruit certes, mais en harmonie. Or il faut que je vous parle du son de ce disque. C’est comme si vous mixiez sans vous en rendre compte, Depeche Mode et Amon Tobin, ou encore Wu Lyf avec Joy Division ou Gun Club.
Et c’est parti pour l’envol vers les sphères mélodiques, dès Insides, qui l’air de rien vous a déjà, à coups de grosse caisse et de rythmes plaintifs, emportés dans Zeros, titre ô combien judicieux au vu de cet album un tantinet baroudeur. Zéros pointés… d’avance, à tous ceux qui prendront le parti d’une audace pareille.

Déjà le titre éponyme avait lancé les hostilités avec cet hommage au post Krautock, lorgnant plutôt du côté de Can ou de Joy Division, pour la version british adepte elle aussi du mouvement saccadé des instruments et des paroles. Certes il est question ici d’hypnose, ou plutôt de rééducation, voire de réappropriation par l’électronique de la trame mélodique d’un album. Remembering of the Future solennise définitivement l’attente patiente de l’auditeur.

La chute n’intervient qu’en fin d’album, celle qui suit le Crush destructeur, tant au niveau des cordes sensibles qu’au beat insensé qu’il laisse en suspension. Pour mieux se défouler sur Die Life. Titre trompeur s’il en est! Pour celui qui a su laisser chaque note aller au bout jusqu’à ce morceau fatal (avec Want), saura qu’il faut voir dans ce disque l’oeuvre d’antihéros, parfois agaçants, entêtants, certes, mais dont il reste à explorer le précédent…

Benoît Bonnet

The Soft Moon
Zéros
Captured Tracks, novembre 201
2.

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