Comment rentrer aux Beaux-Arts ?

/Ce mois-ci, à la halle Martenot à Rennes, 700 jeunes candidats venus de toute la France passaient les épreuves d’entrée aux écoles d’art de Rennes, Lorient, Brest et Quimper..
Sud-Ouest nous restitue la délicieuse “ambiance artistique”(1).

“La veille, les jeunes candidats  devaient commenter une œuvre contemporaine prêtée par le Fonds régional d’art contemporain (frac)… un canard recouvert d’un tissu en treillis. Et également s’en inspirer pour réaliser un tableau de chasse sur le thème du retournement de situation, de l’humour, de la dérision. « Un prétexte pour chercher chez les candidats la capacité à répondre, du tac au tac, à un sujet », lance la chargée de communication de l’école européenne supérieure d’art de Bretagne (EESAB).
Méditatifs et contemplatifs s’abstenir…!

Les enseignants des Beaux-arts enchaînent les entretiens pour choisir leurs futurs étudiants qui ont « 8 minutes pour convaincre» et répondre à une batterie de questions “parfois déroutantes”. Exemple : « Tu es féministe ? » « Un peu. » « Comment ça ? On est féministe ou on ne l’est pas ! » « Tu as lu Virginie Despentes ? » « Non. » « Tu devrais. Qu’est-ce que tu aimes en cinéma ? » « Tarantino. » « Tu peux citer un vieux film en noir et blanc ? » « Heu… Le Dictateur. » « Tu as envie d’apprendre des choses ? » « Ben oui, sinon je ne serais pas là. » « Tu es une bosseuse ? » Manon tapote sur le dessin au feutre qui lui a demandé 40 heures de travail. « Non, non, ça, c’est juste du temps passé”.
Consciencieux s’abstenir ; Cézanne, qui passait bien trop de temps sur ses peintures, dehors !

Beaucoup de ces candidats sont encore lycéens, certains ont passé un an dans une prépa d’art, ce qui fait bondir le jury: « Ils dépensent entre 6 000 et 10 000 € pour ces prépas privées. C’est du racket ! ». Environ un tiers va être retenu mais, attention, il ne s’agit pas de “dénicher des artistes”, précise une jurée, presque fâchée d’une question sur les critères d’admission :” S’ils sont déjà artistes, ils n’ont pas besoin d’une école (préparatoire). On est là pour recruter des gens qui ont envie de suivre des études longues, difficiles et… géniales ! Le critère n° 1, c’est leur dossier, les travaux qu’ils nous présentent. Le critère n° 2, c’est la MO-TI-VA-TION. Si elle est forte, même si leur dossier est moyen, on va leur faire confiance. » Effectivement pas besoin de dépenser un centime pour se former ; avoir l’air motivé suffira ! Les jeunes ont compris la loterie et postulent aux quatre écoles “pour maximiser leurs chances”.

Les virtuoses intimidés sont priés d’aller voir ailleurs. En revanche, les adeptes de la soumission volontaire, les friands du politiquement correct, du conformisme déguisé en non-conformisme, ceux-là ont toutes leurs chances…

Christine Sourgins

(1) http://www.jactiv.ouest-france.fr/job-formation/se-former/rentrer-aux-beaux-arts-cest-tout-art-16430 (Merci à Yves G. pour la référence)

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