Retourner au musée d’art moderne de Troyes avec Martine Martine

/Formée à l’Académie Julian et à la Grande Chaumière de Paris, Martine Martine a choisi sa ville natale, Troyes, pour présenter sa nouvelle exposition: Expression d’être. Lavis, sculptures et bijoux se mêlent à la céramique, au cœur d’un univers dominé par les obsessions de l’artiste.
Reportage au Musée d’art moderne de Troyes.

Un soleil timide éclaire le centre-ville. Entre deux maisons à colombages, le Musée d’art moderne de Troyes ouvre les portes de sa nouvelle exposition: Martine Martine, Expression d’être.
À l’étage de la bâtisse, une lumière douce enveloppe le visiteur. Les murs blancs sont habillés de lavis ; les vitrines de sculptures, objets en céramique et bijoux précieux. Ici repose le travail artistique de Martine Cligman, dite Martine Martine. L’artiste apparaît rayonnante, vêtue d’un tailleur bleu nuit. Peintre et sculpteur de renom, elle n’avait jamais exposé à Troyes.
C’est une grande première au cœur de sa ville natale. Comme un retour aux sources. Ou comme un hommage à ses parents, les collectionneurs Pierre et Denise Lévy, fondateurs du Musée. « Ils m’ont initiée à l’art dès le plus jeune âge, confie-t-elle. Ils appréciaient l’art tribal, les fétiches… J’ai grandi au cœur de cet univers. »
À travers cette nouvelle exposition, la filiation artistique est à l’honneur.

Guidée par ses obsessions

Tout au long de la galerie, quatre thèmes font surface. Comme quatre obsessions de l’artiste. Les mains, les chevaux, les sumos, et Balzac. « J’aime travailler par obsessions, explique Martine Martine. Une fois que j’ai commencé un thème, il est très difficile de m’arrêter. » Ainsi se déclinent ces obsessions. D’abord une fascination pour les mains. Elles apparaissent peintes ou sculptées, tantôt agressives, tantôt amicales. Pliées ou tendues, vecteurs d’une émotion. Sous le doigté de Martine Martine, les mains sont célébrées en tant qu’outil d’expression par excellence. Sur un mur isolé, une de ces toiles est plus sombre. Elle représente un bouquet de mains crispées sur fond écarlate. L’œuvre est baptisée 11 Septembre, 2001. « J’ai souhaité évoquer la tristesse des évènements, précise l’artiste. Et d’ajouter, l’air mystérieux : « Plus tard, quelqu’un m’a fait remarquer que la toile comportait onze mains. »
Quelques pas plus loin, les mains laissent place à un défilé de chevaux sauvages. Majestueux animaux sur toile, sans selles ni sangles. Sous une encre rehaussée de gouache, ou sculptés en plein galop, figés dans la terre . Autre obsession, autre époque. « Il y a quelques années, mon cheval s’est emballé lors d’une promenade, précise Martine Martine. Je me suis tout simplement vengée par l’art, » ajoute-t-elle en riant. La vengeance prend la forme de crinières volantes, de têtes qui hennissent. Les traits sont appuyés, avec un soupçon de violence. Le dessin est dynamique, le mouvement palpable.  Ce même mouvement dessine une autre obsession de l’artiste : les sumos. Curieuse fascination. Martine Martine n’a jamais assisté à un combat de sumos.
Elle a pourtant développé une véritable passion pour les combattants nippons. « J’étais intriguée par la carte postale d’une amie japonaise, où figurait des sumos, explique-t-elle. Je me suis intéressée à leur histoire, à leur détermination au combat. »
Cette passion s’exprime sur toile par des corps lourds, entrechoqués, en plein combat. Des jeux d’ombre et de lumière habillent les dessins de volume. Des sculptures de sumos en bronze prennent un air conquérant, d’autres ont le visage de la défaite. Le sport ancestral japonais est mis à l’honneur, dans toute sa splendeur.

/Balzac, bronze et plâtre

Le fond de la galerie nous présente la dernière obsession: Honoré de Balzac. « Son buste séjournait dans la maison familiale » précise Martine Martine entre deux portraits. Depuis peu, l’artiste semble hantée par ce souvenir. Elle peint et sculpte à foison le visage de Balzac. Sur fond noir, sur fond blanc, ou multicolore. Entre le bronze et le plâtre, le romancier apparaît sous toutes les formes. Pourvu de la même expression renfrognée, un peu maussade.  Mais au delà de ses thèmes obsessionnels, Martine Martine s’est essayée aux arts décoratifs. Une poignée d’œuvres d’orfèvrerie reposent au creux d’une vitrine. Les découpes des parures sont audacieuses : félins, chevaux et créatures imaginaires ornent des broches, colliers et bracelets en or. « Je me suis inspirée des œuvres antiques de mon enfance, dans la résidence familiale », confie l’artiste.

Des céramiques s’invitent aussi à la collection, assiettes et récipients colorés. Un carnet à dessin est niché au creux d’une vitrine.
Qu’elle s’exprime sur le papier, sur la toile ou dans la terre, Martine Martine imprime sa grande soif d’expression. Par les obsessions, les souvenirs ou la curiosité, l’artiste présente ici une incroyable polyvalence créative.
Au cœur même de la ville où elle goûta à l’art moderne pour la première fois.

Elénie Alfera

Pratique :


Martine Martine, Expression d’être,
jusqu’au 25 août 2013 au Musée d’Art Moderne de Troyes.

Horaires d’ouverture : Du mardi au vendredi : 10h – 13h et 14h – 19h Samedi et dimanche : 11h – 19h  Tarifs :  – Entrée individuelle : 5 euros, gratuit pour les mineurs et les étudiants de moins de 25 ans – Groupe (+12 personnes) : 2 euros. Entrée gratuite pour tous le 1er dimanche de chaque mois.

Adresse : 14 Place Saint-Pierre, 10000 Troyes.  Tél. : 03.25.76.26.80.
Courriel : musart@ville-troyes.fr
Plus d’infos sur www.ville-troyes.fr et www.musees-troyes.com

Accès depuis Paris : – En voiture par l’A5 ou en train depuis Gare de l’Est (1h30) – 20 minutes à pied depuis la gare de Troyes, ou ligne 4 (Les Noës), descendre à l’arrêt Gare Voltaire puis ligne 1 (Pont-Ste-Marie), et descendre à l’arrêt Girardon.

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