Hommage à Henri Dutilleux

/Hommage au grand compositeur français Henri Dutilleux qui vient de nous quitter…dans l’indifférence du système politico-médiatique.

CultureMag sous la plume de Matthieu Falcone lui rend les honneurs mérités.

L’été dernier, au micro de Kathleen Evin sur France Inter, Bruno Le Maire, ancien ministre de l’agriculture et néanmoins mélomane, regrettait qu’en France la figure de l’écrivain ait pris une telle place qu’à l’inverse de l’Allemagne, un chef d’État ou de gouvernement n’assisterait jamais à la création de l’œuvre musicale d’un compositeur français ni ne lui rendrait d’hommage national.

Est-ce un héritage historique, dû au rôle qu’ont joué certains écrivains comme Hugo, Zola ou Malraux ou est-ce à dire que le peuple français serait moins mélomane que son cousin germain par exemple ?
Il faut certainement en conclure qu’il s’agit d’une regrettable tradition qui voudrait que la littérature soit plus importante que la musique aux yeux de la république française.
Et pourtant, quand on y songe, quels meilleurs « ambassadeurs du made in France » (puisque ce concept est à la mode) que des compositeurs de génie comme Debussy, Ravel, Messiaen, Boulez ou Dutilleux ?

Alors, verrons-nous François Hollande prononcer l’éloge funèbre d’Henri Dutilleux, comme il a prononcé il y a quelques mois celui de Stéphane Hessel ?
Rien de moins sûr, et c’est à la fois regrettable et tout à l’honneur d’Henri Dutilleux qui ne sera pas, comme chantait Brassens, un de ces « Pauvres grands disparus gisant au Panthéon / Pauvres cendres de conséquence », car cet immense compositeur mérite mieux.
Il mériterait de reposer dans cette terre d’Indre-et-Loire où il a vécu et où l’on peut le voir avec le quatuor Rosamonde jouant sa pièce Ainsi la nuit au milieu des rosiers de son jardin au bout duquel file le confluent de la Vienne et de la Loire ou encore désigner l’architecture en quinconce des toits de ce petit village où il avait reçu Vincent Bataillon venu y tourner son film.
Dans cette région que l’on dit être celle du beau parler et qui est aussi, par conséquence, celle du beau jouer, dont les tons, les couleurs et les harmonies ont dû influencer son écriture qui se place dans une tradition toute française de classicisme moderne et qui le met au rang des plus grands compositeurs du XXe siècle au même titre que Debussy ou Messiaen, ce qui est peut-être une des raisons pour lesquelles un certain nombre de ses créations ont été faites à l’étranger, car il n’est bien souvent de plus grands amoureux de l’art français que les Américains ou les Japonais.

Quoi qu’il en soit, le plus grand hommage qui puisse lui être rendu est que sa musique soit jouée et écoutée, et elle le sera car elle est grande et belle.

Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.