Shuck One, du métro aux galeries d’art

/Cela sonne sec, franc, ça sonne… américain. On pense à Shuck Norris. Et pourtant ce Shuck-là est bien de chez nous. Originaire de Pointe-à-Pitre, ce quadragénaire a posé son atelier au cœur de Paris !

Shuck One est un artiste atypique. La genèse de son parcours commence dans le métro, sur les murs des grandes métropoles… Bref, l’art premier de Shuck One est le graffiti, pratique par excellence de l’art de rue. Le but de cette action : graver sa « signature » partout. Son exigence : la rapidité.

Pour autant, Shuck One ne se définit pas tout à fait comme un de ces enfants du bitume qui n’aurait trouvé que cette manière de s’exprimer ; il pratique depuis toujours le « dehors-dedans ». La rue, l’atelier, les lieux d’exposition.

Membre actif des « DCM » sacré « king » des lignes 2, 9 et 13 du métro parisien à la fin des années 80, fondateur du mythique collectif « Basalt » en 1990, groupe de jeunes vivant un peu « les mêmes galères » (sic), ses œuvres sont présentées dans diverses expositions, galeries, fondations et musées dès 1993.
Des expositions mais aussi des performances visuelles en des lieux aussi inattendus que son installation à l’Université d’été du Medef ou à l’École Polytechnique en 2008.

Cet art hip-hop puise ses racines dans la contestation politique. L’artiste le découvre aux Antilles où il exprime une forme d’agressivité, se mêlant aux revendications des indépendantistes. Cela le conduit à mener une réflexion d’ordre plus philosophique sur le sens du graffiti et son rapport à l’individualisme. Le graffiti est issu des ghettos de New-York, où des hommes se mirent à inscrire leurs noms sur les murs. Le « moi » des ces « graffeurs » apposant partout leur signature soulève la question de l’identité de ceux qui n’ont que cette forme primitive, quoique talentueuse et souvent maîtrisée, pour s’exprimer. Shuck One entend montrer le rôle émancipateur de cette pratique.

Les œuvres de Shuck One foisonnent de cryptogrammes, de lignes, de taches colorées… Poursuivant sa réflexion sur la technique du graffiti sur la toile, il crée la notion de graffic artism. Il donne au Tag une notion purement esthétique tout en le mêlant au symbole. Le langage se métamorphose pour devenir purement pictural.

Le Tag peut se lire comme une manière de réhabilitation de la calligraphie contemporaine et urbaine.

Avec un vrai travail graphique, il se rapproche de l’art pictural abstrait du mouvement. Le trait est précis autant que vivant, mouvant. Une sorte d’abstraction lyrique de la manière urbaine, toute proportion gardée.

/D’ailleurs, l’œuvre naît de l’observation. Celle de la ville d’abord. Pour évoquer les aspérités de la cité qu’il observe depuis son atelier, Shuck One utilise une large palette de l’acrylique à l’aérosol en passant par le marker. Des percées transparaissent au milieu de la densité, de l’opacité de la matière projetée sur la toile ; on y perçoit vaguement des formes humaines – une manière de replacer l’Homme au centre de la mégalopole dense, bouillonnante, inhumaine… Une manière aussi de se replacer dans le contexte originel du Tag et de sa volonté farouche, un peu désespérée, d’exister dans la jungle urbaine.

Bleu outre-mer sur ses tableaux, équilibre des couleur, tout renvoie à son idéal : aucun ne doit dominer l’homme. Shuck One, un art de la concorde, de la paix.

Après 25 ans de graffitis en France et partout dans le monde, il multiplie les projets dans des cadres somptueux comme à Rome où il fut invité à œuvre devant l’église Santa Maria del Rosario in Prati ou au Castel Sant Angelo. On l’a vu, il y peu, au Grand Palais lors de l’exposition de la Collection Alain-Dominique Gallizia, et il fut reconnu une fois de plus lors des enchères à l’Hôtel Marcel Dassault, à l’occasion de la vente Street Art orchestrée par Artcurial Briest-Poulain-F. Tajan.
Bref, une figure reconnue de l’Art du Graffiti à redécouvrir aujourd’hui, pour une nouvelle exposition d’inédits Wild prize ; Life is war;Diaspora express; Funérailles des tabous... au cœur de Paris.

SHUCK ONE : WALL SPEECH
Exposition du 7 juin au 13 juillet 2013

Galerie Le 24Beaubourg
24, rue Beaubourg,
75003 Paris

Photo du haut : Street Life, 2012, acrylique, glycéro et marker sur toile, 110 x 140 cm.

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