Au Palais de Tokyo… dans les pas de Roger Vivier

/Virgule, Dans les pas de Roger Vivier
Souvenez vous …. Les chaussures Roger Vivier évoquent « belle de jour » le film de Bunuel dans lequel Catherine  Deneuve porte les fameux escarpins à boucle des années 60. Mais le créateur n’a pas réalisé que ce modèle. Le Palais de Tokyo : expose 170 chaussures et accessoires présentés comme des bijoux ou des œuvres dans des vitrines d’un musée imaginaire emprunté au style XIXe aux noms tendrement surannés : cabinet des objets d’art, les antiquités égyptiennes, le corridor des peintures anglaises, ou la galerie des Grandes Pompes…

L’histoire créatrice de Roger Vivier est longue. Né à Paris en 1907 il dessine à partir de 1934 des prototypes de chaussures. Lorsqu’il ouvre sa propre maison en 1937, c’est Elsa Schiaparelli qui la première va adopter ses créations. Il collabore ensuite avec Christian Dior et réalise les chaussures de la Reine Elisabeth II lors de son couronnement.
Ses talons sont sa marque de fabrique : Il affine, crée jusqu’à 20 talons comme le talon aiguille ou le talon boule qui va séduire Marlène Dietrich et que l’on découvre dans des vitrines comme des papillons pris au piège. Véritable architecte Il poursuit avec « Etrave », en forme de sablier, « choc » en s’incurvant à l’intérieur « Tibet » en pyramide pointu, « polichinelle » inspiré des escarpins du XVIIIe siècle ou « pied de chèvre » avec le talon sous la plante du pied.
C’est en 1963 que la fameuse boutique 24, rue François 1er  prend ses lettres de noblesse. Ses célèbres escarpins en cuir verni noir ornés d’une boucle de métal sur l’empeigne font écho à la collection « Mondrian » d’Yves Saint Laurent. Brigitte Bardot sur sa Harley Davidson immortalise les cuissardes crées par l’artiste.

Après son décès en 1968 c’est le groupe Tod’s qui acquiert la griffe et Inès de la Fressange en devient l’ambassadrice. L’élégance de ses modèles est doublée par une exubérance qui prédomine dans ses collections. Parfois véritables œuvres d’art, ses « sculptures » partagent la même noblesse. Ils veillent la nuit au pied du lit mais charment les chevilles le jour. Ils constituent pour leur détentrice une véritable amulette précieuse. Roger Vivier s’est autorisé toutes les couleurs et impressions et habillé les trottoirs de fleurs. Il fait de ses chaussures des œuvres à bout rond ou pointus parfois couverts de broderies, de strass, de velours, de crocodile ou de python, de cuirs colorés pour mieux transformer les pas des femmes, garder leurs empreintes et les transformer en divinités. La sobriété côtoie sans arrêt la fantaisie et l’excentricité.
C’est Bruno Frisoni le nouveau directeur artistique qui transforme aujourd’hui les femmes en …reines du bitume. Il va les ensorceler en poursuivant l’œuvre du Maître et en s’inspirant notamment de ses collages.
Le créateur a ainsi participé au paysage des rues élégantes des villes en rendant les enjambées graciles et en les habillant d’écrins insensés.

Ysabelle Jolly-Gojon

Palais de Tokyo
Jusqu’au 18 novembre de 12h à minuit
13 avenue du Président Wilson
75116 Paris
Tél : 01 81 97 35 88

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