Fleurs d’Équinoxe

/Fleurs d’Équinoxe, un film restauré de Yasujiro Ozu inédit sort sur les écrans.

Dans les années 1980, le public français découvrait l’univers d’un grand cinéaste japonais, Yasujiro Ozu (1903-1963). Époque un peu balbutiante où la littérature et le cinéma japonais n’étaient pas encore appréciés à leur juste valeur. À croire que l’on vivait encore sur des clichés japonisants assez éculés. La littérature de Kawabata et de Tanizaki était à peine lue.
Cependant, Mishima avec son livre Confessions d’un masque avait fait une entrée fracassante en 1971 dans une traduction chez Gallimard parue dans la collection « Du monde entier ».

Ainsi, en 1980, trois films d’Ozu sortaient du Japon : Le Goût du saké (1962), Fin d’automne (1960) et Gosses de Tokyo (1932).
De ses débuts dans le cinéma muet avec Le Sabre de pénitence sorti en 1927, à son dernier film en 1962, Ozu aura marqué son époque et surtout joué sur trois registres : le muet, le noir et blanc et la couleur. Cette couleur qu’il découvre avec Fleurs d’Équinoxe (1957) qui sort aujourd’hui chez Carlotta dans une version restaurée inédite.

Amour contrarié et marivaudage

/On entre dans l’univers intime d’une famille de la classe moyenne. Le père est le représentant de la tradition et de l’ordre dans ce Japon si codifié. Respecté, aimant avec la distance requise, on le voit évoluer au milieu de sa femme, toute dévouée, et de ses deux filles, plutôt coquettes et attirées par la modernité. Cadre supérieur, le père travaille dans un bureau et s’évade parfois en fin de semaine pour se promener en famille au bord de l’eau. Rien de bien extravagant.
Ozu filme remarquablement en plan fixe ces scènes de la vie de tous les jours avec un réalisme mesuré, bien cadré. Puis un jour, le père reçoit dans son bureau la visite d’un jeune homme assez beau, Masahiko, qui lui confie aimer l’une de ses filles.

C’est alors que l’histoire commence vraiment. Ozu donne le point de vue de la jeune amoureuse, Setsuko, contrariée que son soupirant soit allé voir son père, et celui du père qui refuse que les deux tourtereaux se marient. Mais le père, finalement moins buté qu’on ne le crois, réserve quelque surprise dans la suite de cette histoire apparemment simple.

De la causticité, de l’élégance, du marivaudage, Fleurs d’Équinoxe est un chant à la jeunesse et à l’amour. Ozu filme « au ras du tatami » comme on a dit souvent, ne bougeant jamais sa caméra. On se dit parfois qu’Éric Rohmer a dû adorer ce genre de cinéma minimaliste au scénario bien trempé et aux dialogues justes. Le parfum d’une époque, certes, mais magistralement restitué par un maître de l’image et un maître de la distribution. Chaque comédien joue sa partition sans excès et avec une justesse confondante.
Encore une fois, Ozu a su trouver un titre à la mesure de son film.

Fleurs d’Équinoxe, de Yasujiro OZU, de 1957, avec Shin Saburi, Kinuyo Tanaka et Ineko Arima.
D’après l’œuvre de Tom Satomi. Musique originale de Kojun Saito. Version restaurée (en couleur) inédite.

Dès le 22 janvier au cinéma.

Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.