Au large d’Eden avec Hélène Legrand

/Dans la jungle de l’art, depuis cinquante ans,  il pleut des « concepts » ; un déluge de ready-made, d’installations, de « performances » menace de nous submerger. Hélène Legrand, de la pointe du pinceau, a donc construit une arche pour y abriter les genres picturaux en voie de disparition : portraits, nus, paysages, animaux, fleurs…
Hélène Legrand s’inscrit dans la tradition pour la renouveler ainsi les pivoines ont droit à leur portrait en pied, quant à l’audacieux « Autoportrait en forme de bébé », il renouvelle incontestablement l’exercice
.

Peindre l’Eden, c’est revenir à l’origine de la Peinture : à l’attention portée à l’autre et à ce qui nous entoure. Dans l’atelier, chaque jour, le peintre nomme le monde sans le secours des mots et les iris proclament de tous leurs froissements : « croissez et multipliez-vous » ! Adam se déplie entre vacuité et amas de matières… quelques fous de Bassan célèbrent les noces mouvantes de la terre et de l’eau : la facture de la toile est bruissante comme leur envol. Plus loin, le trou d’ombre et d’eau de « La Hague » remplit d’espoir : la chute des corps y serait lumineuse…

Le paradis c’est maintenant, puisque maintenant c’est toujours : l’Arbre de vie, avec ses circonvolutions matricielles, prospère au coin d’un jardin public, les somptueux iris se pavanent à St Germain en Laye… ou se découpent  sur  la chaîne  de l’Étoile près d’un atelier d’été, en Provence, paradis cézannien.

Au large d’Eden, Hélène Legrand ouvre toujours plusieurs pistes au cheminement de l’œil. Sa figuration n’est jamais close et nous laisse libre de circuler.

La  Peinture est lieu d’incarnation, de reliance et non un simple outil de représentation, prélude à l’accaparement des choses et des êtres : contempler c’est restaurer notre proximité au monde qui sinon s’opacifie, se fracture, s’atomise…

Christine Sourgins
Historienne de l’art

Galerie Ad Solem
Au large d’Eden d’Hélène Legrand

Du mardi au samedi, de 11h à 19h  (dimanche et lundi sur rendez-vous)
Jusqu’au 22 février 2014

54 rue de la Condamine – Paris 17ème

info@galerieadsolem.com

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