Dans un salon de la galerie royale de la Manufacture de tapisseries fondée par Henri IV, la prostituée Zahia apparaît dans un tableau inédit des deux artistes homosexuels Pierre et Gilles. Leur idée : faire incarner à cette Zahia la Reine martyre, Marie-Antoinette !
Quand le Gobelins perdent la raison…et le bon goût.
La Galerie des Gobelins a donné carte blanche aux dénommés Pierre et Gilles jusqu’au 14 octobre 204 ! Les deux artistes donnent à voir leur vision de la femme. Hautement révélateur : la quintessence de la féminité selon eux est une prostituée, ma foi, bien vulgaire de surcroît. Le tout dans le cadre de l’exposition Les Gobelins au Siècle des Lumières. L’Âge d’or de la Manufacture Royale, laquelle expose une trentaine de merveilleuses tapisseries ainsi qu’une quarantaine de cartons peints et d’esquisses.
Et dans le salon carré à côté, les deux peintres contemporains on cru bon de déposer leurs étroncs, au sens figuré, certes mais au sens premier du terme. Non, vous ne rêvez pas !
Dans le catalogue de la rétrospective, les commissaires observent que « l’autorité d’aujourd’hui n’est plus nécessairement fondée sur un pouvoir, ou une légitimité, mais sur une aura née de l’emballement des média. Zahia Dehar, à ce titre, apparaît comme une personnalité emblématique ».
Les artistes ne tarissent pas d’éloges sur celle, qui mineure, avait des « relations tarifées » avec certains joueurs de l’équipe de France de football : « Nous avions déjà travaillé avec Zahia Déhar qui a incarné notre Nouvelle Eve (NDLR : Eve n’était pas une prostituée). Elle s’est naturellement imposée à nous, telle une Diane ou une Marie-Antoinette contemporaine. Nous percevons en effet sa grâce et sa légèreté parée d’innocence (sic !) et cette apparente fragilité qui cache une grande volonté. Cette personnalité singulière nourrit admirablement l’imaginaire ».
Ils ont choisi Zahia « pour sa beauté » (ah, bon !?), expliquent-ils, « son mystère et ce monde idéal qu’elle se crée, cet univers de rêve. C’est un personnage qui ne laisse pas indifférent, comme Marie- Antoinette. C’est un personnage de caractère. Zahia a tout d’une reine. » (sic)
Pour symboliser « la Révolution qui gronde » de gros rats empaillés bousculent les chaises, non loin d’une « merde » qu’on appelle courtoisement « étron humain stylisé ! » Les artistes ont ajouté une boule à facettes dans la pièce. L’ambiance boîte de nuit, » c’est pour le décalage « , confient-ils. « Marie-Antoinette était très moderne et ça lui aurait beaucoup plu », les deux créateurs en sont persuadés. « Si elle regarde de là haut », assurent-ils, « elle doit être contente »
Et qu’en penserait sa famille ? Lors de son « procès » ignoble, elle avait été salie de toutes les manières possible, jusqu’à l’accuser de pédophilie. Malgré ces calomnies, la Reine avait gardé sa dignité jusqu’à l’échafaud.
Même si tout cela ne reflète que l’image très personnelle de la femme qu’ont Pierre et Gille, en 2014, par cette exposition, l’imaginaire retiendra le lien entre une pitoyable prostituée du XXIème siècle et Marie-Antoinette.
Lors du vernissage, la CGT du Mobilier national et des Manufactures a dénoncé « la face cachée de cette carte blanche à Pierre et Gilles » : « 35.000 € ont été alloués, ce qui représente le budget de 3 manufactures de tissage, alors que le budget du Mobilier national a été amputé de 12% depuis 4 ans, avec en plus le non remplacement de 17 postes de métiers d’art ».
On évitera le salon carré si l’on ne veut pas se priver de la visite de l’exposition en cours mais n’hésitez pas à donner votre avis sur cet art dit contemporain qui ne manque jamais de se révéler injurieux pour tout ce qui lui est extérieur.
Katia Depiney
Pratique :
Galerie des Gobelins
42 Avenue des Gobelins
75013 Paris
Tous les jours de 11h à 18h.
6€ et 4€ (TR).
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