Joséphine, un bi-centenaire impérial

/N’aurait-on pas été jusqu’ici trop sévère, voire injustes à l’égard de l’Impératrice Joséphine (1763-1814) ?
La célébration du bi-centenaire de sa mort offre l’occasion de mettre en lumière cette personnalité bien plus fascinante et composite qu’on ne l’imagine. Et déjà, quel défi d’être l’épouse d’un grand homme !

Car Napoléon fut souvent dur, cachottier, violent avec elle, ne l’associant jamais à ses entreprises civiles ou militaires, utilisant son exquise éducation « ancien régime », la trompant sans vergogne à Saint Cloud ou ailleurs, allant jusqu’à déchirer une robe qu’il n’aimait pas ! Certes, elle fut indéniablement coquette, prodigue, affairiste, sachant cultiver ses amitiés dès son arrivée en France, échappant ainsi de peu à la guillotine, fréquentant des gens « arrivés », s’installant rue Chantereine où elle fait faire des travaux somptueux avant d’acheter (225,000 francs!) La Malmaison !

Mais si elle veut être la vedette du régime – à l’instar de Madame Tallien, de Laure de Bonneuil ou de Madame Récamier, elle apporte à la Cour de son mari une féminité, une douceur qui manque terriblement à ce milieu de militaires, épris de gloire et de victoires. Son goût du luxe, de la beauté sous toutes ses formes la font rechercher.. par quelques amants notoires, par aussi de nombreux peintres, de Jean-Antoine Gros (1805) à Andrea Appriani (vers 1809), de Firmin Massot (1812) à Ferdinand Paul Quaglia qui en signe le dernier portrait.
De l’un à l’autre, on peut suivre l’évolution psychologique, les tourments qu’elle aura vécus à partir de 1809, date de l’horrible « répudiation » pour n’avoir pu donner d’héritier.

Mais plus que tout, on retiendra le fabuleux portrait de Prud’hon de 1805 exceptionnellement prêté par le Louvre et qui nous livre le plus secret visage de Joséphine, la tête délicatement appuyée sur le bras gauche, le corps flexible épousant rochers et prairie, le regard perdu dans un romantique « ailleurs »…

Joséphine incarne l’impensable revanche de la vie sur l’ombre sinistre de la guillotine

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Gravitent autour de ce chef-d’œuvre présenté par le Musée du Luxembourg, des pièces peu nombreuses et judicieusement choisies (mobilier, bijoux, sculptures, robe…) attestant de son goût raffiné, de sa capacité de faire de l’Empire la vitrine des plus grands artistes, ébénistes, orfèvres… de son temps.
Mais Joséphine incarne aussi superbement l’impensable revanche de la vie sur l’ombre sinistre de la guillotine ! Voilà tout le propos de la délicieuse scénographie mise en place pour l’exposition consacrée à sa « passion des fleurs et des oiseaux ».

À côté de la statue « L’Amour lançant ses traits » de Jean-Pierre-Antoine Tassaert où elle aimait lire ces vers de Voltaire – « Il est, il fut ou il doit être
Quel que tu sois, voici ton maître »
– un gazouillis d’oiseaux accueille le visiteur.

Puis, étourdi par les délicates effluves, ici d’une composition d’ananas serrés dans une vasque d’argent, là de lilas passés ou de roses en bouquets, on admire dans une demi pénombre, vaisselle innombrable, planches de Redouté, nombreuse vues d’Auguste Garneray, bijoux et robe dont malheureusement un seul exemplaire nous est montré ( alors que la collection du Musée est tout simplement ahurissante).

On saisit alors combien le tempérament passionné de Joséphine a su trouver son plein épanouissement dans les réminiscences de son enfance créole, dans ses relations avec les plus grands savants de son époque dont l’extraordinaire Bonpland qu’elle traitait en égal, à travers la réalisation de cette forme de paradis sur terre que peut être un jardin aimé.

Bénédicte Palaux Simonnet

Pratique :

Exposition Joséphine
Musée du Luxembourg

19 rue de Vaugirard – Paris VI
Jusqu’au 29 juin 2014

Joséphine la passion des fleurs et des oiseaux
Jusqu’au 30 juin 2014
Musée national du château de Malmaison
Avenue du château de Malmaison
92500 Rueil-Malmaison

Château de la Petite Malmaison, emplacement de la serre chaude et charmant lieu à visiter en complément,
229 bis avenue Napoléon Bonaparte

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